HomeDécolonialité et afrohispanismes dans l’enseignement-apprentissage de l’espagnol langue étrangère en Afrique
Published on Tuesday, February 01, 2022
Summary
Face aux programmes éducatifs imposés aux peuples africains durant la colonisation et dont la majeure partie des contenus restent en vigueur à ce jour dans la quasi-totalité des anciennes colonies de l’Afrique francophone, la revue du centre africaniste d’études sur le monde hispano-lusophone (CAEMHIL), dans son quatrième numéro, se consacre à la décolonialité et à l’afrohispanismes dans l’enseignement-apprentissage de l’espagnol langue étrangère en Afrique. À travers ce numéro, Tambor entend recevoir des propositions de contribution qui déconstruisent les savoirs coloniaux, interrogent les structures dominantes de la connaissance occidentale, permettent de reconstruire et de consolider les cultures africaines longtemps bafouées et ignorées, etc., en somme, des contributions qui mettent en exergue la décolonialité du savoir.
Announcement
Coordonnateurs
- Hubert Edzodzomo Ondo, Maître-Assistant (Cames), Littérature Comparée
- Mexcin Ebane, Maître-Assistant (Cames), Civilisation de l'Espagne Contemporaine
Tambor est la Revue du Centre Africaniste d’Études sur le Monde Hispano-Lusophone (CAEMHIL) de l’École Normale Supérieure de Libreville au Gabon. Elle promeut et convoque toutes les disciplines ayant trait aux études tant africanistes qu’hispano-luso-américanistes afin de trouver les ponts scientifiques et pédagogiques intégrant l’Afrique, l’Europe et l’Amérique hispanique. Dans une triple approche, interculturelle, transversale et pluridisciplinaire, cette Revue est ouverte aux chercheurs des domaines des Sciences Humaines et Sociales, des Lettres, Langues et Arts, et des Sciences de l'Education.
Argumentaire
Durant la colonisation de l'Afrique noire, la plupart des Etats était soumis à une scolarisation systématique de leurs populations. Cette dernière était dictée par les intérêts et les règles des puissances colonisatrices à l'instar de la France, l’Angleterre, l’Espagne, etc. Depuis lors, dans le cas des anciennes colonies françaises, la structure des programmes éducatifs est restée presque la même, tout comme les différentes matières et leurs contenus. Ce mimétisme est particulièrement criard dans l’enseignement des langues européennes, appelées « langues étrangères » comme l’espagnol (Ngou Mvé N., 2012, p. 22-23).
Après les Indépendances en 1960, se tient à Addis-Abeba, du 15 au 25 mai 1961, la Conférence d’États africains sur le développement de l’éducation en Afrique. A l'issue de ce sommet, un « Pacte d’africanisation sur l’éducation » sera signé. Celui-ci propose l'adoption d'une nouvelle offre de formation imposant la contextualisation ou l'intégration des réalités socioculturelles africaines.
Mais vingt ans plus tard, force est de constater que ce système éducatif hérité de la colonisation reste en vigueur dans la quasi totalité des anciennes colonies françaises d'Afrique.
Pour sortir de ce mimétisme, le Gabon, organise ses premiers États Généraux de l’Education en 1983. Il s’agit de rechercher des objectifs nouveaux d’éducation qui répondent mieux aux mœurs, aux traditions, au génie de la culture, à la transformation rapide des conditions de la vie sociale et économique actuelle, à la préparation de l’avenir du Gabon. (Maître Mayila L. G., 1983, C)
Pour atteindre ces objectifs dans l’enseignement de l’Espagnol Langue Étrangère par exemple, depuis 2002, le pays fait le choix cette fois d'utiliser des manuels scolaires africains dont Horizontes édité en Côte d'Ivoire par NEI en collaboration avec EDICEF. Alors que la Côte d’Ivoire elle-même, depuis 2018, a entamé progressivement le renouvellement de ses manuels scolaires dont les nouveaux, !Ya estamos ! École, Nation et Développement, au Premier cycle et !Más allá ! Compétence et Réussite, au Second, porteurs de la nouvelle donne éducative en Afrique de l’Ouest, le Gabon, dans un manque de volonté manifeste, retarde toujours l'édition de son premier manuel.
Dans une logique où les anciens manuels scolaires axés sur une approche eurocentrée sont encore en circulation (Ondo Nguema M. & Okome Beka V. S., 2015), le Gabon devrait penser à concevoir ses propres outils pédagogiques. Ceux-ci doivent intégrer les contenus afroculturels basés tant sur ses savoirs endogènes, que sur ses réalités politiques et historiques. Dans cette dynamique, il doit exploiter le fruit de la recherche en éducation aussi bien des élèves-professeurs que des enseignants chercheurs du Département d'Espagnol de l'Ecole Normale Supérieure de Libreville. A titre d'exemple, les dernières productions comme Wongo, el guerrero wandji (2019) d’Eric Dodo Bounguendza traduit du français du Gabon en espagnol par Hubert Edzodzomo Ondo, ou encore sur Eluma (2020) de Valérie Praxède Bendaume jettent les bases de cette production « l’hispano-gabonais ». Ce qui rendrait plus évident la contextualisation ou la politique de l’authenticité. (Okome-Beka V.S, 2017)
Un ancrage de cette réflexion dans la pédagogie interculturelle viendrait à point nommé pour mettre en application cette politique. En effet, dans une situation de classe, l’apprenant africain sera amené à découvrir aussi bien la culture de son propre pays, celle de l’Afrique, que celle hispano-africaine. D’où une pédagogie interculturelle qui affirmerait la décolonialité du savoir. C’est-à-dire une éducation différente que permettrait de déconstruire les savoirs coloniaux, d'interroger les structures dominantes de la connaissance occidentale, afin de construire et reconstruire nos identités longtemps bafouées et ignorées. « Las cadenas ya no están en los pies, sino en las mentes », rappelait l’ Ekobio Mayor Manuel Zapata Olivella (Walsh C., 2007, 27). La pensée décoloniale, entendue comme une posture de lutte des peuples opprimés et comme un outil d’analyse, est capable de briser ses chaînes, de « réinterculturaliser », et de refonder l'Afrique avec de nouveaux citoyens : « Son estas cadenas puestas por las estructuras y sistemas del poder y saber coloniales, y aún mantenidas y reproducidas por la institución educativa, las que dirigen y organizan las maneras tanto de pensar como de ver el mundo » (Walsh C., 2007, 27).
Les axes de recherches ci-après suggérés ne sont pas exhaustifs :
- Axe 1 : Théorie et épistémologie décoloniales, pédagogies interculturelles, constructions discursives et langues africaines.
- Axe 2 : Politiques linguistiques et éducatives en Afrique,
- Axe 3 : Rapports entre langues maternelles, langues nationales et langues étrangères en Afrique,
- Axe 4 : Contenus afroculturels des programmes éducatifs en Afrique,
Modalités de soumission
Pour ce quatrième numéro, la Revue Tambor vous invite à lui soumettre vos articles en les envoyant conjointement par courrier électronique à Hubert Edzodzomo Ondo : edzodzomohu@yahoo.fr et à Mexcin Ebane : mebane489@gmail.com
jusqu'au 30 juin 2022 à minuit au plus tard.
Normes de présentation
Les projets d’articles en français ou en espagnol, conformes aux règles de rédaction scientifique, selon que ceux-ci relèvent d'une contribution théorique ou résultent d'une recherche de terrain, doivent être conformes aux normes éditoriales du CAMES qui disposent que:
- La structure d’un article scientifique en lettres et sciences humaines se présente comme suit :
Pour un article qui est une contribution théorique et fondamentale : Titre, Prénom et Nom de l’auteur, Institution d’attache, adresse électronique, Résumé en Français, Mots clés, Abstract, Key words, Introduction (justification du thème, problématique, hypothèses/objectifs scientifiques, approche), Développement articulé, Conclusion, Bibliographie.
- Pour un article qui résulte d’une recherche de terrain : Titre, Prénom et Nom de l’auteur, Institution d’attache, adresse électronique, Résumé en Français, Mots clés, Abstract, Key words, Introduction, Méthodologie, Résultats et Discussion, Conclusion, Bibliographie.
- Les articulations d’un article, à l’exception de l’introduction, de la conclusion, de la bibliographie, doivent être titrées, et numérotées par des chiffres (exemples : 1. ; 1.1. ; 1.2 ; 2. ; 2.2. ; 2.2.1 ; 2.2.2. ; 3. ; etc.).
- Les passages cités sont présentés en romain et entre guillemets. Lorsque la phrase citant et la citation dépassent trois lignes, il faut aller à la ligne, pour présenter la citation (interligne 1) en romain et en retrait, en diminuant la taille de police d’un point.
- Les références de citation sont intégrées au texte citant, selon les cas, des façons suivantes :
- (Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms et de l’Auteur, année de publication, pages citées) ;
- Initiale (s) du Prénom ou des Prénoms et de l’Auteur (année de publication, pages citées).
Exemples :
- En effet, le but poursuivi par M. Ascher (1998, p. 223), est « d’élargir l’histoire des mathématiques de telle sorte qu’elle acquière une perspective multiculturelle et globale (…), d’accroitre le domaine des mathématiques : alors qu’elle s’est pour l’essentiel occupé du groupe professionnel occidental que l’on appelle les mathématiciens(…)»
- Pour dire plus amplement ce qu’est cette capacité de la société civile, qui dans son déploiement effectif, atteste qu’elle peut porter le développement et l’histoire, S. B. Diagne (1991, p. 2) écrit :
Qu’on ne s’y trompe pas : de toute manière, les populations ont toujours su opposer à la philosophie de l’encadrement et à son volontarisme leurs propres stratégies de contournements. Celles là, par exemple, sont lisibles dans le dynamisme, ou à tout le moins, dans la créativité dont sait preuve ce que l’on désigne sous le nom de secteur informel et à qui il faudra donner l’appellation positive d’économie populaire.
- Le philosophe ivoirien a raison, dans une certaine mesure, de lire, dans ce choc déstabilisateur, le processus du sous-développement. Ainsi qu’il le dit :
le processus du sous-développement résultant de ce choc est vécu concrètement par les populations concernées comme une crise globale : crise socio-économique (exploitation brutale, chômage permanent, exode accéléré et douloureux), mais aussi crise socioculturelle et de civilisation traduisant une impréparation socio-historique et une inadaptation des cultures et des comportements humains aux formes de vie imposées par les technologies étrangères. (S. Diakité, 1985, p. 105).
- Les sources historiques, les références d’informations orales et les notes explicatives sont numérotées en série continue et présentées en bas de page.
- Les divers éléments d’une référence bibliographique sont présentés comme suit :
NOM et Prénom (s) de l’auteur, Année de publication, Zone titre, Lieu de publication, Zone Editeur, les pages (pp.) des articles pour une revue.
Dans la zone titre, le titre d’un article est présenté en romain et entre guillemets, celui d’un ouvrage, d’un mémoire ou d’une thèse, d’un rapport, d’une revue ou d’un journal est présenté en italique. Dans la zone Editeur, on indique la Maison d’édition (pour un ouvrage), le Nom et le numéro/volume de la revue (pour un article). Au cas où un ouvrage est une traduction et/ou une réédition, il faut préciser après le titre le nom du traducteur et/ou l’édition (ex : 2nde éd.).
- Les références bibliographiques sont présentées par ordre alphabétique des noms d’auteur. Par exemple :
AMIN Samir, 1996, Les défis de la mondialisation, Paris, L’Harmattan.
AUDARD Cathérine, 2009, Qu’est ce que le libéralisme ? Ethique, politique, société, Paris, Gallimard.
BERGER Gaston, 1967, L’homme moderne et son éducation, Paris, PUF.
DIAGNE Souleymane Bachir, 2003, « Islam et philosophie. Leçons d’une rencontre », Diogène, 202, p. 145-151.
DIAKITE Sidiki, 1985, Violence technologique et développement. La question africaine du développement, Paris, L’Harmattan.
Afin de faciliter le processus de publication de ce numéro de Tambor, les contributeurs sont tenus d'intégrer les marges suivantes dans leurs manuscrits en format word: haut: 6 cm; bas: 6,2 cm; gauche : 5,5 cm; droite : 5,5 cm, en tête: 0 cm; pied de page: 5,2 cm. Le manuscrit de 30 pages maximum en police Times New Roman avec interligne simple est fourni en français ou en espagnol accompagné d'un résumé de 10 lignes maximum en 2 langues: celle de la rédaction de l'article et en anglais. Pour les articles en langues africaines, l'auteur devrait produire trois: celle de langue de rédaction, l'anglais, et la langue africaine. L'auteur dégagera aussi 5 mots clés dans les mêmes langues.
Comité scientifique
Pr. Clément AKASSI (Howard University), Pr. Florence BELMONTE (Université Paul Valéry-Montpellier), Pr. Justo BOLEKIA BOLEKÁ (Universidad de Salamanca), Pr. Jacint CREUS (Universidad Autónoma de Barcelona), Pr. Victorien LAVOU ZOUNGBO, (Université de Perpignan Via Domitia) Pr. Faye MBARE NGOM, (Morgan State University), Pr. MBOL NANG (Université de Douala), Pr. Landry-Wilfrid MIAMPIKA (Université Alcalá de Henares), Pr. Mónica ZAPATA, (Université de Tours), Pr. Dorothy ODARTEY-WELLINGTON (Université de Guelth), Véronique Solange OKOME BEKA, Maître de Conférences (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Pr Sosthène ONOMA ABENA (Université de Yaoundé), Jean Arsène YAO, Maître de Conférences (CAMES), (Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, Abidjan), Ndioro SOW, Maître de Conférences (CAMES), (Université Gaston Bergé Saint-Louis Sénégal), Georges MOUKOUTI ONGOUEDOU, Maître de Conférences (CAMES), (Université Maroua Cameroun), Pierre Paulin ONANA TOUBA, Maître de Conférences, (Université Yaoundé I).
Comité de lecture
Véronique Solange OKOME-BEKA, Maître de Conférences (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Annie BEKA BEKA, Maître de Conférences (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Mathurin OVONO EBE, Maître de Conférences (CAMES), (Université Omar Bongo, Libreville), Elisabeth OYANE MEGNIER, Habilitée à Diriger des Recherches (HDR), (Université Omar Bongo, Libreville), Camille AMBASSA, Maître-Assistant (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Hubert EDZODZOMO ONDO, Maître-Assistant (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Mexcin EBANE, Maître-Assistant (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), André-Christian EBANE ELANG, Maître-Assistant (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Solange KIKI MVOUAKA, Maître-Assistant (CAMES), (École Normale Supérieure, Libreville), Danielle ADA ONDO, Maître-Assistant (CAMES), (Université Omar Bongo, Libreville).
Bibliographie
Ngou Mvé Nicolas, 2012, « Plaidoyer pour un nouvel enseignement de l’espagnol langue étrangère au Gabon et en Afrique Centrale », in Okome-Beka, Véronique Solange (Dir.). Langage et intégration. La Guinée Equatoriale dans la zone CEMAC, Paris : Monde Global,
Okome-Beka Véronique Solange, 2017, « Enseñanza de ELE en Gabón : reformas e introducción de contenidos afroculturales en la perspective de una oedagogía intercultural », in Revue d’Études décoloniales, [En ligne], consulté le 5 mai 2021, disponible sur : http://réseaudecolonial.org/2017/10/01/ensenanza-de-ele-en-gabon-reformas-e-introduccion-de-contenidos-afroculturales-en-la-perspectiva-de-una-pedagigia-intercultural/
Ondo Nguema Modeste, Okome-Beka Véronique Solange, 2015, Los manuales de Español Lengua Extranjera (ELE) en Gabón : Análisis y perspectivas para una etnoeducación, Barcelone : Éditorial Mey,
Walsh Catherine, 2007, « Interculturalidad, colonialidad y educación », in Revista Educación y Pedagogía, vol. XIX, núm. 48, Mayo-Agost,
Subjects
- Africa (Main subject)
- Mind and language > Education
Date(s)
- Thursday, June 30, 2022
Keywords
- décolonialité, afrohispanisme, enseignement, apprentissage, espagnol, langue étrangère, Afrique
Contact(s)
- Mexcin Ebane
courriel : mebane489 [at] gmail [dot] com - Hubert Edzodzomo Ondo
courriel : edzodzomohu [at] yahoo [dot] fr
Information source
- Mexcin Ebane
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« Décolonialité et afrohispanismes dans l’enseignement-apprentissage de l’espagnol langue étrangère en Afrique », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, February 01, 2022, https://calenda.org/960916