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Mourir en migration, mourir par temps de crise : processus de deuil et (dé)placements des corps
Dying in migration, dying in times of crisis: mourning processes and (dis)placement of bodies
Revue « Études sur la mort », n°158
Issue 158 of “Études sur la Mort”
Publié le vendredi 15 octobre 2021
Résumé
Dans le cadre de l’élaboration d’un numéro thématique « Mourir en migration » de la revue Études sur la mort, nous vous faisons part de cet appel à article. Pour ce numéro spécial, nous traiterons la question de la mort en migration ou en exil, en particulier en temps de crise, à partir de plusieurs interrogations.
The economic, ecological, political and armed crises of the last few years have put a significant number of people on the path of migration and exile, with reception policies and perspectives that vary from one country to another. The occurrence of the COVID-19 pandemic is a new modality of crisis, this time sanitary, which affects mobility and the ways of living migration and exile. The different phases of confinement, border closures, and travel restrictions have shown how complex a journey between countries becomes in times of crisis, producing a displacement of both the living and the dead.
Annonce
Argumentaire
Les crises économiques, écologiques, politiques et armées des dernières années ont mis sur le chemin de la migration et de l’exil un nombre significatif de personnes, avec des politiques et des perspectives d’accueil qui varient d’un pays à l’autre. La survenue de la pandémie de COVID-19 est une nouvelle modalité de crise, sanitaire cette fois, qui affecte la mobilité et les manières de vivre la migration et l’exil. Les différentes phases de confinement, les fermetures de frontières, les restrictions de voyage, ont montré à quel point un trajet entre pays devient complexe par temps de crise en produisant un déplacement tant des vivants que des morts.
Pour ce numéro spécial de la revue Études sur la mort, nous traiterons la question de la mort en migration ou en exil, en particulier en temps de crise, à partir de plusieurs interrogations.
L’agonie ou la mort en migration soulèvent en effet la question du retour au pays d’origine, retour rêvé pendant la migration ou désir de passer la fin de sa vie au pays d’origine. Elles soulèvent également celle des pratiques funéraires, des rites associés et du lieu de sépulture. La place de la culture y reste centrale. Quels effets peut alors induire la pensée autour de sa propre mort sur l’expérience interculturelle d’une personne en migration ou en exil ?
Mourir en migration par temps de crise remet en cause le processus du deuil mais également les placements et déplacements des corps. Ce numéro spécial interroge aussi la place des corps morts en migration ou en exil afin de comprendre si leur destination (temporaire ou finale) constitue une entrave ou au contraire une forme de résilience dans l’expérience interculturelle des vivants qui restent.
Trois types de propositions de manuscrits s’inscrivent dans ce numéro spécial
1 - Le processus du deuil en migration par temps de crise
Les propositions pourront aborder l’expérience subjective de la perte d’un proche lorsque le contexte de migration et de crise ne permet pas de préparer la fin de sa vie et la finitude du corps. Les questions des pratiques funéraires, des rites associés et du lieu de sépulture du corps mort en migration seront abordées ici.
Comme toute autre crise, la crise sanitaire en lien avec la pandémie de la COVID-19 a affecté notre rapport à la mort, et soulève, en situation migratoire, un certain nombre de questions : comment penser les funérailles et les rites de la mort dans une période où la mobilité est réduite ? De quelle manière les processus du deuil sont-ils affectés par l’impossibilité d’assister aux funérailles ?
Les propositions d’articles pourront parallèlement analyser les facilitations du processus de deuil malgré un contexte de migration et de crise.
2 - Placements et déplacements des corps morts en migration par temps de crise : quelles incidences conséquences psychiques, sociales et culturelles de la place du corps sans vie ?
La mort peut survenir à tout moment du parcours migratoire. Si les corps vivants se déplacent, il en est de même pour les corps morts en migration. Quelles sont leurs trajectoires ?
Quels effets a la place du corps mort (inhumé, disparu, rapatrié...) sur les personnes et les groupes qui lui survivent ? Dans le contexte migratoire, le choix du placement du corps dans le pays d’accueil ou son rapatriement dans le pays d’origine intervient-il dans le développement identitaire, psychique, social ou culturel des descendants ?
Le placement ou le déplacement est-il vraiment un choix ? Comment est-il vécu par l’entourage qui a migré mais aussi par celui resté dans le pays d’origine ?
3 - Une politique de la mort pour les migrants et les personnes en situation d’exil ?
Quelle est l’incidence des politiques migratoires sur la subjectivité des acteurs et de leurs groupes d’appartenance par rapport à la mort ? Les propositions exploreront les liens possibles entre intentionnalité politique et mort en migration. La mort peut-elle être pensée lorsque les choix politiques s'inscrivent du côté de la criminalisation, de la persécution ou même de l'élimination des personnes en situation d’exil ? Au-delà, quelles analyses et observations peut-on faire de la société civile d’accueil au regard de ces politiques migratoires et de ces morts en migration ou en exil ?
Les propositions d’articles analyseront la mort dans sa matérialité induite par des politiques dissuasives mortifères marquées par des mouvements de projection, de clivage et de déni massifs. La mort sera aussi appréhendée en tant que construction mentale et réalité psychique dans lesquelles les personnes en situation d’exil se trouvent assignées en tant que « mortes-vivantes ». Les articles aborderont la peur de mourir en déportation lorsqu’on est placé en Centre de Rétention Administrative, le désir de mourir pour en finir après plusieurs jours d'errance ou de souffrance extrême, voire l'idée d'être déjà parmi les morts après des expériences de torture, de guerre ou de génocide… Certaines morts deviendraient-elles paradigmatiques des pratiques d’exclusion, de domination et de fragilisation extrêmes qui régissent le rapport du biopolitique au corps des exilés ?
Soumission des propositions
Toutes les propositions de manuscrits doivent être adressées par courriel
avant le 28 février 2022.
à marie-frederique.bacque@unistra.fr et rachid.oulahal@univ-reunion.fr
Calendrier
Septembre 2021 : appel à communication avec demande de manuscrits à soumettre
avant le 28 février 2022.
Le format de la proposition devra suivre les recommandations aux auteurs de la revue Études sur la mort.
- 1er mars 2022 : Retour des relectures aux auteurs
- 30 Août 2022 : date limite de remise des versions finales des articles
- Livraison éditeur le 15 octobre 2022
- Livraison au public en novembre 2022
Présentation de la revue
Études sur la Mort reçoit des articles thématiques mais peut aussi publier des articles tout venant. Ces articles concernent la mort et le mourir, que l’on regroupait auparavant sous le nom de thanatologie. Les études sur la mort sont typiquement transdisciplinaires. Les articles peuvent être sociologiques, anthropologiques, psychologiques, psychanalytiques, épidémiologiques, de médecine légale, économiques, environnementaux, philosophiques, religieux, etc. Notre discipline, les études sur la mort, reçoit tout article destiné à la revue Études sur la mort et l’adresse à son comité de rédaction pour un premier avis, puis à deux experts anonymes qui analysent l’article proposé en émettant leur avis à l’aide d’une grille de lecture imposée. Après corrections, l’article accepté est publié dans le prochain numéro ou le numéro thématique concerné. Les recommandations aux auteurs suivent les normes APA (voir fichier joint). Nous vous remercions de vous intéresser aux Études sur la Mort.
Coordination
- Marie-Frédérique Bacqué, SULISOM, Université de Strasbourg, Centre International des Études sur la Mort, rédactrice en chef d’Études sur la Mort
- Rachid Oulahal, DIRE, Université de La Réunion, affilié à l’Institut Convergences Migrations, coordinateur invité du numéro « Mourir en migration »
- Christina Alexopoulos de Girard, INALCO, Université d’Angers, Centre International des Études sur la Mort, membre du comité éditorial d’Études sur la Mort
- Gesine Sturm, LCPI, Université Toulouse Jean Jaurès, affiliée à l’Institut Convergences Migrations, coordinatrice invitée du numéro « Mourir en migration »
- Filipe Soto Galindo, LCPI, Université Toulouse Jean Jaurès, coordinateur invité du numéro « Mourir en migration »
Coordinators
- Marie-Frédérique Bacqué, SULISOM, University of Strasbourg, International Center for Death Studies, editor-in-chief of Études sur la Mort
- Rachid Oulahal, DIRE, University of La Reunion, French Collaborative Institute on Migration fellow, guest coordinator of the issue "Dying in Migration”
- Christina Alexopoulos de Girard, INALCO, University of Angers, International Center for Death Studies, member of the editorial board of Études sur la Mort
- Gesine Sturm, LCPI, University of Toulouse Jean Jaurès, French Collaborative Institute on Migration fellow, guest coordinator of the issue "Dying in migration”
- Filipe Soto Galindo, LCPI, University of Toulouse Jean Jaurès, guest coordinator of the issue
Argument
The economic, ecological, political and armed crises of the last few years have put a significant number of people on the path of migration and exile, with reception policies and perspectives that vary from one country to another. The occurrence of the COVID-19 pandemic is a new modality of crisis, this time sanitary, which affects mobility and the ways of living migration and exile. The different phases of confinement, border closures, and travel restrictions have shown how complex a journey between countries becomes in times of crisis, producing a displacement of both the living and the dead.
For this special issue of the journal Death Studies, we will address the question of death in migration or exile, particularly in times of crisis, from several points of view.
Agony or death in migration raises the question of the return to the country of origin, a return dreamed of during migration or the desire to spend the end of one's life in the country of origin. They also raise the question of funeral practices, associated rites, and the place of burial. The place of culture remains central. What effects can thinking about one's own death have on the intercultural experience of a person in migration or exile?
Dying in migration in times of crisis calls into question the process of mourning but also the placement and displacement of bodies. This special issue also questions the place of dead bodies in migration or exile in order to understand whether their destination (temporary or final) constitutes a hindrance or, on the contrary, a form of resilience in the intercultural experience of the living who remain.
Three types of manuscript proposals are included in this special issue
1-The process of mourning in migration in times of crisis
The proposals will address the subjective experience of the loss of a loved one when the context of migration and crisis does not allow for preparation for the end of life and the finitude of the body. The questions of funeral practices, associated rites, and the place of burial of the dead body in migration will be addressed here.
Like any other crisis, the health crisis linked to the COVID-19 pandemic has affected our relationship to death, and raises, in a migratory situation, a certain number of questions: how to think about funerals and death rites in a period of reduced mobility? How are mourning processes affected by the impossibility of attending funerals?
The proposals for articles could also analyze the facilitations of the mourning process despite a context of migration and crisis.
2-Placements and displacements of dead bodies in migration in times of crisis: what are the psychic, social and cultural consequences of the place of the lifeless body?
Death can occur at any moment of the migratory journey. If living bodies move, so do dead bodies in migration. What are their trajectories?
What effects does the place of the dead body (buried, disappeared, repatriated...) have on the people and groups that survive it? In the context of migration, does the choice of placement of the body in the host country or its repatriation to the country of origin intervene in the identity, psychic, social or cultural development of descendants?
Is the placement or displacement really a choice? How is it experienced by the family and friends who have migrated but also by those who have remained in the country of origin?
3-A policy of death for migrants and people in exile?
What is the impact of migration policies on the subjectivity of the actors and their groups of belonging in relation to death? The proposals will explore the possible links between political intentionality and death in migration. Can death be thought of when political choices are made on the side of criminalization, persecution or even elimination of people in exile? Beyond that, what analyses and observations can be made of the host civil society regarding to these migration policies and these morals?
The proposed articles will analyze death in its materiality induced by dissuasive mortifying policies marked by movements of projection, cleavage, and massive denial. Death will also be apprehended as a mental construction and psychic reality in which people in exile find themselves assigned as "living dead". The articles will address the fear of dying in deportation when one is placed in an Administrative Detention Center, the desire to die to get it over with after several days of wandering or extreme suffering, or even the idea of already being among the dead after experiences of torture, war, or genocide... Will certain deaths become paradigmatic of the practices of exclusion, domination and extreme fragility that govern the relationship of the biopolitical to the body of exiles?
Submission of proposals
All manuscript proposals should be emailed
by February 28, 2022
to bacque@unistra.fr and rachid.oulahal@univ-reunion.fr
Calendar
August 2021: call for papers with a request for manuscripts to be submitted
by February 28, 2022
The format of the proposal should follow the recommendations to authors of the journal Études sur la Mort. - March 1, 2022: Return of reviews to authors
- August 30, 2022: Deadline for submission of final versions of articles
- Delivery to publisher October 15, 2022
- Delivery to the public in November 2022
Presentation of the journal
Etudes sur la Mort receives thematic articles but can also publish articles of all kinds. These articles are about death and dying, previously grouped under the name thanatology. Death studies is typically transdisciplinary. Articles can be sociological, anthropological, psychological, psychoanalytical, epidemiological, forensic, economic, environmental, philosophical, religious, etc. Our discipline, Death Studies, receives all articles intended for the journal Études sur la Mort and sends them to its editorial board for a first opinion, then to two anonymous experts who analyze the proposed article by issuing their opinion using an imposed reading grid. After corrections, the accepted article is published in the next issue, or the thematic issue concerned. Recommendations to authors follow APA standards (see below). Thank you for your interest in Death Studies.
Catégories
- Psychisme (Catégorie principale)
- Sociétés > Études du politique > Sciences politiques
- Esprit et Langage > Pensée > Philosophie
- Esprit et Langage > Psychisme > Psychanalyse
- Sociétés > Ethnologie, anthropologie > Anthropologie culturelle
- Esprit et Langage > Psychisme > Psychologie
- Périodes > Époque contemporaine > XXIe siècle
- Sociétés > Sociologie > Âges de la vie
Dates
- lundi 28 février 2022
Fichiers attachés
Mots-clés
- mort, migration, psychologie
Contacts
- Rachid Oulahal
courriel : rachid [dot] oulahal [at] univ-reunion [dot] fr
URLS de référence
Source de l'information
- Rachid Oulahal
courriel : rachid [dot] oulahal [at] univ-reunion [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Mourir en migration, mourir par temps de crise : processus de deuil et (dé)placements des corps », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 15 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17ef