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Le crime à l’écran dans le monde arabe

Screening Crime in the Arab World

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Veröffentlicht am Mittwoch, 16. Februar 2022

Zusammenfassung

Le présent colloque s’intéresse au cinéma et aux séries criminelles arabes : il s’agit d’œuvres de fiction mettant en scène des crimes, des criminels, et (le plus souvent) des personnages d’enquêteurs, publics ou privés, depuis les débuts du cinéma arabe jusqu’à nos jours ainsi que dans les séries TV. Son objectif est d'étudier ces œuvres dans leur contexte historique de production et de réception, et de réfléchir aux multiples dimensions – narrative, culturelle, sociale, juridique, politique, etc. – du champ criminel et, le cas échéant, de l’enquête dans les cinématographies et séries arabes.

Inserat

Argumentaire

Le présent colloque s’intéresse au cinéma et aux séries criminelles arabes : il s’agit d’œuvres de fiction mettant en scène des crimes, des criminels, et (le plus souvent) des personnages d’enquêteurs, publics ou privés, depuis les débuts du cinéma arabe jusqu’à nos jours. Le terme « arabe » est entendu au sens large, en référence à tout film ou série produits dans le monde arabe et/ou en langue arabe.

L’objectif de ce colloque n’est pas de coller une taxonomie rigide à ces œuvres criminelles mais de les replacer dans leur contexte historique de production et de réception, et de réfléchir aux multiples dimensions – narrative, culturelle, sociale, juridique, politique, etc. – du champ criminel et, le cas échéant, de l’enquête dans les cinématographies et séries arabes.

L’industrie cinématographique dans le monde arabe s’est saisie tôt de la thématique criminelle et policière. Depuis son essor dans les années 1950, le cinéma arabe, notamment en Égypte nassérienne, regorge de crimes, criminels, magistrats ou enquêteurs. Les thématiques et atmosphères du cinéma criminel arabe rappellent souvent le film noir américain ou français : jouant sur le noir et blanc et les musiques dramatiques, mêlant histoires de crimes (souvent des meurtres) et mélodrame social, il fait la part belle aux situations désespérées, où l’injustice, la désorientation, la folie ou la fatalité occupent le premier plan.

Il en est de même en ce qui concerne les séries TV, qui ont connu un grand succès bien avant le développement des plateformes payantes et des séries complexes, et sont souvent le théâtre d’enquêtes criminelles. L’observation de G. Parolin concernant les séries égyptiennes vaut pour le reste : « Les énigmes ou crimes figurent souvent comme le dispositif narratif central de séries entières qui ne sont pas nécessairement regroupées sous une même appellation générique » (Parolin, 2021a). La présence de ces énigmes ou crimes est aujourd’hui confortée par l’émergence de plateformes comme Shahid VIP, conçue dans la lignée de Netflix, qui contribue à revitaliser les genres populaires et enraciner le genre criminel dans les habitudes télévisuelles des publics arabes.

Le corpus conséquent de films noirs et de séries policières ou criminelles, la place qu’ils occupent dans le paysage cinématographique et télévisuel du monde arabe, l’expression formelle ou esthétique à laquelle ils aspirent, leurs discours parfois complexes et élaborés sur l’univers du crime, leur appropriation de motifs thématiques ou stylistiques venus d’autres cinématographies (notamment du cinéma hollywoodien), l’accueil de la critique, le succès populaire massif qu’ils rencontrent sont autant d’aspects qui nous invitent à les penser en termes génériques et à interroger leurs contextes, leurs codes, leurs caractéristiques, ainsi que la variété des lectures qu’ils suscitent.

Quelques jalons cinématographiques et sériels

L’on pense ainsi à Rayā wa Sakīna (Raya et Sakina, 1953) ou à al-Waḥš (Le monstre, 1954) du réalisateur Salah Abou Sayf, sur des scénarios de Naguib Mahfouz. Quand bien même l’enquête serait empirique, la poursuite du coupable à la tête de tout un système mafieux ainsi que le suspense qui les caractérisent les rapprochent du film de gangsters ou du film noir. Ces films montrent aussi que, tout en étant ancré dans un contexte local, le cinéma de la période classique égyptienne renvoie explicitement à certains auteurs et codes hollywoodiens. Une tendance qui se retrouve dans Bāb al-ḥadīd (Gare centrale, 1957) ou dans al-Iḫtiyār (Le choix, 1971) de Youssef Chahine. Plus récemment, The Nile Hilton Incident (Le Caire confidentiel), film multi-récompensé du réalisateur suédo- égyptien Tarik Saleh (2017, coproduction germano-dano-suédoise) s’impose comme « un vrai film noir » à l’égyptienne (Jean-François Rauger, Le Monde, 2017).

Le film policier maghrébin apparaît dès le milieu des années 1970. Il ne gagne en visibilité qu’au tournant du millénaire : Casanegra (2008/ langue d’origine dialectal marocain) de Nour-Eddine Lakhmari ou Bay‛ al-mawt (Mort à vendre. 2011) de Faouzi Bensaïdi constituent de puissants témoignages sur les effondrements et les vulnérabilités des sociétés arabes.

La littérature participe à alimenter le cinéma avec des récits de meurtres à élucider. Le film franco-algérien Morituri (2007) réalisé par Okacha Touita, est adapté du roman éponyme de l’écrivain Yasmina Khadra. L’Égyptien Ahmad Mourad écrit les scénarios de ses propres romans noirs : al-Fīl al-azraq (L’éléphant bleu, 2014) et Turāb al-mās (Poussière de diamant, 2018), réalisés par Marwan Hamed. Au Maroc, Abdulillah Hamdoushi écrit le scénario de son roman al-Ḥanaš (al-Hanaš, 2017). Les séries ne sont pas en reste. Dans certains pays arabes, le phénomène est d’ampleur, surtout pendant la période du Ramadan. Ainsi, en Égypte, on peut citer Man al-ǧānī ? (Qui est le coupable ?, 2015) ; Istīfā (Rapport préliminaire, 2015) ; Kalabš (Menottes, 2017) ou Ḍidd maǧhūl (Affaire non résolue, 2018). En Syrie, Luġz al-ǧarīma (Le mystère du meurtre, 2003) ; Ḫaṭṭ al-nihāya (Le chemin de la fin, 2002-2017) ou Kašf al- aqni’a (Les masques tombent, Ramadan 2011) figurent parmi les titres phares. Au Maroc, al-Qaḍiyya (L’Affaire, 2006-2007), al-Ġūl (L’Ogre », 2016) ou al-Sirr al-madfūn (Le secret enfoui, Ramadan 2020) illustrent le phénomène criminel. Et la liste est longue. 

Axes du colloque

Plusieurs axes de réflexion sont proposés :

S’interroger sur la manière dont la dimension noire/criminelle/policière se présente dans les films et séries arabes, depuis les débuts du cinéma arabe jusqu’à aujourd’hui. Quelle est la nature des crimes, le rôle des criminels, victimes et enquêteurs ? Que révèlent les modalités de l’investigation ? Quels sont les systèmes de valeurs, les idéologies, les ressorts historiques, socio-politiques, économiques et psychologiques, les points de vue dominants, le style visuel, les caractéristiques narratives de ces films et séries ?

Discuter la place et la popularité du genre policier dans les systèmes de production et de distribution des cinématographies et séries arabes, éventuellement en comparaison avec ceux d’autres pays.

Certains faits divers (en anglais « true crime ») ont défrayé la chronique et suscité plusieurs adaptations fictionnelles – cinématographiques, radiophoniques ou télévisuelles – comme l’affaire des deux sœurs Rayā et Sakīna (1919-1920) ou, plus récemment, le meurtre de Suzanne Tamim (2008) qui a inspiré nombre de séries télévisées, parmi lesquelles Layālī (2009), Ahl Cairo (2010), al-Murāfaʿa (2014) ou The Nile Hilton Incident. On pourra chercher à éclairer les perceptions de l’événement, sa mise en récit, traiter les passerelles entre fiction criminelle et histoire, ou scruter les contextes sociaux dans lequel ces adaptations s’enracinent.

Analyser les multiples interactions et relations que des films et séries criminels entretiennent avec des œuvres étrangères, les parentés avec le film noir ou les séries policières d’autres pays, les modalités spécifiques de l’investigation ainsi que leur identité transnationale, comme par exemple dans le cas de Grānd Hotel (2016) adapté de la série espagnole Gran Hotel, ou Zayy iš-Šams (2017) adapté de l’italien Sorelle. Étudier de façon croisée des œuvres littéraires criminelles et leurs adaptations filmiques ou télévisuelles. De grands réalisateurs comme Salah Abou Sayf ou Tawfiq Saleh se sont inspirés de romans de Naguib Mahfouz (al-Liṣṣ wa-l-Kilāb, 1962) ou de Tawfiq al-Hakim (Yawmiyyāt nāʾib fī l-aryāf, 1969). (Parolin 2021b). Mettre en lumière le rôle des écrivains et scénaristes dans la création de ces œuvres et dans la perception cumulative d’un genre noir/criminel/policier dans le monde arabe.

Modalités de soumission

Les présentations pourront adopter un point de vue panoramique et général, ou se concentrer sur un pays ou une période historique donnée, ou encore sur des créateurs ou des œuvres spécifiques, ces différentes échelles étant toutes pertinentes dans le cadre du colloque.

Les propositions de communication, de 400 mots maximum, en anglais, arabe ou français, devront parvenir avant le 15 mai 2022, en version Word. Elles comporteront le nom, la fonction, l’institution de rattachement de l’auteur, son adresse électronique et une biographie sommaire.

Elles doivent être envoyées à Katia Ghosn : katia.ghosn-baddoura@univ-paris8.fr et katiaghosn@gmail.com et à Benoît Tadié : benoit.tadie@univ-rennes2.fr

Début juin 2022 : envoi de l’avis du comité scientifique aux auteurs pour acceptation de la proposition de communication.

Langues de communication : français-anglais-arabe.

Le colloque aura lieu les 4,5 et 6 mai 2023

Informations utiles

Les transports et l’hôtel sont à la charge des participants, qui sont invités à solliciter leur centre de recherche pour leur défraiement.

Comité scientifique

  • Karl Akiki (Université Saint-Joseph de Beyrouth)
  • Katia Ghosn (Université Paris 8)
  • Toufic El-Khoury (Université Saint-Joseph de Beyrouth)
  • Gianluca Parolin (Aga Khan University)
  • Benoît Tadié (Université Rennes 2)
  • Dork Zabunyan Université Paris 8)

Bibliographie indicative

Ahmed Bedjaoui et Michel Serceau (dir.), Les cinémas arabes et la littérature, Paris, L’Harmattan, collection Images Plurielles, 2019.

Pierre Beylot et Geneviève Sellier (dir.), Les séries policières, Paris, L’Harmattan, 2004.

Luc Boltanski, Énigmes et complots, Paris, Gallimard, 2012.

Raymond Borde et Étienne Chaumeton, Panorama du film noir américain (1941-1953) (1955), Paris, Flammarion, 2004.

Denise Brahimi, 50 ans de cinéma maghrébin, Paris, Minerve, 2009.

Ian Cameron (ed.) The Movie Book of Film Noir, Londres, Studio Vista, 1992.

Claude-Michel Cluny, Dictionnaire des nouveaux cinémas arabes, Paris, Sindbad, 1978.

Toufic El-Khoury, Aliénation et déterminisme dans le film noir classique (1944-1949), Paris, L’Harmattan, collection Champs Visuels, 2020.

Jennifer Fay et Justus Nieland, Film Noir. Hard-Boiled Modernity and the Cultures of Globalisation, Londres et New York, Routledge, 2010.

Jane Gaffney, « The Egyptian Cinema: Industry and Art in a Changing Society », in Arab Studies Quarterly, vol. 9, N° 1, Belmont, 1987, p. 53-75.

Katia Ghosn et Benoît Tadié (dir.), Le récit policier arabe/Arabic Crime Fiction, Wiesbaden, Harrassowitz verlag, 2021.

Terri Ginsberg and Chris Lippard (eds.), Historical Dictionary: Middle Eastern Cinema, Lanham, Scarecrow Press, 2010.

Nathaniel Greenberg, The Aesthetic of Revolution in the Film and Literature of Naguib Mahfouz (1952-1967), Lanham/Londres, Lexington Books, 2014.

Sebastien Layerle et Monique Martineau-Hennebelle (dir.), « Chroniques de la naissance du cinéma algérien », Collection CinémAction, N° 166, Charles Corlet, 2018.

Berrah Mourry (dir.), « Les cinémas arabes », Éditions Charles Corlet, collection CinémAction, N° 43, 1987.

Fawzī Nāǧī, Waqāʾiʿ būlīsiyya fī l-sīnimā, Le Caire, GEBO, 2012.

Gianluca Parolin, « Bunyat al-Tahqîq fî ‘Yawmiyyât Nâʾib fî ’l-Aryâf’ Bayna al-Riwâya (1937) wa-l-Fîlm (1969) », in Salmā Mubārak & Walīd al-Ḫaššāb (eds.), al-Iqtibās : Min al-adab ilā al- sīnimā. Maḥaṭṭāt fī tārīḫ muštarak, Le Caire, al-Marāyā, 2021c, p. 141-162.

Thomas Pillard, Le film noir français face aux bouleversements de la France d’après-guerre (1946-1960), Nantes, Éditions Joseph K, 2014.

Samir Saif, Aflām al-ḥaraka fī l-sīnimā al-miṣriyya. 1952-1975, Le Caire, General Egyptian Book Organization, 1970.

Galāl al-Šarqāwī, Risāla fī tārīḫ al-sīnimā al-‛arabiyya, Le Caire, General Egyptian Book organization, 1970.

Viola Shafik, Arab Cinema. History and Cultural Identity, Le Caire, The American University in Cairo Press, 1998 (2007).

Alain Silver et Elizabeth Ward (dir.), Film Noir. An Encyclopedic Reference to the American Style (1979), New York, The Overlook Press, 1992.

Dominique Sipière, Le récit dans les séries policières : d’Hercule Poirot à Mentalist, Paris, Arman Colin, 2018.

Yves Thoraval, Regards sur le cinéma égyptien, Beyrouth, Dār al-Mašriq, 1975.

Sue Turnbull, The TV Crime Drama, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2014.

Magda Wassef (dir.), Égypte. 100 ans de cinéma, Paris, Institut du monde arabe, 1995.

Collectif, « al-Sīnimā al-maġribiyya », Maǧallat Āfāq, n° 85-86, Rabat, Manšūrāt Ittiḥād kuttāb al-Maġrib, juin 2014.

Orte

  • Université Saint-Joseph
    Beirut, Libanon

Veranstaltungsformat

Veranstaltung vor Ort


Daten

  • Sonntag, 15. Mai 2022

Schlüsselwörter

  • cinéma, série TV, film policier, film noir, crime, enquête

Kontakt

  • Benoît Tadié
    courriel : benoit [dot] tadie [at] niv-rennes2 [dot] fr
  • Katia Ghosn
    courriel : katia [dot] ghosn-baddoura [at] univ-paris8 [dot] fr

Informationsquelle

  • Benoît Tadié
    courriel : benoit [dot] tadie [at] niv-rennes2 [dot] fr

Lizenz

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Zitierhinweise

« Le crime à l’écran dans le monde arabe », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am Mittwoch, 16. Februar 2022, https://doi.org/10.58079/1896

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