AccueilApproches matérialistes des images ordinaires

AccueilApproches matérialistes des images ordinaires

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Publié le mercredi 19 janvier 2022

Résumé

Ce séminaire du collectif Imageries se donne pour objectif, d’une part, de promouvoir la réflexion autour de la sérialité et de la matérialité des images, induites par la notion d’imagerie ; d’autre part, de mettre en commun références théoriques et méthodes de travail afin de développer l’étude des images ordinaires (illustrations de presse, publicités, ephemera, créations vernaculaires, stock photos, mèmes, etc.) dans une perspective d’inspiration matérialiste, nourrie de l’apport des sciences sociales. L’accent sera mis sur la production, l’économie, la circulation, la consommation, ou encore les usages des images autant, sinon davantage, que sur les représentations qu’elles proposent.

Annonce

Présentation

« Approches matérialistes des images ordinaires » est un séminaire mensuel conçu par le collectif Imageries.

Retrouvez le programme sur le site internet.

Le séminaire se donne pour objectif, d’une part, de promouvoir la réflexion autour de la sérialité et de la matérialité des images, induites par la notion d’imagerie ; d’autre part, de mettre en commun références théoriques et méthodes de travail afin de développer l’étude des images ordinaires (illustrations de presse, publicités, ephemera, créations vernaculaires, stock photos, mèmes, etc.) dans une perspective d’inspiration matérialiste, nourrie de l’apport des sciences sociales. L’accent sera mis sur la production, l’économie, la circulation, la consommation, ou encore les usages des images autant, sinon davantage, que sur les représentations qu’elles proposent. Le séminaire accueillera à chaque séance un dialogue entre deux intervenant·e·s suivi d’une discussion collective.

Participation

Le séminaire est ouvert à toute personne intéressée :

  • en présentiel à l’EHESS au 54, bd. Raspail 75006 Paris, salle B02-18 (dans la limite des places disponibles)
  • en distanciel via la plateforme Starleaf

Inscription obligatoire à cette adresse.

Merci de préciser au cours de votre inscription si vous souhaitez assister au séminaire en présentiel (la priorité sera accordée aux étudiant·e·s de l’EHESS).

Organisation

Laura Truxa (EHESS),

Nathalie Sebayashi (EHESS),

Max Bonhomme (Paris Nanterre)

Programme 2022

14/02/22 : Ordinaire, populaire ou vernaculaire ?

  • Christian Joschke (Beaux-Arts de Paris), « La notion de « vernaculaire », une esthétisation du populaire ? »

Depuis le début des années 2000, la notion de photographie vernaculaire s’est imposée dans le marché de la photographie, la politique des musées et la critique d’art. Elle accompagne un intérêt croissant pour des formes populaires d’expression visuelle, à rebours de la photographie d’art défendue dans les années 1980 et 1990 : le « snapshot » en est la forme emblématique, mais la notion s’applique de manière élargie au portrait d’atelier, particulièrement le daguerréotype et le ferrotype, certaines formes de photographie scientifique, des photographies de services de police judiciaire etc., en somme toute photographie qui échappe aux critères de légitimation culturelle de la photographie d’art ou du reportage d’auteur. La photographie vernaculaire est en quelque sorte « l’autre photographie ». C’est en tout cas le sens que leur donnent récemment les travaux d’historiens et critiques comme Clément Chéroux ou Geoffrey Batchen. Or, les démarches artistiques et muséales des dernières années ont fait de la fascination pour les usages populaires et la matérialité de la photographie un ressort nouveau pour l’art et la politique des musées. Assisterait-on à une nouvelle forme de « primitivisme » ? Quand le monde de l’art s’intéresse au social, se livre une bataille entre l’esthétisation du populaire et la mise en lumière de phénomènes sociaux, entre l’art et l’anthropologie culturelle.

  • Elisa Marazzi (Université de Milan), « Quand « l’imagerie populaire » devient un jeu d’enfant »

Le débat sur la « culture populaire » par les historiens de la société a influencé la perception des imprimés de colportage, y compris les planches d’imagerie, publiées par les presses françaises et européennes dès le XVIIe siècle. Cela, combiné avec une manifestation tardive d’intérêt de la part de l’histoire de l’enfance et de la jeunesse, a empêché de retracer la rencontre entre les plus jeunes et l’imagerie imprimée, qui ne se passait pas seulement dans la rue, mais aussi à l’école, ou dans les maisons bourgeoises grâce aux jouets en papier. Dans mon exposé je présenterai des études de cas internationales dans le but non seulement d’accroître la connaissance de l’imagerie dite « populaire », mais aussi de réfléchir sur le rôle joué par les imprimeurs d’images dans la démocratisation de l’édition pour la jeunesse.

14/03/22 : Quels matérialismes ? Economie et politique des images

  • Laureline Meizel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ) et Marie-Eve Bouillon (Archives nationales), « Des producteurs de photographies ? Définition d’une notion et perspectives, à partir du n° 4 de Photographica »

L’enjeu de cette communication sera de présenter la notion de “productrices/producteurs de photographies” que nous avons proposée à la réflexion collective dans un séminaire à l’EHESS (2019, 2020), puis dans un appel à contributions pour le numéro 4 de la revue Photographica intitulé “Derrière l’image”, à paraître au printemps 2022. Que désigne cette expression ? Quelles méthodes appelle-t-elle ou induit-elle ? Et quels sont ses apports au regard de l’historiographie de la photographie ? En exposant la façon dont les auteur.e.s du numéro ont tiré parti de cet outil, il s’agira d’en préciser la définition, d’en expliquer les utilisations réelles et potentielles, enfin d’en discuter les perspectives et les limites.

  • Max Bonhomme (Université Paris Nanterre), « Quels matérialismes dans les histoires de l’imagerie populaire ? »

Cette intervention sera l’occasion de revenir sur l’historiographie de l’imagerie populaire, en interrogeant le positionnement idéologique des auteurs, collectionneurs, historiens, qui ont cherché à compiler et étudier, avec érudition, les images du “peuple”. Peut-on établir un lien entre la défense de l’imagerie par Champfleury et ses convictions républicaines ? Dans quelle mesure l’étude de l’imagerie a-t-elle contribué à construire une certaine notion du “populaire”, sans doute idéalisée ? Nous nous appuierons notamment sur le texte que Walter Benjamin a consacré au collectionneur Eduard Fuchs, qui trace les linéaments pour une histoire de l’imagerie sur des bases matérialistes.

11/04/22 : Cultures populaires, cultures médiatiques

  • Alice Jacquelin (Université Paris Nanterre), « Imagerie sérielle de l’édition populaire : les illustrations « kitsch » de Michel Gourdon (1925-2011). »

« L’homme au plus de 3000 illustrations », « l’illustrateur le plus talentueux des Trente Glorieuses », Michel Gourdon est une légende de l’illustration, surtout resté célèbre pour sa production prolifique de couvertures de romans policiers aux éditions du Fleuve Noir. Ses gouaches de pin-ups, de héros aux traits d’acteurs de cinéma, de scènes violentes et exotiques ont inondé l’édition populaire des années 1950 aux années 1970. Comment l’imagerie « kitsch » de Michel Gourdon a-t-elle durablement marqué les imaginaires d’une époque ?

  • Alice Morin (Philipps-Universität Marburg), « Circulations photographiques, des magazines aux livres : hiérarchies, catégories, trajectoires »

Dans la hiérarchie de la culture de l’imprimé, les photographies circulant entre les magazines illustrés et les beaux livres s’élèvent en passant des uns aux autres. Prendre en compte différentes catégories de la presse et de l’édition (de l’ouvrage publicitaire au coffee-table book, du catalogue à la monographie) complique cependant une vision ascensionnelle de ces transferts. De la même manière, considérer chaque nouvelle publication (ou performance) comme entrant en dialogue avec les précédentes, dans un processus continu et en flux plutôt que comme étape d’une trajectoire légitimante, ouvre des pistes pour nourrir une histoire des mécanismes de mise en visibilité de ces images, ou de ces collections d’images photographiques.

09/05/22 : Méthodes de l’enquête matérielle

  • Manuel Charpy (CNRS), titre à venir
  • Claire Le Thomas, « L’imagerie des pratiques ordinaires de création au tournant du XXe siècle »

Avec le développement du temps libre et la volonté d’encadrer les loisirs du peuple, le goût pour les travaux manuels et les loisirs créatifs se répand dans la société urbaine au cours du dernier tiers du XIXe siècle. Toutes les classes sociales sont gagnées par le désir de fabriquer ou orner soi-même les objets usuels ou décoratifs de l’habitation. On fabrique des vases, des cadres, des meubles, des tableaux… au moyen de matériaux de récupération ou d’articles tout faits vendus en magasins. Cette intervention s’attachera ainsi à analyser les différentes formes d’imageries en usage dans ces pratiques ordinaires de création : où les créateurs ordinaires récoltent-ils les images ou les objets dont ils se servent pour leurs créations et à quelles manipulations sont soumis ces matériaux ? À quelles imageries ont-ils recours et quelle est l’iconographie privilégiée au sein de ces usages créatifs ? A travers cet exemple, il s’agira également d’interroger la notion d’imagerie, tant dans son historiographie que dans ses dimensions épistémologiques, afin de comprendre pourquoi ce travail de recherche a, jusqu’à présent, peu eu recours à cette notion.

30/05/22 : Matérialités numériques

  • Laurence Allard (Université Lille 3), « Mème pas peur ? L’usage des mèmes dans la collapsophère publique. Approche écocritique pour une rematérialisation décoloniale du numérique. »

Cette conférence portera sur un corpus de mèmes partagés au sein de groupes de la “collapsosphère”, ces groupes ouverts sur la plateforme Facebook qui rassemblent individus ou collectifs préoccupés par la thématique des effondrements systémiques en lien avec le dérèglement climatique. Des groupes publics se sont spécialisés dans le partage de mèmes humoristiques ou parodiques. Ce corpus de mèmes et leurs commentaires documente la gamme plurielle d’affects, de perceptions et de conceptions vernaculaires mis en jeu dans ces partages commentés autour de la perspective effondriste. En plus de m’appuyer sur l’hypothèse du mème comme prose du web (Allard, 2016), je développerai l’apport d’une approche écocritique et décoloniale (Allard, 2022) du numérique, dont l’empreinte environnementale participe de l’effondrement anthropocénique et demeure néanmoins, au travers de ce genre de groupes Facebook, un terrain ambivalent d’alerte et de mobilisation.

  • autre intervenant.e sous réserve

13/06/22 : Légitimité des supports 

  • Bertrand Tillier (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Mérovak, l’Homme des cathédrales et les cartes postales à la Belle Époque »

Au début du XXe siècle, alors que la carte postale s’impose comme un média de masse, l’artiste Mérovak (1874-1955) qui, entre esthétique symboliste et défense du patrimoine, se pense en “Homme des cathédrales”, produit et diffuse des cartes postales dont il perçoit les vertus de propagande. On verra selon quelles modalités et à quelles fins cet artiste des marges du monde de l’art s’empare de cette image ordinaire et mobile pour la singulariser et conforter ainsi sa propre image d’itinérant.

  • Benoit Crucifix (Université de Liège / Université catholique de Louvain), « Bandes découpées : scrapbooks et bédéphilies ordinaires »

Si les histoires du fandom et de la bédéphilie ont tendance à s’aligner sur les années 1960, il reste encore à faire une archéologie des bédéphilies ordinaires et des usages de masse. Cette présentation se penchera sur les scrapbooks, albums réalisés à la maison à partir de bandes dessinées découpées dans les journaux, pour en considérer les enjeux épistémologiques et historiographiques.

Lieux

  • EHESS, 54, bd. Raspail
    Paris, France (75006)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • lundi 14 février 2022
  • lundi 14 mars 2022
  • lundi 11 avril 2022
  • lundi 09 mai 2022
  • lundi 30 mai 2022
  • lundi 13 juin 2022

Fichiers attachés

Mots-clés

  • imagerie, populaire, illustration, photographie, graphisme, étude visuelle, visual study, histoire de l'art, print culture, imprimé

Contacts

  • Max Bonhomme
    courriel : mbonhomme [at] dfk-paris [dot] org

URLS de référence

Source de l'information

  • Max Bonhomme
    courriel : mbonhomme [at] dfk-paris [dot] org

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Approches matérialistes des images ordinaires », Séminaire, Calenda, Publié le mercredi 19 janvier 2022, https://doi.org/10.58079/1833

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