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Mémoire et patrimoine

L’anthropologue au seuil du musée

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Publié le jeudi 28 octobre 2021

Résumé

Autrefois conçus comme des laboratoires ethnologiques, sortes d’antichambres de l’anthropologie, les musées sont devenus des conservatoires professionnels dont les anthropologues s’emparent désormais comme un terrain à part entière. Ils sont au seuil du musée, étudiant comment l’on muséalise et expose la mémoire et le patrimoine, et surtout, comment l’on se comporte avec les mêmes artefacts en dehors des musées. Afin de témoigner des relations patrimoniales et mémorielles que l’homme entretient avec ses objets, nous nous proposons d’étudier la manière dont la marchandisation, la quotidienneté, les requalifications muséographiques et l’expographie agissent sur les objets patrimoniaux et mémoriaux.

Annonce

Argumentaire

L’histoire est un diner dont les restes post festum sont méticuleusement triés. Il s’agit pour l’homme de choisir ce qu’il jette ou ce qu’il conserve de son passé et in fine ce qu’il souhaite mémoriser et patrimonialiser. En ce sens, le patrimoine reflète l’idéel et le matériel d’une société. Le patrimoine est protéiforme. Il peut être matériel ou immatériel, muséalisé ou mis aux rebuts. Quant à la mémoire, elle peut être individuelle ou collective. Mémoire et patrimoine fonctionnent de concert : ils sont vivants, sélectifs, amnésiques, manipulés et reconstitués. L’on ne retient d’eux que l’unité. Mémoire et patrimoine sont pourtant conflictuels et dialectiques, à l’instar du patrimoine statuaire que l’on souhaite déboulonner tant il ravive la mémoire d’un passé colonialiste embarrassant. A contrario les partisans de leur conservation arguent leur utilité historique, même douloureuse et honteuse, à défaut de leur culte et leur hommage. Il faut pouvoir se regarder en face. Mais alors, que faire du passé, a fortiori lorsque ses restes sont des artefacts chargés d’une histoire qui dérange ?

Au cœur de cette réflexion se trouve le musée. La manière dont on muséalise et expographie - ou non - le patrimoine pose question. En effet, le choix de ce qui entre, voire sort, du musée interroge l’anthropologue qui s’intéresse à la mémoire et au patrimoine, au même titre que ce qui ne rentre pas. Car l’histoire qui n’arrive jamais au musée n’en relève pas moins du patrimonial et du mémoriel. Cela renseigne justement sur l’attitude sélective d’une société vis-à-vis de son passé et de la manière dont les institutions et les individus s’accommodent des restes. Les artefacts, lourds de sens et d’histoire, subissent les transformations dues aux évolutions paradigmatiques, tout en reflétant leur propre trajectoire. Aussi nous demanderons-nous comment l’anthropologue peut se saisir de la biographie matérielle des objets ; et comment peut-il appréhender les patrimoines et les mémoires à travers leur multiplicité ?

Autrefois conçus comme des laboratoires ethnologiques, sortes d’antichambres de l’anthropologie, les musées sont devenus des conservatoires professionnels dont les anthropologues s’emparent désormais comme un terrain à part entière. Ils sont au seuil du musée, étudiant comment l’on muséalise et expose la mémoire et le patrimoine, et surtout, comment l’on se comporte avec les mêmes artefacts en dehors des musées. Afin de témoigner des relations patrimoniales et mémorielles que l’homme entretient avec ses objets, nous nous proposons d’étudier la manière dont la marchandisation, la quotidienneté, les requalifications muséographiques et l’expographie agissent sur les objets patrimoniaux et mémoriaux.

Programme

9h00-9h30 Accueil

9h30-9h50 Ouverture du colloque par Octave DEBARY, Professeur en anthropologie, Directeur du Canthel, Université de Paris ; Professeur associé à l’Université de Neuchâtel ; Anthropologie du musée, de l’art et de la mémoire.

Le patrimoine hors des musées

Articuler la mémoire et le patrimoine ; l’exemple des collections privées et leur marchandisation.

L’objet d’art et de collection est pensé en premier lieu pour sa beauté, son esthétique mais il peut, comme tout objet, avoir une part obscure et sombre qui le transforme en objet de répulsion voire de sidération pour celui qui le reçoit. Objets volés, maudits, honteux ou monstrueux, ces collections privées circulent et se transforment au gré des familles et des générations avant de disparaitre ou d’arriver en salle des ventes. Se saisir de ce patrimoine « encombrant » permet d’interroger les trajectoires et les usages de ces collections dans la construction patrimoniale et mémorielle des individus en collectif. Comment ce construisent-elles ? Quels sens leur donne-t-on ? Comment circule-t-elles et quels sont les acteurs qui les prennent en charge ?

Modération : Octave DEBARY.

  • 9h50-10h10 Sous le marteau, l’objet « monstrueux »… Quand les collections privées interrogent les ventes aux enchères publiques. Pia TORREGROSSA, Doctorante en ethnologie, Université de Paris, Canthel, sous la direction d’Octave DEBARY.

Depuis Janvier 2019, les affaires concernant la mise en ventes dobjets Nazis se succèdent et secouent le monde des ventes aux enchères publiques. De Fécamp en Normandie jusquau Puy-en-Velay en Haute-Loire, ces lots retirés au dernier moment des ventes nen témoignent pas moins de leur existence. Au cœur de lenquête ethnographique, ce sont des têtes réduites ou des armes de contrebande qui surgissent ça-et-là au détour dune conversation, dun entretien ou dune observation. Ces affaires, bien quextraordinaires, nous invitent à réfléchir sur les processus de ventes aux enchères.  Que penser de ces collections qui se heurtent au monde des enchères ? De leur présence comme de leur absence parmi les lots proposés à la vente? Que nous révèlent les scandales, les conflits et les secrets liés à leur détention et circulation ? Pour y répondre, nous irons à la rencontre de deux groupes d’acteurs rencontrés sur le terrain pour comprendre les ressources et stratégies mobilisées face à un patrimoine considéré comme « embarrassant ». De là, nous nous demanderons comment lespace des enchères peut intervenir dans le traitement de ces artefacts, et comment ceux-ci participent à en comprendre les dynamiques et les différents enjeux.

  • 10h10-10h20 Discussion
  • 10h20-10h40 Du criminel au livre : l’affaire Rambert et Mailly (1930), la patrimonialisation d’un homme. Pierre PERROTON, Doctorant en histoire, EHESS-Iris, sous la direction de Philippe ARTIÈRES, Professeur en histoire, Directeur de recherche au CNRS.

Le 1er mai 2014 est retiré de la vente intitulée « Bibliothèque Zoummeroff, crimes et châtiments » un ouvrage concernant le criminel Louis-Marius Rambert (1903-1934). C’est en raison de l’interdiction par le code déontologique de «présenter à la vente tout ou partie de corps ou de restes humains ou tout objet composé à partir de corps ou de restes humains» que le livre est ainsi retiré de la vente. L’ouvrage en question constitué par le médecin Jean Lacassagne (1886-1960) fils du célèbre Alexandre Lacassagne (1843-1924), rassemble tout un ensemble de documents sur la vie de Rambert (photographies, écrits du criminel, rapports médicaux, testament). Le tout étant relié avec des fragments de peau portant les tatouages de l’assassin. Condamné à mort en 1932 avec son complice Mailly pour un double assassinat, Rambert sera finalement gracié en 1933 et condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il meurt cependant de la tuberculose seulement un an plus tard, en 1934 à la prison Saint-Joseph de Lyon. La complexité de cet artefact dont l’acceptation est aujourd’hui toujours difficile, ouvre notre regard sur l’une de ces vies coupables (Artières, 2000) de l’entre-deux guerres et sur la question de la patrimonialisation des êtres jusqu’aux creux de leur peau.

  • 10h40-10h50 Discussion

10h50-11h10 Pause

La quotidienneté du patrimoine ; entre intimité et gestion durable.

Le patrimoine n’est pas uniquement muséal. Patrimonialiser un artefact désigne un processus d’appréhension et de protection de l’objet. Mais la patrimonialisation ne concerne pas que les biens matériels décontextualisés, elle s’attache également à conserver in situ des biens patrimoniaux naturels à l’instar de l’animal. C’est le rôle qu’endossent les chasseurs et ceux qui gravitent autour du patrimoine cynégétique. Le gibier - mort ou vif - et leurs espaces de vie canalisent essentiellement cette patrimonialisation. Elle révèle en outre le paradoxe qu’il existe à prédater pour conserver. Cet axe se propose alors d’étudier la relation que le chasseur entretient avec ses trophées, et comment il conserve un patrimoine vivant.

Modération : Raphaël ABRILLE, Secrétaire général du Musée de la Chasse et de la Nature.

  • 11h10-11H30 Faire le musée à la maison ; L’ Egopatrimoine ou l’art de s’exposer à travers ses trophées de chasse. Antoine JEANNE, Doctorant en ethnologie, Université de Paris, Canthel, sous la direction de Monsieur Octave DEBARY ; Diplôme de troisième cycle, École du Louvre, sous le tutorat de Monsieur ABRILLE.

Le trophée de chasse, c’est cet objet peu ragoutant, réalisé à partir du cadavre d’un animal. Ce sont les restes cynégétiques auxquels l’anthropologue prête volontiers une dimension cultuelle et ancestrale. Pourtant, à y regarder de plus près, le trophée est également un objet profane dont la forme actuelle est relativement récente. En effet, les sciences muséales et patrimoniales sont des prismes opératoires pour appréhender le trophée, voire expliquer sa genèse. Car l’animal trophéïsé, c’est du patrimoine !

L’animal-trophée est doublement patrimonial. Premièrement, le trophée renvoie intrinsèquement à l’animal en tant qu’espèce, voire en tant qu’individu. Deuxièmement, il désigne extrinsèquement le chasseur qui l’a prélevé. Ne nous méprenons pas : prélever signifie tuer. Le chasseur, qui se targue d’être un acteur majeur de la conservation du patrimoine naturel, pose d’emblée la question de la mise à mort dans la patrimonialisation du vivant. Le trophée est l’artefact qui atteste de la bonne gestion du patrimoine faunique. Surtout, le trophée patrimonialise le caractère unique et éphémère de la rencontre tant désirée avec l’animal. Il faut s’affranchir du complexe d’Actéon, et honorer l’animal à qui l’on a ôté la vie en le conservant par-delà la mort. Aussi le trophée de chasse est-il un objet égopatrimonial qui contient l’histoire personnelle et la cosmogonie du chasseur.

Le trophée de chasse est un objet banal et quotidien de la culture matérielle cynégétique. Profondément choquant pour celui qui n’a pas communié avec l’animal, le trophée est aimé et choyé par son chasseur. Il vit entouré d’eux. C’est la collection d’un collectionneur qui ne se nomme pas, qui s’expose dans un musée qui n’existe pas et dont la monstration s’exerce dans une intimité qui dépasse les frontières ontologiques. Afin de rendre compte de la relation qui unit le chasseur à ses trophées, nous partirons de trois demeures particulières où l’exposition des trophées de chasse témoigne davantage d’une histoire de soi.

  • 11h30-11h40 Discussion
  • 10h50-11h40 Les domaines des princes en patrimoines. La nature entre chasse, gestion et collections (Rambouillet, Chambord, Marly). Raphaël DEVRED, Doctorant contractuel en histoire environnementale, Fondation des Sciences du Patrimoine, Université de Versailles-Saint-Quentin, sous la double direction de Anne-Claude AMBROISE-RENDU, Professeure en histoire, et Grégory QUENET, Professeur en histoire environnementale.

Les domaines de Rambouillet, Chambord et Marly sont les rares exemples de domaine des princes ayant conservé (ou restitué) des activités agricoles, cynégétiques et forestières sur une large période.

Ces sites ont tous fait l’objet d’une patrimonialisation, soit des domaines eux-mêmes, comme Chambord qui peut être vu comme un lieu sur-patrimonialisé (AMBROISE-RENDU et OLIVESI, 2017) car il est à la fois monument historique (ensemble du parc de 5 400 ha), site Natura 2000, et paysage culturel de l’Unesco ; ou bien de leurs collections si l’on prend l’exemple de leurs archives (près d’un millier de cote documentaire - Répartis dans différentes institutions patrimoniales : archives départementales, archives nationales, Musée de la Chasse et de la Nature de Paris, ou bien les domaines eux-mêmes). 

Se rajoute au quotidien, pour les responsables, un travail de gestion permanente des espaces, des espèces et des collections naturelles : les trois domaines se composent de fermes ou de structures agricoles, doivent entretenir des populations d’animaux sauvages (cerfs, sangliers, chevreuils) et domestiques (moutons, vaches, chevaux) et répondre aux enjeux écologiques spécifiques du fait des classements patrimoniaux, des écosystèmes et du réchauffement climatique.

Cette communication se propose de revenir sur les enjeux patrimoniaux de la gestion de la nature domaniale et de considérer la place et l’évolution des activités agro-sylvo-cynégétiques sur une longue durée de l’Ancien régime à nos jours et d’interroger leurs influences complexes sur les patrimoines domaniaux.

  • 12h00-12h10 Discussion

12h10-13h10 Pause

13h10-13h30 Reprise

Le patrimoine muséalisé et muséographié 

Le muséalia ; entre trajectoires et requalifications de l’objet patrimonial.

Cet axe propose de réfléchir aux diverses formes de requalification et de mise en valeur de l’objet de musée. Identifier les phases de la « vie » de l’objet (son acquisition, sa mise en circulation, son exposition, sa présence, son absence), ainsi que les trajectoires géographiques et institutionnelles de ce dernier, pour interroger sa fonction dans un contexte donné. À ce sujet, la notion de « biographie » peut être prise en compte en tant que processus d’assignation d’une valeur ou d’une identité aux choses ; en tant qu’ensemble de procédures, d’actions, de langages qui concourent à donner une nouvelle existence à des artefacts intégrés dans des réalités muséographiques déterminées.

  • Cet axe peut se focaliser sur l’agir des sujets et des personnes qui échangent, conservent, étudient et valorisent les fonds muséaux. L’idée est d’interroger les pratiques patrimoniales ainsi que la pluralité de logiques (institutionnelles, politiques, scientifiques) qui les sous-tendent. La réflexion sur la requalification de l’objet interpellerait ainsi la dimension locale et globale de la patrimonialisation pour faire le lien entre le musée et des plus amples circuits de transmission des idées.

Modération : Monique JEUDY-BALLINI, Professeure en anthropologie, Directrice de recherche, co-responsable de l’équipe de recherche interne « Anthropologie des formes de réception et d’appropriation de l’art », Laboratoire LAS EHESS, CNRS, Collège de France.

  • 13h30-13h50 Les objets kanaks. Trajectoires muséographiques d’un « patrimoine dispersé ». Jole CERRUTI, Doctorante en ethnologie, Université de Paris, Canthel, sous la direction d’Octave DEBARY.

Disséminées au fil des siècles aux quatre coins de la planète, les pièces dites d’art traditionnel de la Nouvelle-Calédonie sont aujourd’hui pensées comme un « patrimoine dispersé », voire à retrouver. À partir des travaux réalisés dans quatre établissements culturels situés entre la France, l’Italie, la Suisse et la Nouvelle-Calédonie, j’essayerai de relier les possibles parcours biographiques de certains de ces ouvrages anciens à un circuit de pratiques du patrimoine contemporaines développé entre l’Europe et d’Océanie : les trajectoires tracées par les objets seront utiles à signaler des processus de requalification de ces pièces, ainsi qu’à questionner la valeur, la fonction et la place qu’elles occupent à présent .

  • 13h50-14h00 Discussion
  • 14h00-14h20 Le patrimoine en conflit : à propos des quelques objets océaniens des collections publiques. Marion BERTIN, Docteure en anthropologie, ATER en muséologie à l'Université d'Avignon, UFR SHS - Centre Norbert Elias (UMR 8562) .

Au cours des dernières décennies, les revendications identitaires et culturelles formulées par les populations autochtones des îles du Pacifique invitent à repenser le patrimoine océanien conservé dans les musées internationaux. Des demandes d’accès à ce patrimoine, de restitution ou de révisions des pratiques muséales se multiplient, non sans laissant apparaître des logiques conflictuelles et dialectiques.

Cette communication s’intéresse en particulier aux « conflits de valeurs » émergeant autour de l’exposition, de la gestion ou de la conservation d’objets océaniens conservés dans des collections publiques. Ces conflits de valeurs peuvent s’entendre comme une « controverse où l’accord est virtuellement impossible, parce que le désaccord ne porte pas seulement sur les qualités de l’objet en question mais aussi sur la catégorie de valeur considérée comme pertinente pour en juger » (Nathalie Heinich, « La querelle des “arts premiers” : un conflit de registres de valeurs », in ESCANDE, Yolaine, SCHAEFFER, Jean-Marie, L’esthétique : Europe, Chine et ailleurs, Paris : You Feng, 2003, p. 61). Retracer la biographie d’objets permet de prendre en mesure les différentes couches de mémoire et des diverses valeurs qui leur sont attribuées. Plusieurs exemples d’objets précis seront ainsi analysés, notamment le moai Hoa Hakananai’a originaire de Rapa Nui–île de Pâques et conservé au British Museum, dont le nom signifie « l’ami dérobé » et qui fait l’objet de requêtes pour retourner sur son territoire d’origine. Cet exemple concentre plusieurs conflits et permet de questionner la définition même du patrimoine, qui mêle à la fois des témoignages matériels et immatériels liés à l’art ou au sacré, ainsi que les différentes échelles au sein desquelles il se construit, en croisant les particularités locales et les volontés universelles.

14h20-14h40 Discussion

14h50-15h10 Pause

Expôts ; Mouvement et détention des objets dans un dispositif expographique.

La biographie d'une chose est marquée par les vicissitudes de la vie, les vicissitudes de l'usage, de la désuétude, de l'échange ou de l'oubli. En entrant dans une collection, la vie de ces choses est arrêtée pour devenir un objet, une muséalie. L'acquisition de ce nouveau statut, celui de pièce de collection, entraîne la naissance d'une nouvelle vie, une vie muséale : les vicissitudes de cette chose devenue objet seront différentes. Elle sera marquée, inventoriée, cataloguée, classée, placée aux côtés de ses contemporains, ou de ses semblables, accompagnée de compagnons de son "monde d'origine". Mais le contexte, la réalité à laquelle cet objet se réfère, ce "monde d'origine" si l'on reprend l'expression de Georges Henri Rivière, est un monde que l'objet ne verra plus. Le contexte d'où provient l'objet, ce microcosme d'informations que nous supposons qu'il contient, est arrêté. Comment faire revivre ces objets patrimoniaux ?

Dans cet axe, nous explorerons cette question à travers les expositions, à la fois comme des lieux qui arrêtent temporairement le flux des choses - en les retirant des circuits dans lesquels elles circulent normalement - et comme des dispositifs dans lesquels il est possible de mettre un objet en mouvement.

Modération : Cécilia HURLEY-GRIENER, Professeure à l’École du Louvre et à l’Université de Neuchâtel, Membre de l’équipe de recherche de l’École du Louvre, Responsable des collections patrimoniales de l’Université de Neuchâtel.

  • 15h10-15h30 La mémoire comme trésor, l’artefact comme support : documentation et transmission de savoirs au Musée National Aïnou (Japon). Romane BATUT, Doctorante en ethnologie, Université de Paris-CESSMA, sous la direction de Saskia COUSIN, Maître de conférence (HDR) en anthropologie.

Au Musée National Aïnou de Shiraoi, ouvert en juillet 2020, les artefacts de la collection sont considérés comme des “trésors” et le musée se positionne comme un garant de la transmission de la culture et des savoirs aïnou. Ikor, qui signifie en langue aïnou “trésors” ou “choses qui brillent”, est un terme réapproprié ici par cette nouvelle institution afin de qualifier, ou peut-être requalifier, des artefacts dont la valeur scientifique et mémorielle repose sur la documentation des techniques et des matériaux utilisés pour leur fabrication. La première exposition temporaire du Musée, “Ikor : Les techniques et les matériaux à voir à travers les documents”, propose ainsi au visiteur de découvrir ces artefacts à partir des recherches scientifiques effectuées pour leur documentation.

L’objet de musée n’est plus uniquement un objet-témoin d’usages et de représentations culturelles, comme il peut l’être dans l’exposition permanente, mais également un médiateur de savoirs à étudier, préserver et transmettre.

  • 15h30-15h50 Des plumes qui chatouillent : fiction, anachronisme et contemporanéité dans une salle d'exposition. Fernanda CELIS, Docteure en Sciences Humaines, Université de Neuchâtel. Chercheuse sous la Direction d’Octave DEBARY et Pierre Alain MARIAUX, Professeur en  art médiéval et muséologie.

Lorsqu'un objet fait partie d'une collection d'ethnographie, il le fait (souvent) grâce à sa valeur référentielle, à sa capacité à représenter quelque chose que le musée ne peut ni reproduire ni conserver. Cette pièce, ce morceau de réalité, est condamnée à nous parler d'un monde, de "son monde", de sorte que, au fil du temps, cette pièce ne pourra pas nous raconter autre chose que le passé, un passé qui peut être élaboré comme histoire ou non. Si le récit que l'objet nous raconte n'est pas historicisé, il finit par devenir un récit atemporel. Cette construction atemporelle de l'objet du passé est ce que nous rencontrons le plus fréquemment dans les expositions permanentes des musées d'ethnographie. Est-il possible d'ouvrir le présent à cet objet ? Est-il possible de donner un sens au passé dans le présent ? À travers l'analyse comparative de deux dispositifs d'exposition présentant des ornements en plumes de Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous mettrons en évidence la possibilité de conjuguer le passé au présent.

Cela génère une sorte de dynamisme de l'objet, le faisant bouger dans le temps, et nous donne ainsi l'occasion de réfléchir au mouvement qui peut être généré entre : conservation, inventaire, patrimonialisation, objectivation, dépôt au musée, et exposition, insertion dans un récit, et subjectivation.

  • 15h50-16h10 Discussion
  • 16h10-16h30 Clôture du colloque par Cécilia HURLEY-GRIENER.

Lieux

  • Salle Grignard - 45 rue des Saints-Pères
    Paris, France (75006)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • vendredi 19 novembre 2021

Mots-clés

  • anthropologie, ethnologie, muséologie, muséographie, collection, patrimoine

Contacts

  • Antoine Jeanne
    courriel : antoinejeanne [at] outlook [dot] com

Source de l'information

  • Antoine Jeanne
    courriel : antoinejeanne [at] outlook [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Mémoire et patrimoine », Colloque, Calenda, Publié le jeudi 28 octobre 2021, https://doi.org/10.58079/17j5

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