AccueilAmbivalence(s) des frontières

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Ambivalence(s) des frontières

The ambivalence(s) of borders

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Publié le mercredi 13 octobre 2021

Résumé

Ce colloque aura précisément pour objectif d’étudier la nature ambivalente des frontières, qui sont autant des points de contact que des obstacles (ce dont atteste l’origine militaire du mot, tiré du latin « frons », « frontis »), qui oscillent entre ouverture et fermeture, inclusion et exclusion. Il étudiera aussi l’évolution des perceptions et représentations entourant une notion complexe et multidimensionnelle, exprimée par la richesse sémantique de la terminologie (en anglais « frontier », « bounds », « boundary », « limits »…), dont l’usage reste parfois flou dans les sciences humaines et sociales. Les contributions pourront aussi effectuer une analyse critique de l’utilisation de cette notion par les sciences sociales qui, en la soustrayant à la dimension concrète qu’elle possède en géographie, opèrent souvent, à travers elle, « par analogie », « par glissement métaphorique », au risque d’une banalisation et d’un dévoiement scientifique.

Annonce

Argumentaire

Pour sa troisième édition, le CERII (Centre d’Études et de Recherches Interdisciplinaires sur l’Imaginaire), dirigé par Céline Bryon-Portet et co-dirigé par Georges Bertin, en partenariat avec les IM&E, la direction des Affaires culturelles de la ville d’Epinal et la Société d’ethnologie française, organise un colloque scientifique sur le thème « Ambivalences des frontières ».

Les frontières sont omniprésentes, dans nos vies comme dans nos sociétés, dont elles délimitent les territoires, précisent les identités et régulent les flux. Elles permettent de distinguer, de séparer, de définir, d’établir des contours et de déterminer des périmètres d’action. Extérieures ou intérieures, elles semblent donc consubstantielles à toute existence humaine.

À l’instar de la porte, telle qu’elle fut analysée par Georg Simmel, la frontière a cette double fonction de fermer et d’ouvrir, d’interdire le passage ou au contraire de l’autoriser, d’éloigner ou de réunir : « parce que l’homme est l’être de liaison qui doit toujours séparer, et qui ne peut relier sans avoir séparé – il nous faut d’abord concevoir en esprit comme une séparation l’existence indifférente de deux rives, pour les relier par un pont. Et l’homme est tout autant l’être-frontière qui n’a pas de frontière » (Simmel, 1988). C’est dire toute l’ambivalence dont la notion de frontière est investie. Une ambivalence qui se traduit également par les valeurs contradictoires qui lui sont attachées : considérées comme négatives ou positives, néfastes ou bénéfiques, honteuses ou protectrices, selon les situations, les individus, les pays et les époques, « en fonction des anxiétés collectives » (Fassin, 2012), les frontières sont tour à tour élevées et levées, encensées et critiquées.

Les sociétés modernes occidentales ont été progressivement tentées d’opérer un dépassement de toutes les frontières, matérielles et immatérielles, concrètes ou virtuelles, physiques ou symboliques. Le préfixe « trans » est d’ailleurs à la mode : transnational, transgenre, transidentité, transsexualité, transdisciplinarité, transhumanisme, transculturel… Selon Bruno Chaouat, le « désir TRANS » serait le propre de l’homme si l’on admet, aux côtés d’Albert Camus, que « l’homme est la seule créature qui refuse d’être ce qu’elle est » (Chaouat, 2019) ; un désir « TRANS » qui paraît s’être emballé au cours des dernières décennies… Au point que le transfrontiérisme se mue en sans-frontiérisme.

Pourtant, on n’a peut-être jamais autant parlé des frontières que depuis qu’on a prétendu vouloir les abolir. Ainsi, après avoir rêvé d’habiter, aux côtés de Marshall McLuhan, un « village planétaire », puis réalisé la libre circulation des personnes grâce à la création de l’espace Schengen, certains de nos concitoyens se sont insurgés – aux côtés de Régis Debray (2010) – contre le sans-frontiérisme. D’aucuns ont même bâti des murs entre les pays et aujourd’hui la pandémie de Covid-19 pousse les gouvernements à rétablir des contrôles aux frontières pour enrayer la propa- gation du virus.

La question du frontiérisme ne saurait se cantonner à une dimension spatiale : les débats autour de la laïcité, les études sur le genre, les communautarismes, l’antispécisme, la crise des identités sociales et culturelles, le posthumanisme, la promotion de la transdisciplinarité, sont autant de sujets qui interrogent les limites, les barrières, les territoires, la dialectique entre le dedans et le dehors, les marqueurs du même et de l’autre…

Ce colloque aura précisément pour objectif d’étudier la nature ambivalente des frontières, qui sont autant des points de contact que des obstacles (ce dont atteste l’origine militaire du mot, tiré du latin « frons », « frontis »), qui oscillent entre ouverture et fermeture, inclusion et exclusion. Il étudiera aussi l’évolution des perceptions et représentations entourant une notion complexe et multidimensionnelle, exprimée par la richesse sémantique de la terminologie (en anglais « frontier », « bounds », « boundary », « limits »…), dont l’usage reste parfois flou dans les sciences humaines et sociales. Les contributions pourront aussi effectuer une analyse critique de l’utilisation de cette notion par les sciences sociales qui, en la soustrayant à la dimension concrète qu’elle possède en géographie, opèrent souvent, à travers elle, « par analogie », « par glissement métaphorique », au risque d’une banalisation et d’un dévoiement scientifique (Mathieu et Rossel, 2019, p.6).

Interdisciplinaire, le colloque explorera trois axes principaux : frontières spatiales et matérielles ; frontières sociales et culturelles ; frontières symboliques et imaginaires

(voir l’appel à contributions complet)

Programme

Jeudi 14 octobre

  • 9h00 : accueil
  • 9h30 : ouverture du colloque : discours de Monsieur le Maire d’Epinal, de Stéphane Wieser, de Céline Bryon-Portet, de Jacques Oréfice ou Patrice Lhote
  • 10h00-10h50 : conférence introductive de Jean-Jacques Wunenburger professeur émérite, université Jean Moulin Lyon 3 président d’honneur du colloque « Symboliques des limites : entre murs et ponts ».
  • 10h50-11h25 : Céline Bryon-Portet, professeur des universités, université de Montpellier 3 « Les ambivalences de la franc-maçonnerie, entre clôtures et sans frontiérisme ».

11h25-11h40 : pause

  • 11h40-12h30 : conférence de Jean-Paul Willaime, directeur d’études émérite, EPHE « Le questionnement des frontières du religieux dans l’ultramodernité contemporaine »

12h30-13h45 : déjeuner

  • 13h45-14h35 : conférence de Bruno Chaouat, professeur des universités, université du Minnesota, USA « Après l’humain : gnose et transhumanisme ».
  • 14h35-15h05 : Lauric Guillaud professeur émérite, université d’Angers « Les Frontières barbares : ambiguïté des frontières dans l’histoire de l’Amérique du Nord (de la « Frontier » mythique aux « borders » politiques) »
  • 15h05-15h35 : Amilhat Szary, professeur des universités, université Grenoble Alpes « Proches ou lointaines ? Le COVID et la bonne distance des frontières »

15h35-15h50 : pause

  • 15h50-16h20 : Georges Bertin, directeur de recherches, HDR « Du ban et des marges aux frontières des banlieues, ambivalence de la centralité ».

Vendredi 15 octobre

9h00 : accueil

  • 9h30-10h00 : Irène Salas docteure, EHESS « À la frontière du corps : la césarienne et son imaginaire »
  • 10h00-10h30 : Pierre-Yves Halin doctorant, unversité Paris Sorbonne « Aux frontières de l’humain.e et de l’objet ? Explorations du concept de présence à l’aune de la poupée de compagnie »
  • 10h30-11h20 : conférence de Philippe Combessie professeur des universités, université Paris Nanterre « Pluripartenariats "éthiques", à l'aune de l’ambivalence des frontières entre l'amour et le désir sexuel ».

11h20-11h30 : pause

  • 11h30-12h00 : Audrey Higelin docteure et chercheuse, université Paris Nanterre « Le couple à l’épreuve de l’incarcération : de l’ambivalence des frontières de l’institution carcérale»
  • 12h00-12h30 : Olivia Smith-Medion, doctorante, EHESS, « Les Sourds, les interprètes et la langue des signes : une approche anthropologique de la construction des savoirs sur la langue des signes »

12h30-13h30 : déjeuner

  • 13h45-14h15 : Didier Ozil doctorant, université Montpellier 3 « E-learning et enseignement traditionnel : des frontières brouillées »
  • 14h15-15h05 : conférence d’Eric Macé professeur des universités, université de Bordeaux « La relativité des frontières à l’ère anthropocène »

15h05-15h20 : pause

  • 15h20-16h10 : conférence de Jean-Michel Besnier, professeur émérite, université Paris-Sorbonne « Aux frontières de l’humain augmenté : le posthumain »
  • 16h10-16h30 : discours de clôture (Jean-Jacques Wunenburger, puis Jacques Oréfice ou Stéphane Wieser)

Responsabilité scientifique

  • Directrice : Céline BRYON-PORTET
  • Co-directeur : Georges BERTIN

Comité d’organisation

  • Professeur Céline BRYON-PORTET
  • Docteur Jacques OREFICE, co-Président des IM&E, relations extérieures Patrice LHOTE, co-Président des IM&E, relations intérieures
  • Stéphane WIESER, directeur du Festival des Imaginales d’Epinal et directeur des Affaires culturelles de la Ville d’Épinal.

Président d’honneur

  • Jean-Jacques WUNENBURGER (Professeur émérite)

Comité scientifique

  • Georges BERTIN (Docteur et chercheur HDR)
  • Jean-Michel BESNIER (Professeur émérite, Université Paris-Sorbonne)
  • Christian BROMBERGER (Professeur émérite, Université d’Aix-Marseille)
  • Céline BRYON-PORTET (Professeur des universités à Montpellier, Société d’ethnologie française)
  • Bruno CHAOUAT (Professeur des universités, University of Minnesota – USA)
  • Yves CHEVALIER (Professeur émérite, Université de Bretagne Sud)
  • Florence DRAVET (Professeur émérite, Université catholique de Brasilia, Brésil)
  • Lauric GUILLAUD (Professeur émérite, Université  d’Angers)
  • Audrey HIGELIN (Docteure, Société d’ethnologie française)
  • Damien KARBOVNIK (Maître de conférences, Université de Strasbourg)
  • Bernard LAHIRE (Professeur des universités, Ecole normale supérieure de Lyon)
  • Yann LE BIHAN (Chercheur HDR, Société d’ethnologie française)
  • Véronique LIARD (professeur des universités, Université de Bourgogne)
  • Éric MACÉ (Professeur des universités, Université de Bordeaux)
  • Armand MATTELART (Professeur émérite, Université de Paris 8)
  • Anne MONJARET (Directrice de recherche CNRS, Société d’ethnologie française)
  • Emmanuelle SAVIGNAC (Maître de conférences  HDR, Université de Paris 3 Sorbonne)
  • Annamaria RUFINO (professeur des universités, Université de Naples – Luigi Vantivelli, Italie)

Partenariats

IM&E, Société d’ethnologie française (représentée par Dr Audrey HIGELIN)

Ville d'Epinal et Imaginales

Lieux

  • Hôtel de ville
    Épinal, France (88)

Format de l'événement

Événement uniquement en ligne


Dates

  • jeudi 14 octobre 2021
  • vendredi 15 octobre 2021

Mots-clés

  • frontière, ambivalence, spatial, transfrontiérisme

Contacts

  • Bryon-Portet Céline
    courriel : celine [dot] bryon-portet [at] univ-montp3 [dot] fr

Source de l'information

  • Bryon-Portet Céline
    courriel : celine [dot] bryon-portet [at] univ-montp3 [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Ambivalence(s) des frontières », Colloque, Calenda, Publié le mercredi 13 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17fq

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