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L’université algérienne postcoloniale

Al-Djazaïr, l’édification intellectuelle d’une nation : quels sentiers parcourus et à parcourir ?

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Publié le mercredi 12 janvier 2022

Résumé

De la nécessité de connaître et comprendre son passé pour mieux planifier et construire son avenir, ce séminaire consacré à une institution nationale souhaite revenir sur la naissance de l’université algérienne : questionner son contexte, ses fondements, sa politique, le rôle de ses acteurs, expliquer ses acquis et ses doutes d’aujourd’hui. Ce tour d’horizon s’avère une prise de conscience salutaire. Il rend pleinement compte de ce qu’est l’université algérienne en 2022, détermine ses points forts et ses insuffisances. Ce diagnostic est indispensable à l’élaboration du référentiel de compétences national. Il prépare déjà à une réforme efficiente de la première institution du savoir.

Annonce

Argumentaire

« La conscience est un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont entre le passé et l’avenir. » (Henri Bergson)

Au lendemain de l’Indépendance – 05 juillet 1962 –, l’Algérie entreprend de reconstruire un pays anéanti par 132 ans de colonisation extrême : un peuple analphabétisé, une identité bafouée, une culture dévalorisée et des biens confisqués. jeune, l’État Souverain renaît prodigieusement de ses cendres ; sa résilience est intacte, complète, entière.

En soixante ans, l’édification du pays marque une avancée considérable – mais non sans difficultés : pendant la première décennie de l’indépendance (1962-1971), l’État algérien se contente, bien malgré lui, de reconduire le système d’enseignement supérieur colonial ; d’autres chantiers plus urgents le sollicitent dont la construction des institutions politiques et économiques (Guerid, 2010). Ce fait explique, en partie, l’élitisme qui perdure durant toute cette période. Ce n’est qu’en 1971 qu’une réforme radicale est annoncée par le ministre chargé du secteur – M. Benyahia. Le développement économique et industriel du nouvel État souverain nécessite en effet des diplômés et une main-d’œuvre qualifiée. Ce sont ces besoins qui dictent alors les grandes lignes de la Réforme de 1971 : la promotion des formations technique et scientifique et l’optimisation du nombre des diplômés algériens. Mais l’Histoire était déjà passée par là…

L’inaugurale université de l’Algérie coloniale date de 1909 ; elle est fondée sur quatre écoles supérieures de médecine et de pharmacie, de droit, de lettres et de sciences. créée en réponse aux besoins de la colonisation, cette institution de la première heure accueille majoritairement des Français – appelés par la métropole « Algériens[1] » – et très peu d’Algériens autochtones.

Dans le débat franco-français, sa création ne donne pourtant pas lieu à un consensus : on n’y voit pas d’intérêt majeur et on juge que cela entraîne des dépenses inutiles contraires aux ambitions de l’expansionnisme impérial. Pour l’Algérie indépendante, c’est dans ces circonstances que l’enseignement supérieur constitué est décrété sous réserve qu’il ne devra en aucun cas être semblable à celui en vigueur en France, il devra être un enseignement spécifique dont les diplômes ne seront pas reconnus en France métropolitaine (Singaravelou, 2014).

C’est ainsi que l’on passe d’une centaine d’étudiants algériens pendant l’époque coloniale à 1 600 000 en 2021 (Boukerrou & al., 2021) – quant à l’encadrement, l’Algérie des années soixante compte à peine 1% d’Algériens ; en soixante ans, elle a pu recruter 60 000 enseignants (ibid.). Les infrastructures suivent évidemment cette tendance haussière : en 1962, on dénombre une seule université avec ses deux annexes, celle de Constantine et celle d’Oran ; en 2021, on recense 54 universités, 09 centres universitaires, 37 écoles nationales supérieures, 11 écoles normales supérieures, 12 unités de recherche, 06 agences de recherche et 19 centres de recherche. À cela s’ajoute 1673 laboratoires de recherche répartis sur l’ensemble du territoire (dgrsdt-dalilab, 2021).

En soixante ans, l’État algérien a ainsi investi et réalisé la démocratisation massive de l’université qui accueille des étudiants de toutes les classes sociales et de toutes les régions du pays : l’accessibilité de l’enseignement supérieur n’est plus réservée aux seuls citoyens du nord au détriment de ceux du Sud, ni à ceux de la ville aux dépens de ceux de la campagne. Mais cette bataille gagnée contre le malthusianisme ne signifie pas que la guerre de modernisation et de régénération d’un enseignement de qualité est gagnée. Il importe aujourd’hui de réfléchir aux mécanismes et stratégies à mettre en place afin que l’université puisse répondre au mieux aux besoins sociétaux, aux normes que réclame une économie forte ; aux exigences de qualité qui lui permettront de se mettre au diapason des universités les plus prestigieuses.

Dans cet esprit, il serait judicieux de nous interroger sur le parcours de l’Université. Cette institution du savoir, dont le peuple algérien a été pendant longtemps privé, est aujourd’hui largement accessible. Sa démocratisation massive ébranle les mécanismes de fonctionnement traditionnel et nous invite à repenser une réforme structurelle et fonctionnelle, seule garante d’un enseignement de qualité.

De la nécessité de connaître et comprendre son passé pour mieux planifier et construire son avenir, ce séminaire consacré à une institution nationale souhaite revenir sur la naissance de l’université algérienne : questionner son contexte, ses fondements, sa politique, le rôle de ses acteurs ; expliquer ses acquis et ses doutes d’aujourd’hui. Ce tour d’horizon s’avère une prise de conscience salutaire ; il rend pleinement compte de ce qu’est l’université algérienne en 2022 ; détermine ses points forts et ses insuffisances : comme diagnostic indispensable à l’élaboration du référentiel de compétences national, il prépare déjà à une réforme efficiente de la première Institution du Savoir.

À travers la présente manifestation scientifique, nous invitons dès lors tous les acteurs intéressés et préoccupés du développement durable de l’Université algérienne à enrichir le débat – bien loin des utopies théoriques. Nous comptons interroger la réalité du terrain et proposer une feuille de route en vue de bâtir un projet réaliste et réalisable où tous – enseignants, étudiants, partenaires sociaux, partenaires économiques, chercheurs indépendants, personnel administratif – se sentiront concernés et indispensables.

Axes du séminaire 

  • Axe 1 : De la gestion du flux à l’élaboration d’une gouvernance universitaire.
  • Axe 2 : Focus sur une recherche universitaire ouverte sur le contexte socio-économique.
  • Axe 3 : Formation universitaire à la responsabilité et à la citoyenneté.
  • Axe 4 : Pédagogie universitaire et pratiques innovantes.
  • Axe 5 : Identité d’étudiant : représentations, statuts et rôle.
  • Axe 6 : Enseignant-chercheur : représentations, statuts et rôle.

Indications bibliographiques

  1. Amara-E. et Maumann M., L’Europe universitaire, l’identité étudiante face à l’employabilité, L’Harmattan /Academia, 2021.
  2. Boukerrou et al., L’Université Algérienne : Évolution, Priorités et Stratégies ; Ed. Elmoudjahid, 2021.
  3. Guerid, « L’université algérienne a 100 ans », jaZairess, Le Quotidien d’Oran, 06-01-2010.
  4. Khelfaoui, « Le champ universitaire algérien entre pouvoirs politiques et champ économique ». Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 148, juin 2003. Entreprises académiques. pp. 34-46.
  5. Goldberg, « Une formation universitaire à la responsabilité pour les étudiants en sciences », Journal des Questions Scientifiques, 2000, 171 (4), pp. 349-377.
  6. Meynier, « L’Algérie et les Algériens sous le système colonial. Approche historico historiographique », Insaniyat, /انسانيات, 65-66| 2014, 13-70.
  7. Monsinjon et al., « L’Enseignement Supérieur Algérien à l’heure de la Gouvernance Universitaire (esagov) », Rapport final. https://esagovproject.eu/resultats/
  8. Rege Colet N et Romainville, La pratique enseignante en mutation à l’université, De Boeck, 2006.
  9. Rinne et Koivula J. (2005). « La place nouvelle de l’université et le choc des valeurs : L’université entrepreneuriale dans la société européenne du savoir : aperçu sur les publications ». Politiques et gestion de l’enseignement supérieur, vol. no 17, no. 3, 2005, pp. 99-132.
  10. Singaravelou p., « L’enseignement supérieur colonial ». Un état des lieux », Histoire de l’éducation, 122 | 2009, 71-92.

Modalités de soumission

Les propositions de communication ainsi qu’une notice bio-bibliographique sont à envoyer avant le 30 mars 2022 à : sepradis2022@gmail.com et femmam.chafika@gmail.com

Dates à retenir 

  • Date limite d’envoi des intentions de communication : 30 mars 2022.
  • Retour des notifications d’acceptation : 15 avril 2022.
  • Date du séminaire : 16 mai 2022.

Président d’honneur

Pr. Boutarfaia Ahmed, Recteur de l'Université de Biskra.

Présidentes du comité scientifique

  • Femmam Chafika, Professeur, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Ouamane Nadjette, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.

Membres du comité scientifique

  • Benghenissa Nacereddine, Professeur, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Bensalah Bachir, Professeur, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Dahou Foudil, Professeur, Université Kasdi Merbah, Ouargla.
  • Dakhia Abdelouahab, Professeur, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Dridi Mohamed, Professeur, Université Kasdi Merbah, Ouargla.
  • Khennour Saleh, Professeur, Université Kasdi Merbah, Ouargla.
  • Belazreg Nassima, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Kethiri Brahim, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Benaissa Lazher, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Benzid Aziza, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Kheireddine Tarek, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Moustiri Zineb, MCA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Président du comité d’organisation :
  • Ghamri Khadidja, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.

Membres du comité d’organisation

  • Aouiche Houda, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Baaissa Rabhia, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Boughfir Chahrazed, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Fettah Ifriqya, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Chellouai Kamel, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Guerrouf Ghazel, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Hamel Nawel, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Hammouda Mounir, MAA, Université Mohamed Khider, Biskra.
  • Benghenissa Imène, MAB, Université Abbes Laghrour, Khenchela.

Note

[1] Les Français d’Algérie étaient appelés par ceux de l’Hexagone des « Algériens », non seulement parce qu’ils habitaient « l’Algérie française », mais parce qu’ils n’étaient pas dans leur grande majorité des Français de « souche ».

Lieux

  • Université Mohamed Khider de Biskra
    Biskra, Algérie (07000)

Format de l'événement

Événement uniquement en ligne


Dates

  • mercredi 30 mars 2022

Mots-clés

  • Algérie, université, postcolonial, indépendance, identité, recherche

Contacts

  • Chafika Femmam
    courriel : femmam [dot] chafika [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Mounir Hammouda
    courriel : m [dot] hammouda [at] univ-biskra [dot] dz

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’université algérienne postcoloniale », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 12 janvier 2022, https://doi.org/10.58079/181e

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