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Que reste-t-il de l’histoire religieuse ?
Bilan et perspectives pour l’historiographie de la religion à l’époque moderne
Publié le mardi 26 octobre 2021
Résumé
Comment aborder aujourd’hui le fait religieux des XVIe-XVIIIe siècle lorsque le rapport parfois intime des historien·ne·s à la foi a profondément changé depuis le XXe siècle ? Comment intégrer efficacement l’objet religieux à des recherches qui ne s’y intéressent pas forcément en priorité ? Comment l’aborder « de biais », ou comment le faire dialoguer avec d’autres champs historiographiques ou d’autres sciences sociales ? Le colloque est prioritairement pensé pour les jeunes chercheur·se·s mais toutes les contributions sont les bienvenues.
Annonce
Argumentaire
Comment aborder aujourd’hui le fait religieux des XVIe-XVIIIe siècles lorsque le rapport parfois intime des historien·ne·s à la foi a profondément changé depuis le XXe siècle ? Comment intégrer efficacement l’objet religieux à des recherches qui ne s’y intéressent pas forcément en priorité ? Comment l’aborder « de biais », ou comment le faire dialoguer avec d’autres champs historiographiques ou d’autres sciences sociales ?
Depuis la célèbre « question mal posée » de Lucien Febvre en 1929, jusqu’aux 14 tomes de l’Histoire du christianisme des origines à nos jours publiée chez Desclée entre 1992 et 2001, l’histoire religieuse s’était imposée comme une des disciplines reines de l’historiographie française, de l’Antiquité au XXe siècle. Elle avait su dépasser l’histoire ecclésiastique du XIXe siècle, en faisant du fait religieux un objet scientifique et déconfessionnalisé. Elle accompagnait, sur le plan intellectuel, l’entrée de l’Église catholique dans ce qu’il est convenu d’appeler la modernité. Par ailleurs, le maintien d’une réelle culture religieuse dans la majorité de la population française garantissait l’existence d’un « grand public cultivé » intéressé à ces recherches.
En notre XXIe siècle, qu’on qualifie parfois d’époque de la « sainte ignorance » (O. Roy), il est incontestable que l’histoire religieuse a perdu de sa centralité. On étudie de moins en moins la vie religieuse pour elle-même. Pourtant, l’objet religieux résiste, et les modernistes le rencontrent plus que jamais de manière au moins périphérique dans leurs recherches. Plutôt qu’effacement, il y a fragmentation, reconfiguration, et déplacement de la question religieuse dans l’écriture de l’histoire.
Lointain prolongement de l’école des Annales, l’histoire culturelle et des représentations, bien qu’elle approche des problèmes d’abord profanes, en revient souvent à l’omniprésence du référent religieux dans les manières de penser et de sentir de l’époque moderne. L’histoire transnationale voit également la question réapparaître sans cesse, qu’elle se penche sur l’échange de biens matériels ou le transfert de représentations culturelles. L’histoire matérielle redécouvre l’importance et la quotidienneté de l’objet religieux. L’histoire du genre interroge à nouveaux frais les conceptions et les pratiques religieuses. Celles-ci sont aussi retrouvées par l’histoire politique comme des affaires sérieuses. Au-delà de la discipline historique, l’anthropologie, la sociologie mais aussi les sciences cognitives reprennent le dossier en dialoguant avec les travaux des historiens. La recherche étrangère n’est pas en reste, comme en témoigne la vogue dans l’historiographie anglophone du concept de lived religion, traduction de notre bonne vieille « religion vécue ». Enfin, auprès du grand public, auquel on avait prophétisé son effacement, le fait religieux jouit d’un intérêt nouveau, alimenté par les débats qui traversent notre société. Dans cette double dynamique de déprise et à la fois de rémanence, l’histoire de la (ou des) religion(s) est amenée à se réinventer.
Que reste-t-il donc de l’histoire religieuse ? Qu’est-ce qui passe, qu’est-ce qui se maintient, qu’est-ce qui naît ? Quelles sont les nouvelles manières pour l’historien, dans le contexte et selon les méthodes qui sont les siens, de rencontrer et d’écrire l’histoire du fait religieux ? Lesquels de ses vieux fantômes a-t-on exorcisés, et sous quels nouveaux habits se présente-t-il ? Telles sont les questions auxquelles le présent colloque se propose de répondre, en rassemblant les contributions de chercheurs d’horizons variés, qu’ils soient spécialisés en histoire religieuse ou qu’ils rencontrent le fait religieux de l’époque moderne en l’approchant de biais. Les perspectives transdisciplinaires sont les bienvenues, tout comme les communications de la part de jeunes chercheuses et chercheurs. Les échanges auront lieu à la Sorbonne, les 6 et 7 mai 2022, en Salle des Actes.
Axes thématiques
Les communications pourront par exemple s’insérer dans l’un des axes transversaux suivants, non contraignants et non exclusifs :
- Fait religieux, pouvoirs et légitimation
- Matérialités du religieux
- Espaces et échelles du religieux
- Le religieux et les sciences sociales
- Savoirs du religieux
Modalités de soumission
Les propositions de communications sont à envoyer jusqu’au 15 janvier 2022 au format de 4000 signes maximum, espaces compris, à l’adresse suivante : histoirereligieuse2022@gmail.com
Le colloque est prioritairement pensé pour les jeunes chercheur·se·s mais toutes les contributions sont les bienvenues. La prise en charge des frais de transport et d’hébergement se fera en fonction de la distance et de la précarité.
Le programme du colloque sera diffusé au mois de février 2022. Les communications retenues pourront faire l’objet d’une publication.
Organisation
- Ladislas Latoch (Sorbonne Université),
- Emmanuel Phatthanasinh (Université de Lorraine),
- Jean-Benoît Poulle (Sorbonne Université),
- Pierre Salvadori (Sorbonne Université)
Comité scientifique
- Marion Deschamp (Université de Lorraine),
- Marie Lezowski (Université d’Angers),
- Nicolas Richard (Sorbonne Université),
- Benoît Schmitz (Lycée Fustel de Coulanges, classes préparatoires),
- Jean Sénié (Université de Tours),
- Hélène Vu Thanh (Université Bretagne-Sud)
Comité de parrainage
- Charlotte de Castelnau-L’Estoile (Université de Paris),
- Olivier Chaline (Sorbonne Université),
- Stefano Simiz (Université de Lorraine),
- Alain Tallon (Sorbonne Université)
Catégories
- Histoire (Catégorie principale)
- Esprit et Langage > Représentations > Histoire culturelle
- Esprit et Langage > Religions > Histoire des religions
- Périodes > Époque moderne
- Sociétés > Ethnologie, anthropologie > Anthropologie religieuse
- Esprit et Langage > Épistémologie et méthodes > Historiographie
- Esprit et Langage > Épistémologie et méthodes > Humanités numériques
Format de l'événement
Événement uniquement sur site
Dates
- samedi 15 janvier 2022
Fichiers attachés
Mots-clés
- fait religieux, historiographie, sciences sociales, histoire moderne, époque moderne, modernité, Renaissance, XVIe siècle, XVIIIe siècle
Contacts
- Pierre Salvadori
courriel : pierre [dot] ange [dot] salvadori [at] gmail [dot] com
Source de l'information
- Pierre Salvadori
courriel : pierre [dot] ange [dot] salvadori [at] gmail [dot] com
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Que reste-t-il de l’histoire religieuse ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 26 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17hu