AccueilVerres émaillés et dorés de la Renaissance

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Publié le mardi 26 octobre 2021

Résumé

À la suite de l’exposition Émailler le verre à la Renaissance. Sur les traces des artistes verriers, entre Venise et France, le colloque s’intéresse aux questions soulevées par l’impact de la production de verres émaillés et dorés vénitiens sur les productions verrières européennes à la Renaissance. Dans un souci de pluridisciplinarité, il s’adresse aux étudiants, chercheurs, conservateurs, historiens, historiens de l’art, archéologues, ingénieurs en science du patrimoine travaillant sur les archives, les productions, les artistes, les matières premières, les techniques en lien avec les verreries européennes de la Renaissance et de l’époque moderne plus généralement.  

Annonce

Argumentaire

Vecteur majeur de l’essor de la verrerie de Murano dans la seconde moitié du XVe siècle, les verres émaillés et dorés intriguent les historiens de l’art autant qu’ils ont fasciné les cours européennes de la Renaissance. Leur succès participe de l’apparition dans le reste de l’Europe d’ateliers travaillant à la façon de Venise, expression dont les archives se font l’écho et qui recouvre une réalité particulièrement complexe étant donné l’aire géographique et la chronologie en jeu. Elle désigne des verres imitant les produits vénitiens qui auraient été fabriqués en dehors de Venise, aussi bien par des verriers vénitiens travaillant à l’étranger que par tout autre verrier, italien ou non, utilisant les recettes et suivant la mode vénitienne. Les documents d’archives témoignent de la dispersion précoce, dès les années 1470, des verriers italiens contribuant à diffuser les recettes et les pratiques vénitiennes, en dépit de l’interdiction faite aux artisans de Murano d’exporter leur savoir-faire sous peine de lourdes sanctions. En Italie même, les verreries sont nombreuses aux XVe et XVIe siècles, en Toscane ou en Ligurie. Certaines régions européennes ont, par ailleurs, une riche tradition verrière, comme la Catalogne, où les archives attestent l’importance d’une production précoce de verres émaillés, et les régions germaniques, telles que le Tyrol où l’émaillage des verres est attesté à partir des années 1530. Mais l’impossibilité de faire correspondre archives et objets conservés soulève la question de la validité de la notion de façon de Venise concernant les verres émaillés et dorés. Quels modèles copieraient les verriers travaillant à la façon de Venise, en Italie et en Europe, vers 1500 ? Un verre émaillé et doré à la façon de Venise imitant parfaitement la forme et le style d’un produit vénitien serait-il possible à détecter ?

À ces questionnements complexes sur l’origine des verres émaillés et dorés s’ajoute un dernier paramètre : l’engouement, au XIXe siècle, pour ces œuvres se traduit par la fabrication de pièces historicistes et de faux. Des doutes pèsent ainsi sur l’authenticité de certaines pièces ou certains groupes de pièces qui se distinguent, parfois dans la forme, plus souvent dans les détails techniques ou décoratifs, de ce que les historiens de l’art attribuent à Venise.

Pour chercher à répondre aux questions d’attribution et de datation, qui ne cessent d’interroger la communauté scientifique depuis des décennies, les historiens du verre se sont tournés vers la science. Dans ce but, le projet de recherche Cristallo, soutenu par la fondation des sciences du patrimoine, associant le musée du Louvre, le C2RMF, le musée national de la Renaissance et un certain nombre d’établissements et de chercheurs européens, a cherché à valider les résultats croisés de l’histoire de l’art et de la science. De 2009 à 2021 plusieurs campagnes d’analyse ont concerné un total de 90 verres émaillés et dorés. Qu’il s’agisse d’objets complets ou de fragments archéologiques, de pièces entrées dans les collections publiques sans mention de provenance ou d’œuvres de référence, attestées par les archives ou l’archéologie, elles sont, pour la plupart, considérées par l’historiographie traditionnelle comme des productions vénitiennes de la Renaissance. Présentés dans des publications scientifiques et dans le catalogue de l’exposition Émailler le verre À la Renaissance. Sur les traces des artistes verriers, entre Venise et France, les résultats des analyses ont permis de mieux définir les caractéristiques des recettes vénitiennes de la Renaissance et de découvrir notamment celles des émaux, qui n’avaient été étudiés jusqu’alors que sur quelques œuvres du Metropolitan Museum of Art, mais aussi de mettre en évidence une variété inattendue de compositions. Presque à part égale, les œuvres analysées se partagent entre, d’un côté les compositions compatibles avec les recettes vénitiennes, telles que définies à partir des livres de recettes et des bases de données sur les verres vénitiens non émaillés ou des objets de référence ; de l’autre, des compositions du verre-support ou des émaux, voire des deux, qui se distinguent à divers titres des recettes vénitiennes, tout en s’inscrivant par leur composition sodocalcique dans la tradition verrière « méditerranéenne ». Les difficultés d’interprétation de ces résultats hétérogènes s’expliquent par le manque de données comparatives sur des productions de verres européens de la Renaissance au XIXe siècle et par la complexité des phénomènes de mobilité des hommes et de transferts technologiques en jeu à la Renaissance, sans compter les incertitudes quant à la production ultérieure de faux. En l’absence de mention archivistique précise ni de découvertes archéologiques en contexte de production concernant la nature des verres émaillés et dorés à la façon de Venise, il reste en l’état actuel de nos connaissances impossible de définir l’origine géographique ou la datation de ces productions a priori non vénitiennes.

Axes thématiques

Si le projet de recherche Cristallo et l’exposition qui le concrétise n’apportent pas toujours de réponse définitive, ils posent en revanche des questions qui ouvrent sur de nouvelles perspectives. L’objectif de ce colloque est d’explorer ces nouvelles pistes. Les contributions pourront apporter des éléments inédits sur le sujet de l’impact de la production de verres émaillés et dorés vénitiens sur les productions verrières européennes à la Renaissance, selon deux axes principaux :

du côté des ateliers et de la production :

  • les matériaux et matières premières (livres de recettes, sources et réseaux d’approvisionnement des matières premières, apparition et usage du plomb dans le verre-support…)
  • les techniques (livres de recettes, décors d’émaillage et de dorure…)
  • le partage du travail dans les ateliers (verrier, main-d’œuvre, décorateur, émailleur),
  • les verriers et les décorateurs (formation, circulation, en Europe aux XVe et XVIe siècles, implantation d’ateliers travaillant à la façon de Venise)
  • les influences et transferts technologiques entre les verreries vénitiennes et les autres centres verriers italiens et européens
  • le rôle des investisseurs/protecteurs et leurs intérêts dans le développement d’un marché local influencé par Venise
  • les œuvres elles-mêmes, la question de la persistance des formes et des décors au-delà du XVIe siècle (style et modèles iconographiques), la problématique des verres destinés à l’exportation depuis Venise ou produits localement, les réseaux de commercialisation…

du côté de la clientèle :

  • l’usage dans les documents d’archives, au niveau européen, des occurrences façon de Venise, verre cristallin… ou au contraire leur absence significative dans certains contextes, l’évocation du goût pour le verre vénitien et à la façon de Venisechez les élites européennes de la Renaissance
  • le goût et les usages des verres (à table, dans les collections d’objets artistiques, liturgique…), à travers les archives, les tableaux…
  • la question de la copie dans le domaine du verre européen à l’époque moderne, de l’hypothèse des revivalsentendus comme phénomènes de renaissance ultérieure d’un style artistique, jusqu’à l’apparition des faux.

Modalités de candidature

Les propositions, sous la forme d’un résumé (1500 signes maximum espaces compris, avec une note biographique ou un CV), en français, anglais ou italien, sont à adresser avant le 10 décembre 2021 à l’adresse suivante : emaillerleverre@gmail.com

Informations pratiques

Le colloque sera intégralement en visioconférence.

Les langues en usage dans le colloque seront le français, l’italien et l’anglais.

Pour toute question relative au colloque, merci de contacter : emaillerleverre@gmail.com

Calendrier

  • Publication de l’appel à communications : 20 octobre 2021.
  • Date limite de soumission des candidatures : 10 décembre 2021.
  • Réponse aux propositions : 20 décembre 2021.
  • Colloque en visioconférence : 22-23 mars 2022.
  • Remise des textes : juin 2022.
  • La publication des actes est prévue dans la revue numérique (en ligne) du musée du Louvre en 2023.

Organisation

Comité scientifique

  • Françoise Barbe,
  • Rosa Barovier Mentasti,
  • Erwin Baumgartner,
  • Isabelle Biron,
  • Aurélie Gerbier,
  • Suzanne Higgott,
  • Reino Liefkes,
  • Jean-Luc Olivié,
  • Cristina Tonini,
  • Marco Verità.

Insitutions

  • musée national de la Renaissance - Château d'Ecouen,
  • musée du Louvre,
  • centre de recherche et de restauration des musées de France.

Le projet de recherche Cristallo a bénéficié du soutien de l’école universitaire de recherche Paris Seine Humanités, Création, patrimoine, investissement d’avenir ANR-17-EURE-0021 – fondation des sciences du patrimoine.

Format de l'événement

Événement uniquement en ligne


Dates

  • vendredi 10 décembre 2021

Mots-clés

  • verre, émail, renaissance, Venise, façon de Venise, circulation, recette, transfert technologique

Contacts

  • Françoise Barbe
    courriel : francoise [dot] barbe [at] louvre [dot] fr

Source de l'information

  • Françoise Barbe
    courriel : francoise [dot] barbe [at] louvre [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Verres émaillés et dorés de la Renaissance », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 26 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17i6

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