AccueilCommuns, communautés, territoires : quelles voies pour les transitions ?

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Publié le vendredi 04 février 2022

Résumé

À l’occasion de son dix-septième congrès, le réseau international de recherche sur les organisation et lde développement durable (RIODD) souhaite se saisir de la question pluridisciplinaire des communs, des communautés et des territoires pour explorer les voies vers les transitions qu’appellent les crises (écologique, économique, sociale) actuelles.

Annonce

Argumentaire

« La question de la soutenabilité n’est pas simple à traiter car nous faisons face à un double péril :l’exploitation abusive des ressources naturelles met en danger l’équilibre du climat et de la biodiversité, etles inégalités croissantes condamnent notre capacité à faire société ». (Eynaud, 2019).

Face à la poursuite de la destruction des écosystèmes et des liens sociaux, nous assistons au déploiement deformes variées d’organisation de l’action collective et de redéfinition des activités productives quiimpliquent les communautés de base et les territoires (cf. Coriat, 2020, Slawinski et al 2019).Qu’elles s’inscrivent dans des petites bourgades ou dans des grandes métropoles, au Nord ou au Sud, cesinitiatives collectives, plurielles, ont pour ambition de participer à la construction d’un environnementviable, soutenable. Elles sont porteuses d’innovations organisationnelles et sociotechniques. Elles s’appuient parfois sur l’usage raisonné de nouveaux outils numériques pour étendre la coopération entreacteurs et/ou communautés (Vercher - Chaptal et al., 2021).

Ces initiatives constituent de véritables laboratoires des transitions sociales et environnementales, aptes àconcerner la diversité des rapports entre nature et activités humaines que l’on rencontre de par le monde.Sur le plan conceptuel, le courant des communs, dont une part de ces initiatives de terrain se réclame, peuten fournir une grille de lecture pertinente. Ce courant ouvert par Elinor Ostrom dans les années 1980 s’estattaché à explorer les conditions dans lesquelles des communautés humaines insérées dans différents typesd’écosystèmes peuvent à la fois vivre des ressources naturelles qu’elles prélèvent de ces écosystèmes, etveiller à leur reproduction à long terme (Ostrom, 1990) témoignant ainsi d’une préoccupation écologiqueinitiale.De l’approche d’Ostrom, il ressort l’existence d’une diversité de formes auto-organisées d’action collective,assises sur des arrangements institutionnels susceptibles de produire, sous certaines conditions, une identitépropre et une autonomie (Chanteau et Labrousse, 2013 ; Brondizio et Pérez, 2017).

Le courant d’analyse des communs permet de dépasser l’aporie d’un cadre conceptuel uniquement fondésur l’opposition et/ou la complémentarité́ entre le marché et l’Etat et qui invisibilise un large pan desalternatives observées sur le terrain des transitions. Il permet d’articuler une perspective critique et uneattention pragmatique aux expériences émancipatrices (Sousa Santos, 2016). Il a suscité une abondanterecherche dans de nombreux champs des sciences sociales (sociologie, droit, économie, géographie, etc.).Et, en pratique, il serait « un mouvement ‘pour ‘, et plus seulement un mouvement ‘contre’ » (Laval, 2016).Depuis les premiers communs qualifiés de « physiques » ou « fonciers » étudiés par Ostrom, le champ descommuns a connu un élargissement dans de multiples directions (cf. Cornu-Volatron, Rochfeld, Orsi 2017).Il a intégré les communs informationnels et numériques d’accès universel et s’est étendu à la recherche surle vivant et aux créations littéraires et artistiques (creative commons)2Il concerne aujourd’hui un grand nombre de domaines (Hess, 2008), intègre la perspective processuelle ducommoning (Fournier, 2013 ; Helfrich et Bollier, 2017) et la notion de biens communs, « globaux » ou« mondiaux ».Longtemps limités à des ensembles « naturels » (les fleuves, les océans, l’atmosphère, etc.), les bienscommuns sont aujourd’hui, dans le cadre des travaux de la commission Rodotà (2016), rattachés aux droitsfondamentaux de la personne, ce qui élargit notablement le domaine et l’extension possible de leurdéploiement.En sociologie, notamment, la réflexion des communs a mis l’accent sur le ‘commun’, envisagé comme unprincipe politique (Dardot et Laval, 2014), tout en reconnaissant que c’est le rapport au vivant et à la planètequ’il est aujourd’hui essentiel de prendre plus largement en compte pour penser une sociologie du commun (David et Le Dévédec, 2016).

A l’occasion de son 17ème congrès, le RIODD souhaite se saisir de la question pluridisciplinaire descommuns, des communautés et des territoires pour explorer les voies vers les transitions qu’appellentles crises (écologique, économique, sociale) actuelles.Cette thématique s’inscrit dans les champs d’expertise du CEPN1 qui portera l’organisation du congrès. Ellefait écho au programme Crises & Transitions du laboratoire et aux travaux sur les communs qui y sontmenés depuis plusieurs années2. Elle s’inscrit plus largement dans le champ de la Structure Fédérative surles Communs de l’Université Sorbonne Paris Nord.Les expertises développées au sein du CEPN permettront, en outre, de compléter - et/ou d’articuler -l’analyse des transitions vue au travers de la perspective des communs par des travaux sur la finance verteou la finance participative, la prise en compte par les banques centrales de l’objectif de transitionenvironnementale, ou encore la modélisation multi-agents visant à intégrer les contraintes physico-financières et sociales de la transition écologique.Le CEPN bénéficiera pour l’organisation du congrès RIODD de l’appui de deux partenaires externes : l’IAE de Paris et la Chaire partenariale Comptabilité Écologique3.

Le rapprochement entre le champ des communs et celui des transitions soulève des questionnementsmultiples et impliquent différents niveaux d’analyse.

Ces questionnements peuvent, notamment, concerner :

  • les relations entre les communs et l’acteur public, notamment territorial :Les collectivités territoriales, si elles sont parfois à l’origine de la dégradation de l’environnement,4 peuventaussi participer à l’habilitation et à la consolidation des initiatives mises en œuvre par des communautésdans les domaines classiquement reconnus pour définir les politiques de transition qu’elles doivent menersur leur territoire, à savoir celui des transports, des habitations, des sources d’énergie renouvelables, de laqualité de l’eau, de l’alimentation, etc.Quelles formes de partenariats communs - collectivités locales peut-on envisager au profit des transitions ?Le rapprochement entre communs et acteurs publics peut-il participer à lier transition socio-environnementale et transition démocratique, sous quelles conditions ?
  • L’échelle des communs et les problématiques de gouvernance :Dans ses premiers travaux sur les communs fonciers, Ostrom pointe la nécessité de s’appuyer sur de petitscollectifs. La petite taille des collectifs facilite la délibération et le respect des règles, et favorise la vigilanceque chacun peut exercer à leurs endroits.La question des transitions environnementales concerne les ressources de grande dimension (les mers, lesocéans, l’atmosphère, le climat, etc.) qui s’adressent au grand nombre. Leur constitution en « communs »

Le constat d’un accroissement des pressions sur les milieux naturels et la biodiversité malgré lamultiplication des cadres normatifs et de gouvernance à l’échelle nationale et internationale, montre lanécessité d’engager et de coordonner des actions à d’autres échelles, notamment au niveau local.C’est bien pour sortir de l’impasse d’une gestion centralisée appliquée à un problème d’action collectivemulti-acteurs qu’Ostrom a proposé dans ses derniers travaux un schéma de gouvernance polycentrique,consistant à articuler plusieurs niveaux de gouvernance situés en autant de lieux que nécessaire et reliésentre eux.Quels modes de gouvernance susceptibles d’intégrer et de combiner une pluralité de niveaux et de lieux decoordination de l’action collective peut-on envisager pour gérer les transitions ? Comment peuvent-ils semettre en place ?

Les dispositifs concrets adaptés à une gestion en commun(s) des transitions socio-environnementalesIl est reconnu que la question des transitions, tout particulièrement pour la protection des écosystèmes, sejoue à un niveau inter-organisationnel. Il se pose alors la question des dispositifs institutionnels et des outilsde gestion qu’il s’agit de développer, spécifiquement adaptés à l’hétérogénéité des problèmes d’action et dedécisions collectives auxquels les acteurs doivent faire face pour obtenir des résultats tangibles en matièrede performances environnementales (Mermet, 2018 ; Barbier et al., 2020).Cette réflexion est notamment menée sur le terrain des outils comptables, via les travaux récents en« comptabilité de gestion écosystème-centrée » qui s’intéressent à la gouvernance collective, inter-organisationnelle, de la biodiversité (Feger et Mermet, 2017, 2021 ; Feger et al., 2021).Ces nouveaux systèmes de comptes écologiques, centrés sur les périmètres des socio-écosystèmes, visent àappuyer la négociation, la structuration et la gestion des engagements entre acteurs autour des problèmesd’environnement5.Sur le plan des dispositifs institutionnels, citons notamment l’innovation qu’a représenté le statut de SCIC(société coopérative d’intérêt collectif). Créé en 2001 pour favoriser la production ou la fourniture de bienset de services d’intérêt collectif présentant un caractère d’utilité sociale, ce statut facilite la représentationet la participation d’une diversité de partie-prenantes et la construction de coopérations ouvertes sur lesterritoires.En quoi et jusqu’où de nouveaux dispositifs comme ceux-ci peuvent-ils servir d’outils dialogiques et demédiation entre des acteurs portant des perspectives contrastées, souvent opposées, quant à l’avenir desterritoires ? Jusqu’où peuvent-ils accompagner l’émergence de modes de gouvernance en commun, et aiderles acteurs de la transition à rester attentifs aux tensions susceptibles d’exister entre l’exigence de réalisationd’objectifs de préservation écologique et la prise en compte des enjeux de justice environnementale etsociale ? Comment peuvent-ils permettre in fine aux acteurs publics et/ou privés de s’investir dans cesnouvelles gestions en commun tout en préservant la dynamique délibérative, caractéristique des communs,et nécessaire pour l’explicitation de l’intérêt général et sa défense face aux intérêts particuliers ?

Le congrès du RIODD se veut pluridisciplinaire. Toute recherche dans les champs des sciences humaineset sociales, des sciences de l’ingénieur et du vivant sera considérée avec intérêt.

Sesssions thématiques

La proposition de sessions thématiques, à soumettre avant le 01/03/2022.

Le présent appel ne concerne que la proposition de sessions thématiques qui sont préalablement soumises au comité́ scientifique du congrès pour pré́-sélection.

Les sessions thématiques peuvent être :  

  • des sessions « complètes », construites sur la base d’un ensemble de contributions réunies par un.e porteur scientifique (individuel ou collectif), par exemple dans le cadre d’une recherche collective.
  • des sessions « ouvertes », qui sont accompagnées d’un appel spécifique à contribution rédigé par le/les porteurs.

Les responsables des sessions thématiques retenues organiseront le processus d’évaluation en double aveugle des communications soumises pour leur session, en collaboration avec le comité́ scientifique du congrès qui validera in fine la liste des communications acceptées.

Les responsables de session assureront la présidence de leur session lors du congrès.

NB : Un appel à communications « varia » sera également proposé aux chercheurs souhaitant participer au congrès mais dont les travaux ne s’inscriraient dans aucune session thématique ouverte. 

Vous souhaitez proposer une session thématique ?

Deux formulaires sont à compléter et à envoyer avant le 01/03/2022 à riodd2022@sciencesconf.org

  • Formulaire A pour renseigner la proposition de session thématique (destiné au comité́ scientifique du congrès)
  • Formulaire B pour renseigner l’appel à communication de la session (uniquement pour les sessions « ouvertes ») qui sera diffusé après validation de la session par le comité́ scientifique.

Les documents sont téléchargeables sur le site du congrès : https://riodd2022.sciencesconf.org  >Onglet appel à session thématique : https://riodd2022.sciencesconf.org/resource/page/id/1

Pour toutes questions, vous pouvez envoyer un mail à l’adresse suivante : riodd2022@sciencesconf.org

Calendrier

  • 1/03/2022 : date limite de réception des propositions de session thématique ouverte

  • 11/03/2022 : ouverture de l’appel à communication
  • 18/05/2022 : date limite de réception des communications (papiers courts ou longs) 

  • 06/06/2022 : date limite de réception des propositions de session complète
  • 11/07/2022 : notification aux auteurs
  • 19/09/2022 : réception des versions définitives des communications 

Comité de pilotage

  • Corinne Vercher-Chaptal (USPN - CEPN) - Responsable (vercher@sorbonne-paris-nord.fr)
  • Acosta Alvarado Ana Sofia (USPN - CEPN) 
  • Aufrère Laura (USPN - CEPN) 
  • Bertin Evan (USPN - CEPN) 
  • Bluteau Ariane (USPN)
  • Bobadilla Natalia (USPN - CEPN) 
  • Clevenot Mickaël (USPN - CEPN) 
  • Eynaud Philippe (IAE de Paris, CREGOR) 
  • Feger Clément (AgroParisTech, Chaire Compatbilité Ecologique, MRM) 
  • Hamadache Karim (USPN - CEPN) 
  • Malo Mofakhami (USPN - CEPN) 

Comité scientifique

  • Acosta Alvarado Ana Sofia (USPN) 
  • Aggeri Franck (Mines ParisTech)
  • Antona Martine (CIRAD)
  • Aufrère Laura (USPN)
  • Baronian Laurent (USPN)
  • Godin Antoine (AFD)
  • Haftel Benard (USPN)
  • Hamadache Karim (USPN) 
  • Karyotis Catherine (Noema Business School)
  • Leroux Eric (USPN)
  • Berrier-Lucas Céline (ISG)
  • Levrel Harold (Agro ParisTech)
  • Bertin Evan (USPN)
  • Marais Magalie (Montpellier Business School)
  • Bobadilla Natalia (USPN)
  • Martin-Chenut Kathia (CNRS, Univ. Paris 1)
  • Bousquet François (CIRAD)
  • Maurel Lionel (CNRS)
  • Brabet Julienne (UPEC)
  • Mazuyer Emmanuelle (Univ. Lyon 2)
  • Broca Sébastien (Univ. Paris 8)
  • Micciarelli Guiseppe (Université de Salerne)
  • Brondizio Eduardo S. (Université d’Indiana)
  • Mofakhami Malo (USPN) 
  • Cano Liliana (USPN)
  • Moreau François (USPN)
  • Capron Michel (Univ. Paris-8)
  • Orsi Fabienne (IRD)
  • Carballa Smichowski Bruno (USPN)
  • Pecoud Antoine (USPN)
  • Carbone Valentina (ESCP)
  • Penalva-Icher Elise (Univ. Dauphine PSL)
  • Cazala Julien (USPN)
  • Perez Roland (Univ. Montpellier)
  • Chabaud Didier (IAE de Paris Université Paris 1 Petit Pascal (USPN)
  • Postel Nicolas (Univ. Lille)
  • Chanteau Jean-Pierre (Univ. Grenoble-Alpes)
  • Rambaud Alexandre (Agro ParisTech)
  • Clevenot Mickaël (USPN)
  • Ramboarisata Lovasoa (UQAM Montréal)
  • Coriat Benjamin (USPN)
  • Ramonjy Dimbi (Excelia business school)
  • Cournil Cristel (Sciences Po Toulouse)
  • Raulet-Croset Nathalie (IAE de Paris Université Paris 1
  • Courrent Jean-Marie (Univ. Montpellier) Panthéon Sorbonne) 
  • Coutinet Nathalie (USPN)
  • Rigot Sandra (USPN)
  • Daugareilh Isabelle (COMPTRASEC, CNRS)
  • Sakinc Erdem (USPN)
  • Dejean Frédérique (Univ. Dauphine PSL)
  • Séhier Clément (Mines Télécom)
  • Druelle-Korn Clotilde (Univ. Limoges)
  • Sobczak André (Audencia Nantes)
  • Dupré Michèle (CNRS, Centre Max-Weber)
  • They Marine (USPN)
  • Eynaud Philippe (IAE de Paris) 
  • Tordjman Hélène
  • Feger Clément (AgroParisTech) 
  • Vercher-Chaptal (USPN) 
  • Ferré Nathalie (USPN)
  • Vernac Stéphane (Univ. Picardie)
  • Garde Emmanuelle (IAE de Paris)
  • Zimmerman Jean-Benoit (CNRS)
  • Marie Jonathan (USPN)

Notes

1 Centre d’économie et de gestion de Paris Nord, UMR CNRS 7234.

2 Trois grands projets sur les communs ont été pilotés par le CEPN au cours des dix dernières années : programme PROPICE, programme EnCommuns, programme TAPAS

3 Chaire de la Fondation AgroParisTech (Fondation reconnue d'utilité publique).  Partenaires académiques : AgroParisTech, Université Paris-Dauphine, Université de Reims Champagne-Ardenne, Institut Louis Bachelier.https://www.chaire-comptabilite-ecologique.fr.

4 Ne serait-ce qu’à travers leurs émissions de gaz polluants et l’artificialisation des sols qu’elles entrainent.3pose donc la question des solutions qui peuvent être proposées pour assurer leur gouvernance (cf. Coriat2021 ; Frozel Barros 2019 ; Tordjman, 2021).

Lieux

  • Campus Condorcet
    Aubervilliers, France (93)

Format de l'événement

Événement uniquement sur site


Dates

  • mardi 01 mars 2022

Mots-clés

  • commun, développement durable, communauté, gouvernance, territoire

Contacts

  • Michèle Dupre
    courriel : michele [dot] dupre [at] msh-lse [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Michèle Dupre
    courriel : michele [dot] dupre [at] msh-lse [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Communs, communautés, territoires : quelles voies pour les transitions ? », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 04 février 2022, https://doi.org/10.58079/186i

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