Ce colloque international en mode hybride (clôturant le projet ANR RIGORAL) ambitionne de porter un regard original sur ces phénomènes en les inscrivant à la fois dans leurs gradations, dans leurs réceptions et dans leurs comparaisons. Si les croyances ou convictions radicales de certains individus les mènent à justifier l’action violente, beaucoup d’autres vivent une religiosité ou une conviction intensive, rigoriste ou radicale, qui n’implique aucune justification de la violence. La détection et la prise en charge des premiers s’avèrent certes une difficulté réelle et un enjeu de poids pour la société. Néanmoins la distinction entre les personnes potentiellement disposées à la violence (ou à son approbation) et celles qui recherchent simplement une voie religieuse (ou militante) ascétique — dont la forte intensité est souvent temporaire, notamment au sortir de l’adolescence  — est un enjeu à la fois scientifique et social.

Argumentaire

Ce colloque international en mode hybride ambitionne de porter un regard original sur ces phénomènes en les inscrivant à la fois dans leurs gradations, dans leurs réceptions et dans leurs comparaisons.

En effet, si les croyances ou convictions radicales de certains individus les mènent à justifier l’action violente, beaucoup d’autres vivent une religiosité ou une conviction intensive, rigoriste ou radicale, qui n’implique aucune justification de la violence. La détection et la prise en charge des premiers s’avèrent certes une difficulté réelle et un enjeu de poids pour la société. Néanmoins la distinction entre les personnes potentiellement disposées à la violence (ou à son approbation) et celles qui recherchent simplement une voie religieuse (ou militante) ascétique — dont la forte intensité est souvent temporaire, notamment au sortir de l’adolescence  — est un enjeu à la fois scientifique et social.

Le projet RIGORAL, financé par l’Agence nationale de la recherche, a articulé un questionnement sur les effets des politiques publiques de prévention de la radicalisation à une observation exigeante des variations de l’intensité religieuse musulmane. Il propose aussi des outils analytiques afin de distinguer les formes d’intensités, de rigorisme et de radicalités.

Le colloque vise donc à articuler les travaux réalisés dans ce cadre avec ceux d’autres chercheurs, afin de discuter de manière comparative l’analyse des gradations de l’intensité religieuse ou convictionnelle ainsi que des effets de leur catégorisation et de leur traitement.

La perspective retenue pour ce colloque pluridisciplinaire (sociologie, anthropologie, sciences politiques, histoire contemporaine) est donc de discuter et d’élargir la perspective, d’une double manière.

• D’une part on traitera de la présence de ces phénomènes d’intensités et de radicalités (ou qualifiés comme tels) dans l’espace public et de l’intervention dans ceux-ci de différentes catégories d’actrices et d’acteurs.
• D’autre part, on analysera l’expérience (individuelle et collective) de l’intensité religieuse et/ou militante. À cet égard, si l’équipe RIGORAL s’est focalisée sur les intensités religieuses musulmanes, il nous apparait heuristique et nécessaire, dans le cadre de ce colloque, de les mettre en perspective comparative avec des intensités religieuses non musulmanes ainsi qu’avec des intensités militantes non religieuses.

Programme

Jeudi 17 mars 2022

MISHA, Salle de Conférence

• 9h30 Accueil, café
• 10h00 Introduction du colloque

10h15 - Session 1 : Intensités et radicalités : diversité des contextes

• Approche analytique des caractéristiques de la radicalisation, à partir d’enquêtes sur des ermites et des antispécistes, Isacco TURINA, Université de Bologne (Italie)
• Nationalistes, réactionnaires ou identitaires, les nouvelles femmes de droite (en visio), Magali DELLA SUDDA, Centre Émile Durkheim-CNRS-Sciences Po Bordeaux

11h25 Pause - reprise à 11h45

• Quand le ciel et la terre ne font qu’un : comment le charismatisme convertit l’intensité de l'expérience individuelle en engagements politico-religieux, Yannick FER, Centre Maurice Halbwachs-CNRS-EHESS-ENS

12h20 Pause repas

14h00 - Session 2 : Intensités religieuses musulmanes

• Religion visible, rigorisme ou radicalité ? Décrire les intensités religieuses musulmanes, Anne-Sophie LAMINE, SAGE-Université de Strasbourg
• Contrastes et disparités normatives au sein des religiosités musulmanes francophones : le cas du "madhhabisme", Younes VAN PRAET, DysoLab-Université de Rouen

15h10 Pause

15h30 - Session 3 : Radicalités et violences politiques

• Récits et imaginaires de l’engagement djihadiste en Syrie dans la production audiovisuelle de 19HH et l’Organisation de l’État Islamique, Cécile BOËX, Centre d'études en sciences sociales du religieux-EHESS Paris.
• Analyse comparée des radicalisations jihadistes et d’extrême droite en Allemagne, Daniela PISOIU, Austrian Institute for International Affairs, Vienne (Autriche)

16h40 Pause

• 17h00 Conférence : Penser les radicalités politiques : de l'analyse processuelle des parcours à l'approche matérielle des faits, Isabelle SOMMIER, Centre européen de sociologie et de science politique-Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne

19h fin

Vendredi 18 mars 2022 

Collège doctoral européen (juste à côté de la MISHA), amphithéâtre

9h00 - Session 4 : Lutte contre la radicalisation : quelles conséquences sur les musulman.es ?

• « L’islam dans le viseur » : ce que le projet de loi et la catégorisation de « séparatistes » fait aux musulmans, Coline LUTZ et Anne-Sophie LAMINE, SAGE-Université de Strasbourg
• Prévention de la radicalisation à l’école et vécus scolaires musulmans, Claire DONNET et Iman EL FEKI, SAGE-Université de Strasbourg
• Les effets des politiques de contre-radicalisation sur les musulmans (en visio), Francesco RAGAZZI, Université de Leyde (Leiden, Pays-Bas)

10h45 Pause

11h00 - Session 5 : Des croyants et des ressources

• Penser les usages des ressources numériques musulmanes au-delà du paradigme de la radicalisation islamiste, Mélodie FOUBERT, SAGE-Université de Strasbourg
• L’instruction à domicile, un signe de radicalité ? Iman EL FEKI SAGE-Université de Strasbourg et Hanane KARIMI, DynamE-Université de Strasbourg

12h15 Pause repas

13h45 - Session 6 : Contre-radicalisation et intervention sociale

• Des travailleurs sociaux face à la radicalisation, stratégies de résistance et engagement, Bruno MICHON, École supérieure de travail éducatif et social-Université de Strasbourg
• Les travailleurs sociaux et la radicalisation : leurs points de vue et leurs dilemmes concernant le secret professionnel et le partage d'information (cas belge), Nadia FADIL et Lore JANSSENS, KU Leuven (Belgique)

14h55 Pause

15h15 Table ronde, professionnel·les de la prévention de la radicalisation

• Guillaume CORDUAN, psychiatre, hôpitaux universitaires de Strasbourg, réseau VIRAGE,
• Hélène VARLET, psychologue clinicienne, Coordination-Mission de Lutte contre la Radicalisation Violente, Direction interrégionale des services pénitentiaires Grand Est
• Une personne de SOS Aide aux Habitants (à confirmer)

Animation : Bruno MICHON

16h30 Mot conclusif

16h45 Fin

Participation

Entrée libre mais inscription obligatoire (avant le 16 mars), à partir des liens (hybride et présentiel) sur la page web du colloque : http://sspsd.u-strasbg.fr/2312