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Les sens de la famille

The meaning of family

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Publié le mercredi 20 octobre 2021

Résumé

La journée d’étude intitulée « Les sens de la famille » a pour objectif d’interroger la place de la dimension sensorielle dans la construction et les expériences de la/des familles, à la fois du point de vue de l’individu et du groupe. Les sens permettent ainsi d’approcher les dimensions collectives et individuelles qui se jouent dans les rapports et les relations familiales, conjugales et intergénérationnelles. Ils renseignent sur les places, les rapports de force et les négociations. Si cette journée d’étude s’intéresse principalement à la famille, elle croise également une sociologie et une anthropologie du corps et du sensible.

Annonce

Argumentaire

Cette journée d’étude a pour objectif de s’interroger sur la place de la dimension sensorielle dans la construction et les expériences de la/des familles, à la fois du point de vue de l’individu et du groupe. L’individu éprouve son existence et le monde qui l’entoure par des résonances sensorielles (Le Breton, 2006 ; Le Breton, 2007). La famille est le premier lieu de ces vécus. Les cinq sens permettent une expérimentation sensible du monde et revêtent une place particulière dans les appréhensions qu’ont les individus de la dimension sociale de ce monde. Socialement façonnés, ces vécus sensoriels passent par les corps et les marquent. À ce titre, ils sont intimes et individuels. Ils constituent des expériences socialisatrices partagées qui construisent des manières d’être et de faire collectives. Ces résonances sensorielles enseignent sur les histoires personnelles et familiales et sont traversées par des appartenances d’âge, de culture, de génération, de genre, de milieu social, de race, etc.

Les sens et la famille dans la culture

Dans les romans ou au cinéma, sens et famille s’entrecroisent de longue date. Dans À la recherche du temps perdu (1906-1922), le goût d’une madeleine trempée dans un thé ramène Marcel Proust à « un instant ancien » empreint de souvenirs familiaux. Les dimanches matins avec sa tante Léonie, le petit pavillon de ses parents comptent parmi « tout ce qui a pris forme et solidité [...] » droit « sorti de [sa] tasse de thé ». Dans la majeure partie de son œuvre littéraire, Annie Ernaux donne une consistance plus sociale au corps et à ses sens qu’elle explore à l’aune de son histoire familiale. Fille de petits commerçants normands devenue femme de lettres, l’auteure associe le corps et « la honte » que lui inspire son milieu social d’origine. Dans son roman éponyme (1997), elle écrit à ce sujet : « Il était normal d’avoir honte, comme d’une conséquence inscrite dans le métier de mes parents, leurs difficultés d’argent, leur passé d’ouvriers, notre façon d’être. […]. La honte est devenue un mode de vie pour moi. À la limite je ne la percevais même plus, elle était dans le corps même » (Ernaux, 2011 [1997], p. 266). Plus récemment, c’est à travers l’odorat que le scénariste et réalisateur Bong Joon-ho a exploré les clivages sociaux inter-familiaux. Dans son film Parasite (2019), la puanteur est associée à la pauvreté de la famille Kim. Repoussoir pour les Park situés à l’autre extrême de l’échelle sociale, cette exploration olfactive de « l’odeur de la pauvreté » (Larrègue, 2019, p. 95) permet de donner à voir aux spectateurs « comment des gens différemment positionnés mobilisent la culture pour interpréter l’odeur, et comment ils utilisent l’odeur pour définir, distinguer et classer les autres en races et classes diverses » (Ibid. ; Cerulo, 2018).

Des travaux sur les sens dans les sciences humaines et sociales

Dans les sciences sociales, des travaux sur les sens ont été conduits. Certains font référence (Simmel, 1981 ; Le Breton, 2006 ; Lévi-Strauss, 2009). Marie-Luce Gélard (2016) fait un état des lieux de l’anthropologie sensorielle. Elle rappelle la distinction inspirée des travaux d’Aristote entre les « sens à distance » (la vue, l’odorat et l’ouïe) et les « sens de contact » (le goût et le toucher). Des historiens ont plus spécifiquement travaillé sur les univers sonores (Thuillier, 1977 ; Granger, 2014 ; Sterne, 2015) et sur les odeurs (Corbin, 1982). S’y sont aussi adonnés des anthropologues (Dulau, Cobbi, 2004 ; Dulau, 2005 ; Candau, Wathelet, 2011 ; Candau, 2016), des linguistes (Kleiber, Vuillaume, 2011) et des géographes (Dulau, Pitte, 1999). Par ailleurs, les hiérarchies sensorielles dépendent d’univers culturels spécifiques (Gélard, 2016) et peuvent être saisies et décrites sous les prismes du genre (Cosnier, 2001), des mondes professionnels (Quièvre, 2019) et du milieu social plus largement. À ce titre, rappelons le discours de Chirac en 1991 qui attachait aux beaux quartiers, le silence et aux quartiers populaires, le bruit et les odeurs (Charpy, 2020). Ces travaux rappellent tous le fait que les sens sont le produit d’une histoire sociale.

Les sens dans les travaux sur la famille

Dans les travaux des sciences sociales qui portent sur la famille, les sens peuvent être mobilisés dans les récits, ainsi que dans les expériences individuelles et familiales. En revanche, ils sont rarement appréhendés comme des objets de recherche spécifiques. Traqués dans certaines études, on les voit à l’œuvre dans la socialisation (Tran Ba Huy, 2000 ; Dupuy, Poulain, 2008). Ils s’expriment dans les rituels d’éveil liés aux cinq sens (Haicault, 1993) ou dans la constitution de mémoire familiale. Les sens se manifestent par le surgissement de sensations : les odeurs, les sons, le toucher, la vue et le goût peuvent se traduire à travers une anecdote, une plaisanterie coutumière, un objet, une photo, la voix de personnages familiers, le souvenir de leur corps, de leurs gestes, l’image d’un lieu de l’enfance, une recette de cuisine etc. (Muxel, 2002). Puisant dans l’enfance et dans l’adolescence, les résonances sensorielles continuent de marquer la vie adulte. Elles permettent d’approcher le lien à la famille par le sens et l’interprétation donnés à leurs différentes manifestations. Plus récemment, un numéro de Socio-anthropologie, « Bruits et chuchotements » dirigé par Christophe Granger et Anne Monjaret (2020) s’est intéressé au sonore de la vie privée et du monde domestique. Les deux chercheurs proposent une approche sociale « des bruits de l’intimité, ou plus exactement sur les “sonorités de l’ordinaire” en tant qu’elles sont constitutives des relations sociales quotidiennes » (p. 13). Les sons, en participant à la spécialisation de temps et d’espaces dévolus à certaines activités (dormir, lire, prier, etc.), interviennent dans le façonnement social du monde domestique. Les sonorités agréables ou désagréables procèdent d’une socialisation primaire et secondaire. Elles sont des catégories de perception et d’appréciation mises en œuvre quand il s’agit de donner du sens aux activités sociales. Les sens peuvent également permettre d’appréhender certains aspects des relations familiales. Par exemple, la proxémie sonore dit des relations entre les parents et leurs enfants (Ramos, 2021), entre les conjoints (Vanneau, 2020) et entre frères et sœurs.

Les cinq sens que sont l’odorat (les odeurs des lieux de vie, d’objets, alimentaires, des corps en lien avec l’hygiène, la maladie, la mort…) ; la vue (l’observation des proches faire la cuisine, de paysages, des ambiances colorées…) ; l’ouïe (des musiques, des sons de la maison qui peuvent être familiers ou pas, des bribes de conversations, des accents...) ; le (dé)goût (la recette d’une grand-mère…) ; le toucher (le peau à peau, l’allaitement, le contact des animaux domestiques…) peuvent être convoqués. Ce sont des révélateurs précieux de la vie familiale appréhendée :

  •   par les activités domestiques (la cuisine, l’ambiance de la maison) réalisées dans les lieux de vie, le logement mais également dans les espaces extérieurs attenants au domicile ;
  •   par des événements (des fêtes, des rituels d’anniversaire, des naissances, des décès, des disputes entre conjoints ou entre parents et enfants, des ruptures...) ;
  •   par des lieux différents du logement associés à des souvenirs et des sensations (les lieux de vacances, les lieux de promenade, les espaces dans lesquels l’individu a séjourné comme l’hôpital, les Maisons d’enfants à caractère social [MECS]…).

Les sens permettent ainsi d’approcher les dimensions collectives et individuelles qui se jouent dans les rapports et les relations familiales, conjugales et intergénérationnelles. Ils renseignent sur les places, les rapports de force et les négociations. Si cette journée d’étude s’intéresse principalement à la famille, elle croise également une sociologie et une anthropologie du corps et du sensible.

Seront questionnés les sens de la famille à partir de trois axes :

  1. Les sens dans la construction du groupe familial
  2. Les sens dans les mémoires de la famille et de ses membres
  3. Les classements intra et inter-familiaux par les sens : penser les rapports d’âge, de culture, de génération, de genre, de milieu social et de race

Axe 1 : Les sens dans la construction du groupe familial

Que révèlent les sens de la construction du faire famille, de la construction du nous ? De ses habitudes ? Le quotidien peut être marqué par des bruits familiers reconnus par l’ensemble des membres du groupe et ce, dès la petite enfance. Les « bruits blancs » sont utilisés pour calmer les nourrissons mais aussi les adultes et finissent par caractériser une routine sonore. Que laissent entrevoir les sens des normes de la famille ? Comment les injonctions éducatives parentales (« Fais moins de bruit ! » par exemple) construisent des manières de faire et d’être partagées ? Comment dans le couple peuvent se confronter des socialisations différentes perçues par les sens ? Comment se joue la familiarité ou l’étrangéité, la différenciation ou l’appartenance ? Quand les sens d’un membre de la famille sont mis à mal (l’ouïe, la vue, le toucher), comment s’organise le quotidien familial ? Nous pensons par exemple aux familles dont un parent[1] ou un enfant est déficient visuel, malentendant, porteur d’un handicap moteur etc. Comment faire du nous quand le langage n’est pas sonore, n’est plus audible ?

Axe 2 : Les sens dans les mémoires de la famille et de ses membres

Comment les sens réactivent des bribes de l’enfance, de l’adolescence ou plus largement des expériences familiales passées ? Comment les sens nous ramènent-ils au moment présent, (ré)activent la mémoire des corps par la présence de rides, de cicatrices que nous sentons et/ou que nous voyons ? Qu’enseignent ces souvenirs sensoriels des relations familiales, conjugales, intergénérationnelles, fraternelles ou sororales ? Quelle place prennent-ils dans l’histoire familiale et individuelle ? Comment sont-ils mobilisés dans la transmission et avec quels enjeux ?

Axe 3 : Les classements intra et inter-familiaux par les sens : penser les rapports d’âge, de culture, de genre, de milieu social et de race

Que révèlent les sens des âges ? Des cultures ? Des milieux sociaux ? Des genres ? Les plus jeunes seraient-ils plus bruyants que les plus âgés ? Les filles seraient-elles plus silencieuses que les garçons ? Les bébés, les adolescents, les personnes âgées auraient-ils des odeurs spécifiques ? Quelles implications auraient ces aspects sensoriels dans les rapports au sein d’une même famille ou entre les familles ? Quelles tensions peuvent-ils incarner ? Comment les sens participent-ils à l’édification d’appartenances ? Comment s’engagent-ils dans les interactions intra ou inter-familiales ?

Dates

Cette journée d’étude de l’axe « Famille, Individualisation, Institutions » du centre de recherches sur les liens sociaux (CERLIS) aura lieu le vendredi 10 juin 2022 dans l'amphithéâtre Durkheim en Sorbonne (Paris).

Modalités de soumission des propositions de communication

Les propositions de communication pour cette journée d’étude sont à adresser avant le 15 décembre 2021 à je.sensdelafamille@gmail.com sous la forme d’un titre et d’un résumé (2000 signes environ).

Comité scientifique

  • Joël Candau (anthropologue, professeur des universités, université de Nice Sophia Antipolis, LAPCOS)
  • Séverine Dessajan (socio-anthropologue, ingénieure d’études, université de Paris, CERLIS)
  • Christophe Giraud (sociologue, professeur des universités, université de Paris, CERLIS)
  • Christophe Granger (historien, maître de conférences, université Paris-Saclay, CIAMS, HDR)
  • Anne Monjaret (ethnologue, directrice de recherche, EHESS, CNRS)
  • Anne Muxel (sociologue et politologue, directrice de recherche, Sciences Po, CEVIPOF)
  • Jean-Pierre Poulain (sociologue, professeur des universités, université Toulouse Jean Jaurès, CERTOP)
  • François de Singly (sociologue, professeur des universités émérite, université de Paris, CERLIS)

Note

[1] Voir les travaux de Marion Doé qui portent sur la « parentalité aveugle ».

Bibliographie

Candau J. (2016), « L’anthropologie des odeurs : un état des lieux », Bulletin d’études orientales, n° 64, p. 43-61.

Candau J. et Wathelet O. (2011), « Les catégories d’odeurs en sont-elles vraiment ? », Langages, n° 181, p. 37-52.

Cerulo K. (2018), « Scents and Sensibility : Olfaction, Sense-Making, and Meaning Attribution », American Sociological Review, vol. 83, n° 2, p. 361-389.

Charpy M. (2020), « Silence intérieur et machineries de la communication au XIXe siècle », Socio-anthropologie [En ligne], 41 |mis en ligne le 25 juin 2020, consulté le 23 juillet 2021.

Chirac J. (1991), Discours d’Orléans, dîner-débat du RPR, 19 juin 1991 : « Chirac et l’immigration : « Le bruit et l’odeur », A2, Le Journal de 13 heures. En ligne

Cobbi J. et Dulau R. (2004), Sentir. Pour une anthropologie des odeurs, Paris, L’Harmattan.

Corbin A. (1982), Le Miasme et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire social aux XVIIIe et XIXe siècles, Paris, Aubier.

Cosnier C. (2001), Le silence des filles. De l’aiguille à la plume, Paris, Fayard.

Dulau R. (2005), « La mesure des odeurs. Du matériel à l’immatériel », in Paquot T., Géométrie, mesure du monde, Paris, La Découverte, p. 217-231.

Dulau R. et Pitte J-R. (1998), Géographie des odeurs entre économie et culture, Paris, L’Harmattan.

Dupuy A. et Poulain J-P. (2008), « Le plaisir dans la socialisation alimentaire », Enfance, vol. 60, p. 261-270.

Ernaux A. (2011), Écrire la vie, Paris, Gallimard, p. 213-267.

Gélard M-L. (2016), « L’anthropologie sensorielle en France », L’Homme [En ligne], 217 | mis en ligne le 24 février 2018, consulté le 25 août 2021.

Granger C. (2014), « Le coq et le klaxon, ou la France à la découverte du bruit (1945-1975) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 123, p. 85-100

Granger C. et Monjaret A. (2020), « Bruits et chuchotements », Socio-anthropologie [En ligne], 41 | mis en ligne le 25 juin 2020, consulté le 30 janvier 2021.

Haicault M. (1993), « Les rituels familiaux comme pratiques de socialisation », Revue de l’Institut de Sociologie, Université Libre de Bruxelles, Varia 1-4, p. 277-292.

Kleiber G. et Vuillaume M. (2011), « Pour une linguistique des odeurs : présentation », Langages, n° 181, p. 3-15.

Larrègue J. (2019), « Reproduction sociale et violence symbolique dans Parasite de Bong Joon-Ho », Savoir/Agir, n° 50, p. 91-101.

Le Breton D. (2006), La saveur du monde. Une anthropologie des sens, Paris, Éditions Métailié.

Le Breton D. (2007), « Pour une anthropologie des sens », VST - Vie sociale et traitements, n° 96, p. 45-53.

Mongin O. (2011), « Les paysages de Claude Lévi-Strauss. Une pensée du sensible », Esprit, n° 8, p. 49-64.

Muxel A. (2002), Individu et mémoire familiale, Paris, Nathan.

Proust M. (n.d), À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard.

Quièvre A. (2019), « Les espaces politiques du paysage sonore. Écouter les grèves minières au 19e siècle », in Mehl V. et Péaud L. (dir.), Paysages sensoriels. Approches pluridisciplinaires, Rennes, Presses universitaires de Rennes, p. 87-97.

Ramos E. et BERTRAND J. (2021), Le chez-soi des 6-13 ans. Trouver son identité et sa place au prisme de l’ambiance sonore domestique, Rapport de recherche, LMS, 132 p.

Simmel G. (1981), « Essai sur la sociologie des sens », in Simmel G., Sociologie et épistémologie, Paris, PUF.

Sterne J. (2015), Une histoire de la modernité sonore, Paris, La Découverte.

Levi-Strauss C. (2009), L’Homme nu, (Mythologiques 4), Paris, Plon, 1ère éd., 1971.

Thuillier G. (1977), Pour une histoire du quotidien au XIXe siècle en Nivernais, Paris, École des Hautes-Études en sciences sociales.

Tran Ba Huy P. (2000), « Odorat et histoire sociale », Communication et langages, n° 126, p. 85-107.

Vanneau V. (2020), « « Hé ! Nénesse ! (…) t’entends pas, dans la turne à côté ? » », Socio-anthropologie [En ligne], 41 | mis en ligne le 25 juin 2020, consulté le 23 juillet 2021.

Comité d’organisation (CERLIS) :

Elsa Ramos (Maîtresse de conférences en sociologie HDR, Université de Paris, CERLIS)

Anaïs Mary (Doctorante en sociologie, Université de Paris, CERLIS)

Camille Roudaut (Doctorante en sociologie, Université de Paris, CERLIS)

Juliette Guidon (Doctorante en sociologie, Université de Paris, CERLIS)

Elphège Amossé (Diplômée d’un master en sociologie, Université de Paris)

Lieux

  • Sorbonne, Amphithéâtre Durkheim - 1 rue Victor Cousin
    Paris, France (75005)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • mercredi 15 décembre 2021

Mots-clés

  • famille, mémoire, relation, sens, sociologie

Contacts

  • Anaïs Mary
    courriel : anais [dot] mary [at] hotmail [dot] fr
  • Comité d'organisation JE
    courriel : je [dot] sensdelafamille [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Anaïs Mary
    courriel : anais [dot] mary [at] hotmail [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les sens de la famille », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 20 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17gf

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