AccueilSorcières/sorciers et guérisseurs/guérisseuses : techniques de soins et pratiques d’espaces dans les littératures et les arts d’Europe et d’Afrique

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Publié le jeudi 18 novembre 2021

Résumé

Alors que la médecine moderne, face aux incertitudes de la crise sanitaire, semble susciter une défiance grandissante, sorciers/sorciers et guérisseurs/guérisseuses, tout en étant la source de nombreux fantasmes, représentent pour certains une voie à explorer dans la recherche de soins alternatifs. Confrontées à une science qui se veut universelle et objective, leurs diverses pratiques représenteraient alors l’idéal d’un savoir « situé », selon la définition qu’en donne Donna Haraway (Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective, 1988). Leurs savoir-faire ne sont pas transposables tant ils sont attachés à leurs lieux d’exercice. En lien avec cette implication locale, ces praticiens - contrairement au médecin moderne - engagent leur propre intégrité physique dans le processus thérapeutique. C’est la représentation littéraire et artistique de cette relation particulière au soin et à l’espace que nous souhaitons explorer lors de ces journées d’étude.

Annonce

1-2 juin 2022

Université Sorbonne Nouvelle (CERC / Thalim)

Argumentaire

Alors que la médecine moderne, face aux incertitudes de la crise sanitaire, semble susciter une défiance grandissante, sorciers/sorciers et guérisseurs/guérisseuses, tout en étant la source de nombreux fantasmes, représentent pour certains une voie à explorer dans la recherche de soins alternatifs. Confrontées à une science qui se veut universelle et objective, leurs diverses pratiques représenteraient alors l’idéal d’un savoir “situé”, selon la définition qu’en donne Donna Haraway (“Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective”, 1988). Leurs savoir-faire ne sont pas transposables tant ils sont attachés à leurs lieux d’exercice. En lien avec cette implication locale, ces praticiens - contrairement au médecin moderne - engagent leur propre intégrité physique dans le processus thérapeutique. C’est la représentation littéraire et artistique de cette relation particulière au soin et à l’espace que nous souhaitons explorer lors de ces journées d’études. 

Dans cette perspective, le choix d’un corpus européen et africain nous permet de prendre en considération des approches différentes qui placent la question de la sorcellerie au cœur d’un débat sur les savoirs et les relations de pouvoir. Ainsi, les procès en sorcellerie européens sont réévalués au travers d’une grille de lecture féministe (Silvia Federici, Mona Chollet) et les multiples pratiques sorcières africaines sont parfois étudiées comme un symptôme de la modernité capitaliste (Peter Geschiere, Patrice Yengo). Dans les deux cas, il s’agit de décrire un savoir qui s’élabore à la marge et menace une certaine conception de l’équilibre au sein d’une société donnée. C’est bien cette violence partagée que l’on retrouve dans les propos d’un guérisseur mayennais interrogé par l’ethnologue Jeanne Favret-Saada dans les années 1970 : “On dit qu’ils sont sauvages, en Afrique: mais plus sauvages que nous, est-ce que vous en connaissez, vous qu’avez tant lu ?” (Les Mots, la mort, les sorts,1977 p. 14)

Les manifestations littéraires et artistiques de la sorcière ou du sorcier font écho aux études menées par les historiens et les anthropologues, mais la popularité de cette figure  masque une grande diversité. On trouve ainsi, derrière cette étiquette, les rebouteux des romans régionaux et des folkloristes, les ngangas d’Afrique centrale, les puissants mages des romans de fantasy, mais aussi le jeune Harry Potter qui fait son apprentissage tout au long des sept volumes publiés par la romancière anglaise J.K. Rowling. Qu’il incarne une “anormalité inquiétante” ou qu’il soit le représentant d’une “profession comme les autres” (Bertrand Ferrier), le sorcier de fiction, plus encore que la sorcière, engage invariablement un certain rapport à l’espace et au corps que les récits prennent nécessairement en compte.

On pourra ainsi étudier dans une perspective géocritique, voire écopoétique, l’usage des lieux des personnages de sorcières/sorciers et de guérisseurs/guérisseuses. L’espace ne ressort pas indemne de leurs pratiques thérapeutiques, qui peuvent l’investir comme un espace à sauver (perspective écologique), à déchiffrer (polar, hexen krimi) ou un espace d’opportunité (charlatan). Parce que les pratiques locales des sorcières/sorciers et des guérisseurs/guérisseuses circulent avec les diasporas et acquièrent une dimension transculturelle on pourra s’intéresser aux reconfigurations spatiales provoquées, en milieu urbain comme en milieu rural, en Europe et en Afrique par des pratiques venues d’autres continents. Par ailleurs, on pourra creuser la question des dynamiques d’échange qui ont tendance à se mettre en place lorsque ces dernières sont envisagées, notamment dans le milieu hospitalier, par analogie ou par contraste vis-à-vis des pratiques dominantes. En quoi les croyances d’un patient peuvent-elles influencer la prise en charge médicale ? Quelles figures professionnelles sont-elles susceptibles d’opérer une médiation dans ce cadre spécifique ? En d’autres termes, le cas de l’ethno-psychiatrie développée par Tobie Nathan (L’Influence qui guérit, 1994) peut-il s’appliquer à d’autres branches de la médecine contemporaine ? De quelles manières la littérature et les arts ont-ils thématisé et raconté ces interrogations et les histoires dans lesquelles elles s’inscrivent ?

Modalités de contribution

Articulées en fonction des axes mentionnés ci-dessus, les propositions de communication devront porter un titre et présenter un résumé d’environ 350 mots accompagné d’une note bio-bibliographique.

La date limite pour l’envoi des propositions est fixée au 24 janvier 2022.

Les propositions en français ou en anglais devront être transmises aux organisateurs:

  • Pierre Leroux : pierre.leroux@sorbonne-nouvelle.fr
  • Xavier Garnier : xavier.garnier@sorbonne-nouvelle.fr 
  • Guido Furci : guido.furci@sorbonne-nouvelle.fr 

Pour tout renseignement complémentaire, veuillez envoyer un mail à ces mêmes adresses.

Organisation

  • Pierre Leroux
  • Xavier Garnier
  • Guido Furci

Lieux

  • Salle Claude Simon - Université Paris 3, Sorbonne Nouvelle, Maison de la Recherche, 4 rue des Irlandais
    Paris, France (75005)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • lundi 24 janvier 2022

Mots-clés

  • sorcier, guérisseur, technique de soin, Europe, Afrique, contexte diasporique

Contacts

  • Pierre Leroux
    courriel : pierre [dot] leroux [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr
  • Guido Furci
    courriel : frictiondeslangues [at] gmail [dot] com
  • Xavier Garnier
    courriel : xavier [dot] garnier [at] sorbonne-nouvelle [dot] fr

Source de l'information

  • Guido Furci
    courriel : frictiondeslangues [at] gmail [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Sorcières/sorciers et guérisseurs/guérisseuses : techniques de soins et pratiques d’espaces dans les littératures et les arts d’Europe et d’Afrique », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 18 novembre 2021, https://doi.org/10.58079/17oo

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