AccueilDu bâti au chez-soi. La relation architecte - habitant dans l’appropriation et la transformation de l’habitat

AccueilDu bâti au chez-soi. La relation architecte - habitant dans l’appropriation et la transformation de l’habitat

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Publié le mardi 26 octobre 2021

Résumé

Cette journée doctorale a pour objectif de rassembler des jeunes chercheurs, venus d’horizons multiples, autour de la question de l’appropriation et de la transformation d’un habitat qui soit issu d’une démarche architecturale. Au cours de cette journée, nous souhaitons ainsi explorer les multiples facettes de ce dialogue qui se créé autour de la forme, dans son vécu contemporain, entre l’architecte et l’habitant. Mêlant à la fois des pratiques,des usages, mais aussi des représentations et attentes variées, nous souhaitons explorer ensemble plusieurs configurations où l’appropriation témoigne d’une expérience singulière d’un habitat imaginé par les architectes.

Annonce

Journée d’étude doctorale du laboratoire GRIEF (ENSA Bretagne)

Argumentaire

Depuis longtemps l’habiter et l’habitat s’inscrivent comme des sujets phares au sein de la recherche et s’étudient transversalement de façon multidisciplinaire. Ces thématiques peuvent en effet apparaître comme inépuisables tant elles semblent proposer des questionnements et problématiques de pertinence indéniable pour la société quand il s’agit de refléter son évolution contemporaine. Certains spécialistes mettent ainsi en avant une relation dialectique : si l’habitat est une étape à la « construction de soi » (Serfaty-Garzon, 2003 ; Eleb, 1980), l’habitant participe à « former » son habitat par des processus de conception, de construction et d’appropriation. Qu’il soit savant ou vernaculaire, ce parcours sera surtout empreint de définitions, de représentations, de projections et d’attentes multiples. 

Alors que le rôle de l’architecte dans la vie du bâti s’avère généralement éphémère et que les « (re)présentations architecturales » des édifices s’interrompent souvent à partir de la livraison ou « remise des clés », nous considérons que c’est pourtant à partir de cette étape que commence la longue et véritable aventure de leur habitat, laissé entre les mains et les aspirations des habitants. Nous souhaitons, lors de cette rencontre, nous interroger particulièrement sur l’appropriation d’un « chez-soi » qui soit issu d’une démarche architecturale « savante » et sur les différentes représentations de cette appropriation, selon une perspective multidisciplinaire et transversale qui peut être architecturale, littéraire, artistique, sociologique, critique ou anthropologique. En effet, si la notion d’appropriation est particulièrement explorée autour de la « désacralisation » de l’architecture depuis les années 1960, nous pouvons aussi l’envisager comme une étape fondamentale de « l'œuvre » architecturale dont les formes et typologies d’habitat singulières se sont confrontées aux habitants dans leurs pratiques et manières d’habiter. 

Dans ce contexte, nous souhaitons ainsi considérer l’architecture comme un objet en perpétuelle évolution (Latour, Yaneva, 2008) et comme une base liant des théories ou expérimentations passées avec un vécu contemporain (XXIème siècle). L’architecture peut alors se lire, à travers ses « cycles de vie » et ses multiples représentations, comme le produit d’une collaboration tacite, décalée, parfois conflictuelle ou volontaire voire impossible, en somme comme un objet médian entre l’architecte et les habitants qui l’ont perpétuée d’une façon ou d’une autre, en constant ajustement. 

Ce sont donc les aventures et les représentations « post-livraison » de ces réalisations architecturales habitées, appropriées, adaptées, modifiées, transformées, notamment au XXIème siècle, que nous vous proposons d’explorer dans le cadre de cette journée doctorale, à travers les multiples points de vue offerts par l’architecture, les arts, les lettres, les sciences humaines et sociales. Les possibilités de réponses à l’appel à communications pour cette journée sont aussi multiples et variées que les situations, problématiques ou pratiques relatives aux enjeux d’appropriation de l’architecture et de ses formes de représentation.

Axes thématiques

Nous vous présentons deux axes de réflexion qui indiquent des pistes d’articulation autour de cette thématique, à savoir : 

Axe 1 | L’appropriation « imprévue » comme vecteur d’adaptation contemporaine

L’habitat change régulièrement de configuration par l’action des habitants, le « chez-soi » est très souvent vécu en projet et envisagé dans une dynamique évolutive. Qu’il s’agisse de modifications immédiates ou diluées dans le temps, allant de l’aménagement minime aux travaux de gros-œuvre, toute transformation révèle ainsi une capacité d’initiative de l’habitant concernant l’adaptation à ses besoins et goûts particuliers, par ailleurs inhérents à l’être humain. Comment cette dynamique évolutive s'accorde-t-elle, en termes de vécu contemporain, dans le cas de typologies ou de formes architecturales singulières ? Quel type de dialogue est instauré entre l’habitant et la forme, parfois prégnante, de ces habitats imaginés par les architectes ? 

Par ailleurs, ce point de vue d’une appropriation « imprévue » par l’architecte lors de la conception s’avère également pertinente pour questionner des enjeux contemporains de l’évolutivité de l’architecture dont quelques exemples célèbres nous sont parvenus tels que l’analyse de la cité Frugès à Pessac (Boudon, 1985) ou le village de Gourna en Egypte (Paquot, 2009). Ici aussi, ces enjeux interfèrent avec des dynamiques propres telles que la « muséification » ou encore la médiatisation de réalisations architecturales. D’une manière plus large, ils soulèvent ainsi la présence d’une énergie créative de la part de ces habitants qui, depuis longtemps, alimente l'intérêt et l’imaginaire collectif en générant de nombreux travaux à la fois pratiques, poétiques, théoriques et critiques. 

Axe 2 | L’appropriation « programmée » comme concept architectural 

Cet axe se propose d’aborder les réalisations architecturales qui incorporent les pratiques de transformation et d’adaptation de la part des habitants comme concept pour le projet. L’acte de modifier ou d’étendre est alors prévu par l’architecte via des dispositifs spatiaux, matériels ou même politiques et contribue à façonner l’identité du projet y compris son esthétique. Ce type de réalisation architecturale, marquée par une indétermination fonctionnelle voire formelle des espaces, prévoit généralement l’intervention de l’habitant après le processus de conception et de construction de l’édifice et l’envisage comme sa « dernière pierre ». Bien que souvent expérimentales et longtemps inscrites dans un « idéal » d’une architecture évolutive et flexible (Periañez,1993), ces réalisations ont su évoluer au fil du temps et n’ont cessé de se renouveler avec les possibilités données par leur époque, à la fois artistiques, politiques et culturelles, depuis le début du XXème siècle, jusqu’aux travaux des architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, élus au Pritzker 2021. Ainsi des dispositifs spécifiques (ré)apparaissent tels que « l’incrémentalisme »,« l’auto-construction accompagnée » ou encore les « volumes capables ». Ils s’accompagnent à la fois de références construites, d’un imaginaire et guident l’habitant à travers un vécu peu habituel de son habitat, soulevant là aussi, des problématiques contemporaines en ce qu’ils suggèrent de manière acquise, une capacité des habitants à intervenir sur leur cadre de vie.

Ces deux axes donnent lieu à quelques pistes de réflexion : selon quels aspects s’engagent ou non de telles transformations architecturales ? Par quelles références, images, influences, sont-elles alimentées ? De quelles pratiques et enjeux se font-elles les révélatrices et quelles formes prennent-elles en termes d’expérience de l’habitat et de construction bâtie ? Quels liens sont-elles à même de nouer entre les différents protagonistes qui « font » l’habitat ? Comment se transmettent par la suite ces modifications, comment contribuent-elles ou non à modifier l’acception de « l’œuvre originale » ? Quels sont les vecteurs de représentation de ces dynamiques ? Enfin, qu’est ce que ces processus d’appropriation fabriquent en termes de représentation et d’alimentation d’une culture commune ? Cette liste non-exhaustive exemplifie des questions qui seront prises en compte lors de cette rencontre.

Programme

  • 9h- 9h15 : Accueil des participants
  • 9h15 - 9h30 : Présentation de la journée par les organisateurs
  • 9h30 - 10h30 : Conférence inaugurale de Yankel Filjalkow

10h30-12h30 : Table ronde 1: L’ appropriation « imprévue » comme vecteur d’adaptation contemporaine

  • 10h45-11h05 : Corten Perez-Houis - Extensions et appropriations du bâti à Khartoum (Soudan) : l’implication constante de l’habitant.e-architecte
  • 11h05-11h25 : Fiona Del Puppo - Appropriations subtiles en sous-location
  • 11h25-11h45 : Natacha Issot - Les appropriations habitantes dans les grands ensembles, nouvelle fabrication de connaissances lieux
  • 11h45-12h05 : Jeanne Yapaudjian - La jeunesse des grands ensembles s'approprie son habitat :Etude cinématographique à partir de réflexions situationnistes
  • 12h05- 12h30 : Echanges

12h30 - 14h : Pause

  • 14h - 14h30 : Intervention de Julie Gangneux-Kébé

14h30-16h30 : Table ronde 2 :  L’appropriation « programmée » comme concept architectural

  • 14h45-15h05 : Estelle Gourvennec - L’accession sociale à la propriété en habitat participatif : la (re)appropriation habitante de l’espace résidentiel après l’emménagement
  • 15h05-15h25 : Benjamin Loiseau - Mobiliser le co-design lors de la phase de pré-programmation d’un projet de réhabilitation d’un grand ensemble de logements HLM : proposition de méthode
  • 15h25-15h45 : Odile Veillon - La commande des particuliers ou l’œuvre collective
  • 15h45-16h05 : Laura Guérin - La relation architecte – habitant et gestionnaire. L’impossible appropriation des espaces comme projet pour les résidences sociales issues de foyers de travailleurs migrants
  • 16h05-16h30 : échanges
  • 16h30 - 17h00 : Conclusion / Clôture de la journée

Organisation

Journée d'études doctorales organisée par Priscilla Bittencourt Biassi et Lise Gaillard, doctorantes au laboratoire GRIEF

Inscription et accès

Salle 01, ENSA Bretagne, 44 bd de Chézy, Rennes (sur validation du Pass sanitaire)– lien visio transmis aux participants après inscription

Inscription sur ce lien , jusqu’au 28 novembre

Pour plus d’information:  journeedoctorale@rennes.archi.fr

Lieux

  • Salle 01 (RDC) - École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne, 44 Boulevard de Chézy
    Rennes, France (35000)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • vendredi 03 décembre 2021

Mots-clés

  • architecture, habitat, habiter, habitant, appropriation, transformation, représentation

Contacts

  • Lise Gaillard
    courriel : colloques [dot] recherche [at] rennes [dot] archi [dot] fr
  • Priscilla Bittencourt Biassi
    courriel : journeedoctorale [at] rennes [dot] archi [dot] fr

Source de l'information

  • Lise Gaillard
    courriel : colloques [dot] recherche [at] rennes [dot] archi [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Du bâti au chez-soi. La relation architecte - habitant dans l’appropriation et la transformation de l’habitat », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 26 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17i7

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