Published on Wednesday, December 01, 2021
Abstract
Françoise d’Eaubonne, dont le fonds d’archives se trouve à l’institut mémoires de l’édition contemporaine (IMEC) et reste en grande partie à découvrir, est une écrivaine prolifique (près d’une centaine d’ouvrages : poèmes, romans, science-fiction, essais, biographies) et une militante féministe de premier ordre, présente à la fondation du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et du Mouvement de libération des femmes (MLF), signataire du Manifeste des 343... Cet appel se veut le plus ouvert possible, incluant des spécialistes comme des jeunes chercheur·es de toutes disciplines, mais aussi des artistes et des collectifs de militant·es, à l’image de la créativité et des formes d’engagements pluriels de Françoise d’Eaubonne.
Announcement
Argumentaire
L’association Anamnèse, les Ateliers du genre de l’Université de Caen et l’IMEC organisent un colloque international portant sur l’œuvre et la postérité de Françoise d’Eaubonne (1920-2005). Cette dernière, dont le fonds d’archives se trouve à l’IMEC et reste en grande partie à découvrir, est une écrivaine prolifique (près d’une centaine d’ouvrages : poèmes, romans, science-fiction, essais, biographies[1]) et une militante féministe de premier ordre, présente à la fondation du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et du Mouvement de libération des femmes (MLF), signataire du Manifeste des 343... Pionnière de l’écoféminisme, elle crée le néologisme et fonde l’un des premiers collectifs avec le groupe Écologie-féminisme Centre en 1974.
De par son histoire personnelle et ses implications militantes, Françoise d’Eaubonne continue d’interroger notre rapport au savoir académique et nos façons d’agir politiquement, notre imaginaire et notre créativité, nos pratiques actuelles et nos façons de construire le monde de demain. Ce colloque souhaite ainsi revenir sur son œuvre plurielle et ses pratiques militantes multiples entre lesquelles elle n’a cessé de tisser des liens. Comprendre la réception de ses ouvrages et sa place dans le paysage français et international nous offre l’opportunité d’en dégager l’actualité et ses résonances contemporaines.
Ce colloque accueillera, d’une part, les communications portant spécifiquement sur l’auteure, mettant en perspective son itinéraire, ses recherches et l’empreinte de son héritage. Nous vous invitons ici à apporter des éléments de son histoire personnelle afin d’éclairer les conditions de production de son œuvre. Nous souhaitons, d’autre part, donner une place aux contributions qui offriraient des comparaisons et des dialogues avec son œuvre ou qui, sans porter strictement sur Françoise d’Eaubonne, s’emparent des objets et des formes d’engagement chères à l’auteure en les questionnant, les actualisant ou en les prolongeant. Cet appel à contribution se veut le plus ouvert possible, incluant des spécialistes comme des jeunes chercheur·es de toutes disciplines, mais aussi des artistes et des collectifs de militant·es, à l’image de la créativité et des formes d’engagements pluriels de Françoise d’Eaubonne.
Les axes de réflexion proposés sont indicatifs et toute proposition originale est la bienvenue.
Axe 1 – Gaies Rillières[2] : militantisme et articulation des luttes
Françoise d’Eaubonne a, tout au long de son parcours, construit un dialogue permanent entre propositions théoriques et activisme militant (Thiébaut, 2021b). Comme le soulignent Myriam Bahaffou et Julie Gorecki (2020), Françoise d’Eaubonne s’est tenue loin des chaires universitaires et a toujours incarné, en « insatiable dissidente », ses engagements en idées et en actes. « Multipositionnée » (Cambourakis, 2020), elle déploie différents modes de militantisme dans plusieurs mouvements et luttes. Depuis l’enfance, elle se reconnaît dans le féminisme puis, jeune adulte, elle adhère au Parti communiste (Bernard, 1993) qu’elle désavoue et quitte lors de la guerre d’indépendance algérienne[3]. Prônant « l’alliance objective » entre femmes et mouvements homosexuels (Eloit, 2020 ; Chauvin, 2005 ; Huard, 2012 ; Martel, 1996 ; Sibalis, 2010), elle cofonde le FHAR, s’engage au sein du MLF (Bonnet, 2018 ; Chaperon, 2001) et participe à la création d’autres groupes féministes comme Écologie-féminisme Centre avec qui elle rédige et diffuse des tracts d’une très grande expressivité. Sa prise de conscience écologiste appelle son engagement dans les luttes antinucléaires – où son nom reste associé à l’attaque contre la centrale de Fessenheim – et sa réflexion pionnière sur l’écoféminisme (Goldblum, 2017). Des communications sont attendues sur les engagements militants de Françoise d’Eaubonne : leur genèse, les modes d’action et les rencontres qui les ont traversés. Encore peu documentée, l’implication de Françoise d’Eaubonne dans les mouvements homosexuels (Arcadie, le FHAR) appelle des travaux qui pourront être élargis aux relations historiques entre les mouvements homosexuels, LGBT+ et les mouvements féministes, jusqu’à leurs prolongations contemporaines.
Les propositions étudiant l’articulation fructueuse entre pensées et pratiques seront ici bienvenues pour montrer la singularité de la trajectoire de cette penseuse en acte qui a « le combat dans le sang ». Ses différentes batailles ne peuvent réellement être pensées de manière exclusive l’une de l’autre tant elles témoignent de sa réflexion plus générale sur les moyens d’action dans les luttes et sur la (non) légitimation de la violence. Dans son livre Contre violence ou la résistance à l’État (1978), l’auteure engage une réflexion sur l’usage de la violence comme réponse aux violences de l’État patriarcal et du capitalisme institué. Sa réflexion s’articule alors avec ses engagements pratiques auprès d’Action directe et de la Fraction armée rouge[4]. Françoise d’Eaubonne participe à ce titre, comme le relève Isabelle Cambourakis (2020), à la « politisation de la question des violences dans le mouvement féministe » qui hésite, après 1977, à recourir aux actions violentes.
Pour Françoise d’Eaubonne, « toutes les luttes ne font qu’une ». Sa trajectoire questionne donc cette tension traversant les milieux militants sur les moyens à privilégier pour résister et contribuer à un changement social global. Les communications proposées pourront ainsi revenir sur le rapport à la violence dans les mouvements féministes et, plus généralement, dans les groupes activistes dans lesquels Françoise d’Eaubonne s’est impliquée. Elles pourront aussi prolonger cette réflexion par un regard sur la « convergence des luttes » mobilisée dans les milieux et les discours militants contemporains. De quelle manière la pensée et les propositions pratiques de Françoise d’Eaubonne permettent-elles une relecture des luttes actuelles, marquées par l’urgence climatique ? Sont ainsi bienvenues les communications qui, à partir de son héritage théorique et des contours radicaux et révolutionnaires de ses actions, contribuent à analyser l’éventail des liens tissés entre théorie et pratique tout au long de ces dernières décennies. Dans ce contexte, on pourra explorer également la façon dont sa pensée a pu se prolonger dans les champs de l’anthropologie et des sciences politiques, qu’il s’agisse de l’étude des sociétés matriarcales (Goettner-Abendroth, 2019), des Amazones (Mayor, 2017) ou encore de la jineolojî, cette science de la libération des femmes développée au Rojava.
Axe 2 – écoféminisme. « Famille nucléaire, société nucléaire : même combat ![5] »
Comme le rappelle Caroline Goldblum (2019), la prise de conscience du problème écologique naît chez Françoise d’Eaubonne au début des années 1970, alors que son féminisme est déjà affirmé. Elle énonce pour la première fois sa proposition politique d’un écoféminisme dans Le Féminisme ou la Mort (1974), la poursuit dans Les Femmes avant le patriarcat (1976) et la parachève avec Écologie, féminisme : révolution ou mutation ? (1978). Françoise d’Eaubonne s’appuie d’abord sur une critique radicale de l’espace domestique monogame, hétérosexuel et patriarcal, et s’attache à démontrer que les mêmes assignations et oppressions politiques capitalistico-patriarcales pèsent à la fois sur les femmes et sur la planète. Avec Françoise d’Eaubonne, « on redécouvre la maternité sous une lumière féministe, économique, et écologique ; au-delà de la traditionnelle bataille pour la pilule ou l’avortement, il s’agit d’un pouvoir qui s’étend au-delà du simple corps subjectif et individuel. C’est un pouvoir qui fait entrer en jeu l’avenir de l’espèce humaine, avec la question essentielle de la démographie. C’est en fait l’occasion inédite de construire une nouvelle forme de puissance politique : “le pouvoir donné aux femmes, c’est le non-pouvoir !” » (Bahaffou, 2019a). Seront bienvenues les contributions qui portent sur une vision politique de la maternité, la continuité entre la famille nucléaire et le régime nucléaire, dans sa dimension civile, militaire ou marchande.
Sont également bienvenues des communications contribuant à mieux comprendre l’écoféminisme d’eaubonnien ainsi que sa postérité académique et au sein des mouvements d’écologie politique, d’éthique environnementale, et bien sûr des mouvements féministes. Comment saisir le fleurissement de pistes écoféministes qui émanent de l’œuvre de Françoise d’Eaubonne ? Comment relier les filiations entre les écoféminismes contemporains et l’instigatrice du terme ? Quelles cartographies historiographiques peut-on établir pour suivre l’évolution et l’appropriation de sa pensée par d’autres auteur·es, chercheur·es ou militant·es ? Quels sont aujourd’hui les multiples usages du terme « écoféminisme » (Larrère, 2012), requalifiant parfois a posteriori des pensées qui ne s’en revendiquaient pas, effaçant par là des divergences ou révélant des écarts de traduction ou d’interculturalité ? En effet, les groupes écoféministes dont Françoise d’Eaubonne fait partie au début des années 1970 (association le Front féministe, Écologie-féminisme Centre) restent peu documentés dans leur activité. L’écoféminisme, en France notamment (Cambourakis, 2018), reste dans l’ombre jusqu’à sa récente redécouverte, tant dans les milieux académiques que militants. D’une part, des travaux académiques, comme ceux d’Émilie Hache (2016), Catherine Larrère (2012), Geneviève Pruvost (2021), Anne Querrien[6] ou d’Isabelle Stengers (2013) ont fait gagner à l’écoféminisme une renommée certaine. Ainsi, le travail mobilisé autour de la collection « Sorcières » dirigé par Isabelle Cambourakis a permis d’aboutir à l’accès au plus grand nombre des textes fondateurs comme ceux de Starhawk (2015, 2016) ou d’Ehrenreich et English (2016). Par ailleurs, une pensée militante s’est articulée à cette production théorique. On peut en suivre la trace dans la sphère politique à travers les propos récents de Delphine Batho et de Sandrine Rousseau notamment. Hors des sphères institutionnelles, des collectifs horizontaux, féministes et queer se réclament également de l’écoféminisme, sans pourtant en faire une identité fixe (Les Bombes Atomiques, Voix Déterres). Ce colloque pourra être l’occasion d’analyser la créativité des milieux écoféministes (leurs rituels, leurs slogans, leur art) et son articulation aux pratiques et pensées militantes.
En effet, les écoféminismes actuels connaissent une grande variété : écoféminisme végane ou antispéciste (Christiane Bailey), éco-queerness (Cy Lecerf Maulpoix), écoféminisme décolonial (Myriam Bahaffou), sorcellerie féministe (Camille Ducellier), écosexualité, etc. Nous pourrons ainsi nous interroger sur les liens entre ces différents courants et sur la pertinence de leur catégorisation sous des étiquettes telles que « matérialisme », « spiritualisme », « essentialisme », etc. Cette dernière catégorisation est, d’ailleurs, bien souvent employée comme discrédit du mouvement écoféministe (Leroy, 2020) et de la pensée de Françoise d’Eaubonne elle-même, dont le rapport à la nature reste souvent mal compris (Gandon, 2009 ; Roth-Johnson, 2012 et 2013).
Pourtant, le cœur de la pensée écoféministe de Françoise d’Eaubonne naît d’un « choc de l’effondrement », similaire à ce que vivent nombre de personnes aujourd’hui, à la suite du rapport Meadows de 1972. Elle reprend alors à son compte la critique de « l’illimistisme » en écho à la construction philosophique de Simone Weil : c’est notre déni de la nécessité qui provoque le déracinement des êtres, et une relation au monde basée sur l’illimitisme (matériel et psychique). Si l’isolement et le déracinement caractérisent à la fois la famille et le pouvoir nucléaires, ces mots renvoient également à des réalités sociales que d’Eaubonne traite de manière ambiguë. En effet, le déracinement et l’illimitisme sont au centre du processus colonial qui, pendant des siècles, a détruit de façon irréversible des peuples, des sols, des écosystèmes, des histoires riches et complexes, dont les femmes sont les premières victimes et résistantes. Ainsi, comme le soulignent Myriam Bahaffou et Julie Gorecki dans leur préface à la réédition du Féminisme ou la mort, l’écoféminisme de Françoise d’Eaubonne mérite d’être examiné à l’aune des thèses décoloniales (2020). De Samir Amin à Vandana Shiva en passant par Arturo Escobar, les pensées décoloniales sur l’écologie, le rôle du capitalisme et l’accès à la terre sont nombreuses. à ce titre, Malcom Ferdinand (2019) met au centre du processus de destruction écologique « l’habiter colonial », une façon d’habiter la Terre qui (re)produit les mécanismes de réification des vivant·es et de leurs terres, sur le modèle de la plantation esclavagiste. Tous ces apports offrent aux écoféminismes des pistes pour explorer des sujets qui sortent des canons blancs du genre en France.
Dans ce cadre, les regards critiques sur les biais occidentalocentrés de Françoise d’Eaubonne seront particulièrement intéressants en ce qui concerne sa vision des « femmes du Tiers-Monde », avec en lumière son propre engagement anticolonialiste contre la guerre d’Algérie. Comment replacer les thèses écoféministes de Françoise d’Eaubonne dans une continuité, voire un dialogue avec des féministes décoloniales qui articulaient déjà la question de l’assassinat de la nature avec celui des femmes et des terres ? Les féminismes communautaires d’Abya Yala, les mouvements de résistance autochtones aux États-Unis ou les critiques décoloniales post-Fukushima nous offrent des aperçus d’un éventail écoféministe qui assume la colonisation comme fondement de la destruction du vivant. Les approches décoloniales sur les questions de maternité, de reproduction, de parentalité chez d’Eaubonne permettraient d’éclairer ces enjeux d’une perspective tout à fait stimulante.
Axe 3 – « Pas un jour sans une ligne » : Littérature, écriture, création et engagement
Françoise d’Eaubonne a été très active dans le paysage de l’édition et de la littérature : membre du Conseil national des écrivains (à partir de 1953), elle a aussi été lectrice aux éditions Julliard (1953-1960), Calmann-Lévy (1960-1966) et Flammarion (1966-1970), et a édité un certain nombre de textes. Comme écrivaine, elle nous laisse près de cent ouvrages signés de son nom, et bien d’autres en collaboration ou sous pseudonyme[7]. L’ampleur de cette production littéraire et sa place dans le monde de l’édition contrastent avec son absence relative dans le champ littéraire et au sein des corpus universitaires et militants. Aujourd’hui, les travaux qui lui sont consacrés et la redécouverte de son œuvre se centrent majoritairement sur l’écoféminisme. Sont donc bienvenues des communications qui analysent la réception de cette œuvre et ses échos actuels, ainsi que les raisons de sa longue absence de reconnaissance, interrogeant par-là la place des femmes dans le champ éditorial et littéraire.
L’œuvre de Françoise d’Eaubonne est elle-même difficile à classer, une catégorisation qui peut certainement être remise en question, en ce qu’elle touche à une pluralité de formes et de genres (romans, biographies, autobiographies, essais, poèmes, livres pour la jeunesse, etc.), tout en en bousculant les frontières. Françoise d’Eaubonne se positionne, de surcroît, en tant que féministe dans son écriture, tant par l’invention d’un gynolecte qui s’affranchit d’une domination du langage soi-disant neutre[8] que par la manière dont elle privilégie les femmes comme lectrices potentielles (Jaccomard, 1991 ; Longtin-Martel, 2016), ou encore par ses essais qui proposent une réécriture de l’histoire relégitimant la place des femmes et par la riche intertextualité qui traverse ses textes et engage des dialogues avec ses contemporaines féministes. Les communications portant sur les analyses linguistiques et littéraires de son œuvre ou sur son travail biographique sont donc particulièrement opportunes. Pour autant, elle dénonce publiquement avec d’autres écrivaines (comme Duras, Sullerot ou Groult) « la catégorie critique des “ouvrages de dames”, dite aussi de la “littérature féminine”, qui les [contraint] à tenir une position littéraire de “résistance” (Rochefort, 1976) face à la dévaluation et la réception critique sexiste de leur œuvre » (Lassere, 2016). Encore peu développés, nous donnerons une large place aux analyses linguistiques et littéraires des ouvrages de Françoise d’Eaubonne, en particulier à son travail de biographes.
Le parcours d’écrivaine de Françoise d’Eaubonne s’avère inséparable de sa trajectoire biographique et de cette urgence à écrire qu’elle décrit à maintes reprises, comme sa devise « Pas un jour sans une ligne » le suggère. Enfant, sa grand-mère lui offre un cahier gris souris à ses initiales « FB » en lui recommandant « d’y écrire tout ce qui lui passe par la tête » (Mémoires irréductibles). Depuis, l’écriture ne la quittera plus jamais, associée à un mode de survie, de révolte et de fulgurance créative. Et ce qui lui passe par la tête se mêle inextricablement à un état du monde qu’elle ne cesse de contester et de vouloir repenser, tant dans ses œuvres que ses engagements militants. Françoise d’Eaubonne nous amène ainsi à questionner les liens entre littérature et engagement et la manière dont l’écriture, et plus largement la création, permet de penser et de transformer le monde. D’ailleurs, les mouvements écoféministes fourmillent d’humour et d’inventivité, laissant la place ou inspirant des artistes contemporain·es et donnant lieu à de nombreuses performances et mises en scène amatrices au cours de leur festival. Les communications pourront donc être l’occasion de s’interroger sur les articulations entre création, art et pratiques politiques.
Enfin, domaine largement associé aux hommes dans l’imaginaire collectif, ses ouvrages de science-fiction, publiés dans les décennies 1960-1970[9], sont à ce titre signifiants : Françoise d’Eaubonne imagine des utopies et contre-utopies pour aborder la condition des femmes, « revendiquer des droits (au corps, à la contraception, à l’orientation sexuelle) » et dialoguer avec ses contemporain·es (Longtin-Martel, 2016). Des communications proposant de mettre en lien les œuvres de science-fiction de Françoise d’Eaubonne avec le « potentiel fictionnel » (Larue, 2010) de la science-fiction féministe (Ursula K. Le Guin ; Joanna Russ ; Margaret Atwood ; Catherine Dufour ; Jeanne-A. Debats ; Élisabeth Vonarburg), écoféministe (Starhawk ; Sally Miller Gearhart ; Wendy Delorme) ainsi qu’issue de l’afrofuturisme, l’africanfuturism et de la black speculation (Octavia Butler ; Nora K. Jemisin ; Nnedi Okorafor) sont particulièrement bienvenues.
Modalités de soumission
Les propositions de communication doivent faire entre une et deux pages et comporter les éléments suivants :
- Nom et prénom, coordonnées électroniques et téléphoniques, institution de rattachement ;
- Brève biographie-bibliographie des auteur·es ;
- Résumé de la communication.
Cet appel à communication étant ouvert tant au milieu universitaire qu’aux milieux militants et artistiques, les formats de communication pourront être divers, n’hésitez à préciser des modalités qui conviendraient au mieux à votre intervention.
Vous pouvez nous contacter à l’adresse colloque.francoisedeaubonne@gmail.com pour plus de précisions.
Les propositions sont à envoyer avant le 14 janvier 2022 à l’adresse suivante : colloque.francoisedeaubonne@gmail.com
Comité scientifique
- Myriam Bahaffou, philosophe, CURAPP (Amiens), Institut d’Études Féministes (Ottawa)
- Isabelle Cambourakis, responsable éditoriale de la collection « Sorcières » des éditions Cambourakis
- Sylvie Chaperon, historienne, Université de Toulouse 2
- Vincent d’Eaubonne, diffuseur de matrimoine
- Ilana Eloit, politiste, Université de Lausanne
- Caroline Goldblum, historienne
- Émilie Hache, philosophe, Université de Nanterre
- Nicolas Longtin-Martel, études littéraires et co-fondation de la librairie l’Euguélionne (Montréal)
- Delphine Naudier, sociologue, CNRS Cresppa-CSU
- Danielle Roth-Johnson, Gender & Sexuality Studies, University of Nevada (Las Vegas)
- Élise Thiébaut, auteure et journaliste
- Anna Trespeuch-Berthelot, historienne, HISTEME, Université de Caen Normandie
Comité d’organisation
- Ligia Andrade, sociologue, CERReV, Université de Caen Normandie
- François Bordes, délégué à la recherche à l’IMEC
- Laure Bourdier, sociologue, CERReV, Université de Caen Normandie
- Butel Pascale, directrice des collections à l’IMEC
- Irène-Lucile Hertzog, sociologue, CERReV, Université de Caen Normandie
- Pauline Launay, sociologue, 2L2S, Université de Nancy et associée au CERReV, Université de Caen Normandie
- Noémie Moutel, études culturelles anglophones, CRESEM, Université de Perpignan Via Domitia et associée à ERIBIA, Université de Caen Normandie
Bibliographie
Bahaffou Myriam et Gorecki Julie, « Préface » in Eaubonne (d’) Françoise, Le Féminisme ou la mort de Françoise d’Eaubonne, Paris, Le passager clandestin, [1974] 2020.
Bahaffou Myriam, « Ecoféminisme décolonial : une utopie ? », AssiégéEs, 2019 b.
--- « Françoise d’Eaubonne, la maternité retrouvée », Paris, 2019a.
Bernard Jean-Pierre, Paris rouge : 1944-1964. Les communistes français dans la capitale, Paris, Champ Vallon, 1993.
Bonnet Marie-Jo, Mon MLF, Paris, Albin Michel, 2018.
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--- « Un écoféminisme à la française ? Les liens entre mouvements féministe et écologiste dans les années 1970 en France », Genre & Histoire, no 22, automne 2018.
Chaperon Sylvie, « Une génération d’intellectuelles dans le sillage de Simone de Beauvoir », CLIO, Femmes, Genre, Histoire, no 13, 2001.
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Gandon Anne Line, « L’écoféminisme : une pensée féministe de la nature et de la société », Recherches féministes, vol. 22, no 1, 2009.
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Martel Frédéric, Le Rose et le noir. Les homosexuels en France depuis 1968. Paris, Seuil, 1996.
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--- « Lost in Translation: Françoise d’Eaubonne, Essentialism, and the Materialist Origins of Ecofeminism», présenté à la rencontre annuel du National Women’s Studies Association, Oakland Marriott City Center, Oakland, novembre 2012.
Sibalis Michael, « L’arrivée de la libération gay en France. Le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) », Genre, sexualité & société, no 3, printemps 2010.
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--- Chroniques altermondialistes. Tisser la toile du soulèvement global, Patris, Cambourakis, 2015.
Isabelle Stengers, Au temps des catastrophes. Résister à la barbarie qui vient, Paris, La Découverte, 2013.
Thiébaut Élise, L’Amazone verte, Paris, Les Indomptées, 2021a.
--- « Préface » in Eaubonne (d’) Françoise, Le complexe de Diane, Paris, Julliard, [1951] 2021b.
Wittig Monique, Les Guérillères, Paris, Éditions de Minuit, 1969.
Notes
[1] Pour un recensement des ouvrages écrits par Françoise d’Eaubonne ainsi qu’une bibliographie critique sur l’auteure, voir le blog tenu par Nicolas Longtin-Martel, « Biscuit de fortune » : https://biscuitsdefortune.com/category/francoise-deaubonne/
[2] Cf. Françoise d'Eaubonne, Les Bergères de l'apocalypse (1978) en référence à Monique Wittig, Les Guérillères (1969).
[3] Cf. Thiebaut Élise, « Préface » in Eaubonne (d’) Françoise, Le complexe de Diane, Paris, Julliard, [1951] 2021b.
[4] Françoise d’Eaubonne soutiendra d’ailleurs sans relâche les prisonnier·es de la Fraction Armée Rouge et notamment d’Ulrike Meinhof dont elle œuvre à faire connaître la pièce de théâtre Mutinerie (Cambourakis, 2020).
[5] Autour de Françoise d’Eaubonne, se réunit un petit groupe de militantes à partir de 1973 avec l’association le Front féministe qui devient la formation Écologie-féminisme Centre l’année suivante. Ce slogan figure sur leur tract distribué lors d’une conférence de l’ONU sur la démographie mondiale et témoigne de leur volonté de réunir toutes les luttes en une (Goldblum, 2018, p. 216).
[6] Voir notamment son travail au sein de la revue Multitudes.
[7] On lui connaît les pseudonymes suivants : Claude Saint-Benoît, Diégo Michigan (pseudonyme collectif créé par Françoise d'Eaubonne), Lyle Eva, Marielle Lefebvre, Judith Régence.
[8] « Dans un contexte de non-mixité, à la fois enjeu et impératif révolutionnaire, et de dissociation de la sexualité et de la procréation, l’homosexualité trouve un lieu favorable où s’exprimer sans répression d’un désir jusque-là jugé anormal. Les femmes du Mouvement remettent ainsi en cause la normativité hétérosexuelle qui ne peut plus s’assimiler à la sexualité. Les mots et les textes accompagnent cette évolution. Dès 1970, Françoise d’Eaubonne invite, dans son essai Éros minoritaire, à la recréation linguistique. » (Lassere, 2016, p. 126).
[9] Après un roman jeunesse Le Sous-marin de l’espace (1959), Françoise d’Eaubonne écrit cinq romans de science-fiction : Les Sept fils de l’étoile (1962), L’Échiquier du temps (1962), Rêve de feu (1964), Le Satellite de l’amande (1975) suivi de Les Bergères de l’apocalypse (1978), auxquels on peut ajouter un ouvrage de littérature fantastique Je ne suis pas née pour mourir (1982).
Subjects
- Sociology (Main category)
- Periods > Modern > Twentieth century
- Society > Ethnology, anthropology
- Mind and language > Language
- Society > History > Women's history
- Society > History
- Society > Political studies
Date(s)
- Friday, January 14, 2022
Attached files
Keywords
- écologie, féminisme, écoféminisme, mouvement soical, littérature, XXe siecle, création
Contact(s)
- Pauline Launay
courriel : pauline [dot] launay [at] proton [dot] me - Lucile Hertzog
courriel : irene-lucile [dot] hertzog [at] unicaen [dot] fr
Information source
- Pauline Launay
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License
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To cite this announcement
« Redécouvrir Françoise d’Eaubonne », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, December 01, 2021, https://doi.org/10.58079/17sb