La réflexion sur l’Europe dans la période de l’entre-deux guerres a beaucoup été étudiée, mais surtout en tant que préhistoire de la construction européenne, vue comme un projet politique et économique. On s’est moins intéressé aux racines philosophiques et intellectuelles de ces idées d’Europe. Dans le contexte actuel, où la construction européenne et la démocratie libérale sont remises en question, il paraît pertinent de reconstruire les débats des années 1920 et 1930 afin de mieux comprendre les enjeux actuels. On n’a pas souligné jusqu’à maintenant l’importance de Max Scheler dans ces débats de l’entre-deux guerres. En effet, Max Scheler se situe en tant que philosophe dans un horizon européen, et il a été en relation avec des réseaux intellectuels européens. Enfin, il a élaboré une pensée originale de l’identité européenne.

16-17-18 juin

Argumentaire

La réflexion sur l’Europe dans la période de l’entre-deux guerres a beaucoup été étudiée, mais surtout en tant que préhistoire de la construction européenne, vue comme un projet politique et économique. On s’est moins intéressé aux racines philosophiques et intellectuelles de ces idées d’Europe. Dans le contexte actuel, où la construction européenne et la démocratie libérale sont remises en question, il paraît pertinent de reconstruire les débats des années 1920 et 1930 afin de mieux comprendre les enjeux actuels. À la fin de son ouvrage sur les concepts d’Europe en Allemagne, Vanessa Conze a plaidé à juste titre pour une prise en compte accrue des « idées de l’Europe » (Europaideen) par l’historiographie[1], et la publication récente d’un ouvrage de référence sur cette question de la philosophie face à la question européenne illustre l’actualité de tous ces débats[2].

On n’a pas souligné jusqu’à maintenant l’importance de Max Scheler dans ces débats de l’entre-deux guerres. En effet, Max Scheler se situe en tant que philosophe dans un horizon européen, comme le montre son intérêt pour la philosophie française ou sa réception dans les pays européens. Il a été en relation avec des réseaux intellectuels européens, et a collaboré à des revues qui mettent l’idée d’Europe au centre de leur projet éditorial. Enfin, il a élaboré une pensée originale de l’identité européenne, tout en critiquant l’eurocentrisme, et en faisant le diagnostic d’une globalisation du monde. Cette réflexion sur l’Europe commence au cœur de la Première Guerre mondiale et se poursuit dans les années qui suivent. Il s’agira donc dans ce colloque d’analyser cette dimension européenne de la pensée de Scheler, en la situant dans le contexte intellectuel plus large des débats sur l’Europe.

Cinq axes thématiques sont envisagés :

1. L’Idée de l’Europe et le discours de crise culturelle (chez Scheler, et autour de Scheler)
2. Les visions de l’identité européenne dans l’entre-deux guerres
3. Les enjeux politiques du Discours sur l’Europe
4. La critique schélérienne de l’eurocentrisme, en liaison avec son diagnostic sur la globalisation et son idée d’un rééquilibrage des cultures.
5. La phénoménologie schélérienne comme projet intellectuel européen et la réception européenne de Scheler

La manifestation a le soutien de l’Université Franco-Allemande et s’adresse en priorité aux doctorants et post-doctorants. Les exposés (d’une vingtaine minutes, suivies de 20-30 minutes de questions/discussion) devront de préférence être en langue allemande ou française.

Modalités de soumission

Les propositions de communication en français, allemand ou anglais de 2500 signes (espaces compris) ainsi qu’un bref CV devront être envoyées avant le 15 mars 2022 aux trois adresses suivantes :

• oagard.fr@gmail.com
• mkhorkov@mail.ru
• schlossberger@europa-uni.de

Comité d’organisation

• Olivier Agard, Sorbonne Université, Faculté des Lettes
• Gerald Hartung, Université de Wuppertal
• Matthias Schlossberger, Université de Francfort sur l’Oder
• Mikhail Khorkov, Académie des Sciences, Moscou

Organisé par Sorbonne Université (Faculté des Lettres), l’UMR SIRICE, le Groupe de Recherche sur la Culture de Weimar, l’Université de Wuppertal, l’Université européenne Viadrina de Francfort sur l’Oder et la Max-Scheler-Gesellschaft.

Comité scientifique 

• Olivier Agard, Sorbonne Université, Faculté des lettres
• Christian Bermes, Université Koblenz-Landau
• Guido Cusinato, Université de Vérone,
• Zachary Davis, St. John’s University, New York
• Michael Gabel, Université d‘Erfurt
• Gerald Hartung, Université de Wuppertal
• Evrim Kutlu, Université de Cologne
• Patrick Lang, Université de Nantes
• Matthias Schlossberger Université européenne Viadrina,de Francfort sur L’Oder
• Christian Sternad, Université de Koblenz-Landau
• Mikhail Khorkov, Académie des sciences, Moscou
• Ingrid Vendrell-Ferran, Université Goethe de Francfort
• Zhang Wei, Université Sun Yat-sen

Notes

[1] « Daher ist diese Studie auch als Plädoyer dafür zu lesen, Europakonzepte stärker als bisher in ihrer Vielgestaltigkeit, ihren nationalen Verankerungen, genauso wie in ihren internationalen Bezügen zu begreifen » (Vanessa Conze, Das Europa der Deutschen : Ideen von Europa in Deutschland zwischen Reichstradition und Westorientierung (1920-1970), München, Oldenburg, 2005, p. 403).

[2] Darian Meacham, Nicolas de Warren, éds., The Routledge Handbook of Philosophy and Europe, 2021.