AccueilLa gestation comme travail et comme production

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Publié le jeudi 20 janvier 2022

Résumé

L’objectif de la journée d’étude est de faire dialoguer différentes approches qui traitent de la gestation comme travail et/ou comme production, contribuant à une approche matérialiste de la production d’enfants dans les sociétés capitalistes. Les communications pourront porter sur différents aspects de ce travail/cette production, par exemple : la question du cumul du travail de gestation avec d’autres formes de travail ; une lecture théorique du travail de gestation ; une histoire de la façon dont le thème a été traité en sciences sociales ; la différente visibilité de cette thématique en fonction des contextes nationaux ; une mesure monétaire de la contribution du travail de gestation aux économies ; la question des accidents du travail dans la gestation comprise comme travail ; la reconnaissance implicite du travail de gestation dans le système de protection social (congé maternité) ; etc.

Annonce

27 juin 2022

Argumentaire

Alors que maternité, gestation et accouchements sont des thématiques fréquemment discutées dans la société française, en particulier à l’heure du vote de la loi qui permet la « PMA pour toutes », les étapes du travail de production des êtres vivants sont la plupart du temps considérées comme des mécanismes purement physiologiques, qui « œuvreraient sans le concours direct des femmes » (Hertzog, 20171). La perspective matérialiste, qui appréhende la gestation comme « activité productive » (Devreux, 19882) permettant la reproduction dans le temps de la force de travail est quasiment absente y compris de la littérature sur le travail gratuit féminin, malgré quelques analyses pionnières (Rich, 19763 ; Tabet, 19874, Devreux, 19885) restées isolées et disparates.

Symétriquement, bien qu’il existe de plus en plus de travaux consacrés à la question du travail reproductif en général et du « travail procréatif » (Mathieu et Ruault 20176) en particulier, la gestation (comprise comme le processus se déroulant entre la nidation et la naissance) fait figure de parent pauvre. Au Canada, un courant de la sociologie féministe a beaucoup traité de la question de la maternité (Descarries et Corbeil 20027), sans toutefois se focaliser principalement sur la question de la procréation et de la gestation. Ces travaux sont aussi assez peu connus en France, notamment du fait d’une forte tradition anti-maternité dans le féminisme français, celle-ci y étant pensée comme le creuset de l’oppression (Corbeil et Descarries 19948; Fortino 19979). En France, l’intérêt pour l’analyse du travail reproductif est plus récent (Tain, 2013) et la question est généralement traitée en lien avec les débats sur les nouvelles technologies de reproduction (Lowë et al., 201410). Cela explique que les travaux se concentrent plutôt sur le travail à fournir pour devenir enceinte (Hertzog 201711), ou symétriquement, pour l’éviter (Thomé et Rouzaud-Cornabas, 201712) et assez peu sur le travail de gestation lui-même. Si la théorie nord-américaine de la Reproduction Sociale (TRS) étudie depuis longtemps l’ensemble des formes de travail non reconnus constitutifs du capitalisme et parmi lesquelles elle inclue la gestation, celle-ci n’y est pas analysée en tant que telle (Vogel, 198313 ; Bhattacharya, 201714 ; Arruzza, Bhattacharya et Fraser, 202015).

L’objectif de la journée d’étude est de faire dialoguer différentes approches qui traitent de la gestation comme travail et/ou comme production, contribuant à une approche matérialiste de la production d’enfants dans les sociétés capitalistes. Les communications pourront porter sur différents aspects de ce travail/cette production, par exemple : la question du cumul du travail de gestation avec d’autres formes de travail ; une lecture théorique du travail de gestation ; une histoire de la façon dont le thème a été traité en sciences sociales ; la différente visibilité de cette thématique en fonction des contextes nationaux ; une mesure monétaire de la contribution du travail de gestation aux économies ; la question des accidents du travail dans la gestation comprise comme travail ; la reconnaissance implicite du travail de gestation dans le système de protection social (congé maternité) ; etc.

La journée d’étude se tiendra le lundi 27 juin au centre à Paris de l’Université de Chicago, situé dans le 13ème arrondissement de Paris.

Modalité de contribution

Les intentions de communications devront être envoyées pour le 1er mars 2022 au plus tard,

sous la forme d’un résumé de 500 mots maximum accompagné d’une bibliographie.

Les propositions de contributions sont à envoyer par mail à : clemence.clos@univ-grenoble-alpes.fr et irene.berthonnet@univ-paris-diderot.fr

Les notifications d’acceptation seront envoyées au plus tard le 31 mars.

Comité scientifique

  • Irène Berthonnet, Maîtresse de conférences Sciences Économiques, Université de Paris Diderot, Laboratoire LADYSS
  • Clémence Clos, Maîtresse de conférences Sciences Économiques, Université de Grenoble, Laboratoire CREG

Notes

1 Hertzog, I. L. (2017). Le travail re-productif des femmes: le cas de l’assistance médicale à la procréation (AMP) en France. Tracés. Revue de Sciences humaines, (32), 111-132.

2 Devreux, A.M., (1988), Les conditions de vie professionnelle des femmes enceintes. Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF).

3 Rich A. (1976). Of Woman Born. Motherhood as experience and institution. New York.

4 Tabet, P. (1985). Natural fertility, forced reproduction. Feminist Perspectives on The Past and Present Advisory Editorial Board, 111.

5 Ibid.

6 Mathieu, M., & Ruault, L. (2017). Présentation. Une incursion collective sur un terrain éclaté pour une approche matérialiste des activités liées à la production des êtres humains. Recherches sociologiques et anthropologiques, (48-2), 1-27.

7 Descarries, F., & Corbeil, C. (2002). Espaces et temps de la maternité (p. 11). Éditions du Remue-ménage.

8 Descarries, F., & Corbeil, C. (1994). Entre discours et pratiques : l'révolution de la pensée féministe sur la maternité depuis 1960. Nouvelles questions féministes, 69-93.

9 Fortino S. (1997), “De filles en mères. La seconde vague du féminisme et la maternité”, Clio. Histoire, femmes et sociétés, n° 5, pp. 217-238

10 Löwy I., Rozée V., Tain L., 2014, « Nouvelles techniques reproductives, nouvelle production du genre », Cahiers du genre, (1), 5-18.

11 Ibid.

12 Thomé C., et Rouzaud-Cornabas M., 2017, « Comment ne pas faire d’enfants ? », Recherches sociologiques et anthropologiques, 48-2 | 2017, 117-137.

13 Vogel L., 1983, Marxism and the Oppression of Women: Toward a Unitary Theory, Rutgers University Press, 1983.

14 Bhattacharya, T. (2017). Social reproduction theory: Remapping class, recentering oppression, Pluto Press.

15 Arruzza Cinzia, Bhattacharya Tithi et Fraser Nancy, 2020, Féminisme pour les 99% - un manifeste, La Découverte.

Catégories

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • mardi 01 mars 2022

Fichiers attachés

Mots-clés

  • gestation, travail

Contacts

  • Clémence Clos
    courriel : clemence [dot] clos [at] univ-grenoble-alpes [dot] fr
  • Berthonnet Irène
    courriel : irene [dot] berthonnet [at] univ-paris-diderot [dot] fr

Source de l'information

  • Clémence Clos
    courriel : clemence [dot] clos [at] univ-grenoble-alpes [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La gestation comme travail et comme production », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 20 janvier 2022, https://doi.org/10.58079/182s

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