AccueilPatrice Kayo : scénographie du politique et démystification du vivre-ensemble

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Publié le mercredi 08 décembre 2021

Résumé

Patrice Kayo, écrivain camerounais de vénérée mémoire, se présente à la face du monde comme un auteur pluriel : essayiste, poète, conteur, nouvelliste et fabuliste. Dans son oeuvre, il ambitionne de refaire le monde actuel en scénographiant le/la politique sous toutes ses formes dans la perspective de démystifier le vivre ensemble. Comment s'opère son écriture ? Comment s'emploie-t-il de réécrire la cité des hommes ? Quel message final articule-t-il son écriture empreinte de sagesse africaine ? Il est attendu des contributeurs qu'ils revisitent la production littéraire de P. Kayo déployée, en réalité, sous la forme d'une littérature orale-écrite aux frontières poreuses, quoique son arrière fond soit la culture traditionnelle africaine dans ses méandres les plus inimaginables.

Annonce

Argumentaire

Né en 1942 à Bandjoun, dans la Région Ouest camerounaise, Patrice Kayo, de vénérée mémoire, est nouvelliste, préfacier, conteur, fabuliste et poète. Il soutient, en 1984, une thèse de Doctorat sur la Littérature et les civilisations d’expression française à l’université de la Sorbonne. Ancien président de l’Association des poètes et écrivains camerounais, il a enseigné à l’Ecole Normale Supérieure de Yaoundé pendant plusieurs années (1973-2003). Bien qu’écrivain, il a toujours mené, suivant la tradition africaine, une carrière de guérisseur aux fins de mettre à profit sa grande connaissance des plantes médicinales africaines. Au regard de son parcours cognitif, P. Kayo s’est toujours positionné comme un thérapeute attitré au chevet de l’analphabétisme pour l’avènement de la grande culture africaine. Force est donc de redire, avec Jean Marc Ela (1971 : 14), que « l’Africain analphabète n’est pas d’abord celui qui ignore le français ou l’anglais, mais d’abord celui qui est incapable de s’exprimer oralement ou par écrit dans sa propre langue ». Mutatis mutandis, on assertera qu’est analphabète, celui qui ignore les secrets de sa culture, parce qu’« il n’y a de littérature que dans un contexte social à l’intérieur d’une culture et d’un milieu » (Warren et Welleck, 1971 : 143).

Ce postulat s’avère d’autant plus fructueux qu’il se vérifie et conforte sa matière à la relecture de la production littéraire de Patrice Kayo. Elle l’affiche comme un érudit de la mystique africaine qui poétise le politique et narrativise tout à la fois le vivre ensemble dans l’immensité de ses déclinaisons constitutives. Dans Fables de toutes saisons suivies de Fables et devinettes de mon enfance (nouvelle édition) (2015) par exemple, l’auteur montre que « l’une des fonctions du fabuliste est, « dans une société où tout vit, d’animer, de transformer, par l’effet de l’anthropomorphisme, la nature et d’établir des analogies entre les créatures ». Pour lui, trouver son refuge dans le monde animal, c’est se camoufler afin d’éviter « le glaive des méchants et des puissants, car toute leçon de morale est une dénonciation ». Ecrire, de ce fait, devient un acte intrinsèque d’engagement qui, pour P. Kayo, revêt donc une signification particulière, tant cette activité n’est pas gratuite. Pour le fabuliste camerounais, « Eduquer, instruire, prêcher, c’est s’engager, c’est combattre, c’est bénir ou maudire. Le fabuliste est un moraliste et toute leçon de morale est une bataille contre une tare » (2011).

Ecrire, c’est aussi poser un acte « politique », si l’on se réfère à la trace et aux traits définitoires du paradigme politique. En effet, LE politique renvoie à l’espace social de la confrontation des opinions et des intérêts des citoyens en vue de la postulation d’un univers neuf. Le politique décrit, en outre, l’ensemble des affaires d’un Etat, la manière de les conduire, c’est-à-dire l’art de gouverner la cité. S’agissant de LA politique, Max Weber dans Le savant et le politique, 1959 :137), l’appréhende à travers la geste de l’acteur qui l’exerce :

Celui qui vit “pour” la politique fait d’elle, dans le sens le plus profond du terme, le “but de sa vie”, soit parce qu’il trouve un moyen de jouissance dans la simple possession du pouvoir, soit parce que cette activité lui permet de trouver son équilibre interne et d’exprimer sa valeur personnelle en se mettant au service d’une “cause” qui donne un sens à sa vie.

Toute la question est donc là ; comment Patrice Kayo, tout au long de sa vie, a-t-il œuvré pour conférer un sens toujours nouveau à la vie partagée avec ses confrères ? Comment l’infinitude de son œuvre participe-t-elle de l’exorcisation des démons de l’obscurantisme en vue de l’émergence et/ou la renaissance d’un nouvel homme éthique dans l’espace existentiel africain ? Répondre à ce questionnement heuristique c’est positionner P. Kayo comme un nationaliste, dont Jean-François Bayart (1980 :120) cerne le combat dans le déploiement de l’ambivalence que sédimente la lutte nationaliste en Afrique : « Elle exprimait la revendication de la richesse, en même temps que celle de la dignité ». Parlant de dignité, convoquons un autre Patrice, Patrice Lumumba, pour qui la quête de la dignité du Congolais participait des défis majeurs à relever dans le combat indépendantiste au péril de sa vie : « L’indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui […], nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise. » En d’autres termes, un homme digne, pour Patrice Lumumba, s’investit corps et âme dans l’optique de rompre les amarres pour affirmer sa liberté. Il en est donc de l’homme digne comme de cet homme libre qui brise les carcans outrecuidants pour célébrer la liberté. Raoul Girardet (1986 :17) ne dit pas autre chose, car pour lui, « le héros rédempteur est celui qui libère, tranche les liens.» C’est aussi, à l’instar de l’homme révolté d’Albert Camus (1951 :15), celui qui, vivant une sorte d’esclavage, « dit non […], les choses ont trop duré

Il importe, à cet égard, d’entreprendre de changer le monde en se donnant comme moyen le langage du cœur. Il s’agit particulièrement, comme le montre P. Kayo dans Fables des montagnes (2009), de laisser le lecteur « se regarder dans la glace et envisager l’avenir dans la pugnacité de vaincre en dépit du pessimisme ambiant ». Un tel projet est motivé par une conviction qui se dégage de l’œuvre poétique En attendant l’aurore (2018) de P. Kayo. On y lit, à la 4e de couverture : « vers la grande cité fraternelle, comme un torrent que rien n’arrête, enjambant les murs de renaissantes tyrannies, nous marchons, pionniers des jours nouveaux ». Marcher, pionniers, c’est dessiner les tracés neufs de la nouvelle cité africaine, comme pour dire que « face à la léthargie qui noie notre monde actuel marqué par l’égoïsme, l’injustice, l’insouciance… P. Kayo pousse un cri de rage, celui d’un visionnaire qui perçoit les lueurs de l’aube et cherche à trouver écho auprès de tous les hommes épris de bonne volonté et nantis de talents pour faire changer quelque chose dans le train actuel de la société humaine ». Autant voir dans cet écrivain prolifique l’un des « grands hommes » dont Ralph Waldo Emerson (2015 :32) déclare qu’ils sont « Ceux qui relèvent de la nature, et s’élèvent au-dessus des communes façons, par leur fidélité aux idées universelles […] Ils sont les exceptions dont nous avons besoin

La production littéraire de Kayo se dévoile, in fine, comme une articulation du mythe dont la fonction maîtresse, selon Mircea Eliade (1963 :19) : « est de révéler les modèles exemplaires de tous les rites et de toutes les activités humaines significatives : aussi bien l’alimentation ou le mariage, que le travail, l’éducation, l’art ou la sagesse ».

Quelques axes de lecture indicatifs et donc non exhaustifs peuvent orienter la réflexion :

  • Fables et valeurs fondamentales du vivre ensemble
  • Fables, esthétique et éthique 
  • L’apport des vertus pour l’avènement d’un monde nouveau  
  • Les clés d’un avenir radieux dans les fables
  • Poésie et conjuration des antivaleurs
  • La postulation d’un monde nouveau dans la poésie kayosienne
  • Art du camouflage et narration dans la fable
  • Fable et construction d’un homme nouveau
  • Des tares sociales et politiques dans les nouvelles kayosienne
  • Des facettes de la vie au drame humain dans la nouvelle kayosienne
  • L’argent et ses revers dans les nouvelles
  • Le rôle de la prison dans l’éducation des masses
  • Patrice Kayo, le préfacier

Modalités de soumission et calendrier

Les articles complets sont attendus jusqu'au 30 janvier 2022 et la publication de l'ouvrage collectif se fera en septembre 2022. il reste entendu que le respect scrupuleux de la feuille de style indiquée (voir document joint) contribuera, à coup sûr, au respect de cet échéancier pour le plus grand soulagement de tous.

Les articles complètement rédigés doivent être envoyés aux adresses : eyonapiers@gmail.com et petereyenga@gmail.com

Dates importantes

  • 30 janvier 2022 : date limite de soumission des propositions
  • 30 mars 2022 : retour des articles expertisés aux auteurs
  • 30 avril 2022 : retour des articles corrigés
  • 30 septembre 2022 : publication du collectif

NB : les sélections des propositions se feront par les membres de l’équipe du comité scientifique ci-dessous.

Comité Scientifique

  • Pr Marcelline Nnomo, Université de Yaoundé I
  • Pr Nol Alembong, Université de Yaoundé I/Buea
  • Pr Raymond Mbassi Ateba, Université de Maroua
  • Pr Alda Flora Amabiamina, Université de Douala
  • Pr Bertin Amougou, Université de Dschang
  • Pr Yvette Balana, Université de Douala
  • Pr Gérard-Marie Messina, Université de Yaoundé I
  • Pr Edouard Mokwe, Université de Buea
  • Pr Pierre-Suzanne Eyenga Onana, Université de Yaoundé I

Éditeur de l’ouvrage

Lincom (Muenchen, Allemagne)

Consignes de mise en forme de l’article

Le volume de l’article ne doit pas dépasser les 8000 signes (résumés et références bibliographiques y compris), et doit être soumis en format DOC, DOCX ou RTF, police Times New Roman, simple interligne. L'utilisation de caractères inhabituels doit être limitée dans la mesure du possible. L’italique doit être utilisé pour les expressions qui ne sont pas spécifiques à la langue du texte, par exemple, si la langue du texte est l’espagnol, quattrocento ou qui pro quo doivent être écrits en italique.

Les pages ne doivent pas être numérotées.

Les notes de bas de page ne sont destinées qu'à clarifier ou à développer des idées ou des concepts.

Voir le détail des consignes de mise en forme dans le document joint.


Dates

  • dimanche 30 janvier 2022

Mots-clés

  • scénographie, politique, Kayo, démystification, vivre ensemble

Contacts

  • Pierre Eyenga
    courriel : petereyenga [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Pierre-Suzanne Eyenga Onana
    courriel : eyonapiers [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Patrice Kayo : scénographie du politique et démystification du vivre-ensemble », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 08 décembre 2021, https://doi.org/10.58079/17mh

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