Dès les années 1970, les politiques concernant les drogues ont été au niveau global dominées par une approche répressive à l’égard des consommateurs. Dans les pays ouest-africains francophones, émerge à partir de 2010 une approche basée sur les soins, inspirée par les avancées de l’addictologie et les droits humains, qui inclut des initiatives de réduction des risques avec traitement de substitution à l’héroïne par la méthadone. Ce panel des Rencontres des études africaines en France (REAF, 28/06-01/07, Toulouse) vise à documenter des pratiques sociales qui relèvent de la répression, du soin, ou d’une combinaison de ces deux champs en Afrique de l’ouest.

Argumentaire

Dès les années 1970, les politiques concernant les drogues ont été au niveau global dominées par une approche répressive à l’égard des consommateurs. Dans les pays ouest-africains francophones, émerge à partir de 2010 une approche basée sur les soins, inspirée par les avancées de l’addictologie et les droits humains, qui inclut des initiatives de réduction des risques avec traitement de substitution à l’héroïne par la méthadone. Sur fond de légalisation partielle du cannabis et de circulation de nouveaux produits tels que le tramadol, l’ouverture de nouveaux centres de soins tend à médicaliser les pratiques, alors que subsiste la répression de l’usage. L’axe répression-soin semble désormais essentiel pour rendre compte du rapport aux drogues, diversifié selon les produits, les sites, et la place des acteurs dans la « vie sociale des drogues ». Ce panel des Rencontres des Etudes Africaines en France (REAF, 28/06-01/07, Toulouse) vise à documenter des pratiques sociales qui relèvent de la répression, du soin, ou d’une combinaison de ces deux champs en Afrique de l’ouest.

Objet

La « War on drugs » lancée en 1971 par le président Nixon a étendu au niveau global la répression face aux drogues. En Afrique, les législations héritées des politiques coloniales qui avaient exploité l’opium et le kif sont alors devenues répressives pour le trafic et la détention de stupéfiants, ménageant une possibilité de soin par injonction thérapeutique rarement pratiquée. A partir des années 2000, les connaissances médicales considèrent la consommation de drogues comme une addiction relevant de soins en santé mentale. En 2014, le Centre de Prise en charge Intégrée des Addictions de Dakar (CEPIAD) commence à délivrer un traitement de substitution (méthadone) et des soins, et à mener des interventions de réduction des risques auprès des consommateurs ; d’autres centres se développent ensuite en Afrique de l’ouest. A l’international, les instances (à l’exception de quelques pays dont la France en 2021) promeuvent alors une approche combinant santé et droits humains et distinguant les consommateurs des fournisseurs. De plus, la légalisation partielle du cannabis (a minima du CBD) dans de nombreux pays souvent producteurs et l’émergence de nouvelles drogues complexifient les approches juridique et médicale.

Ce cadre en mouvement (nouveaux produits en circulation tels que le tramadol, législations en cours de modification, nouveaux services de soins en addictologie, circulation du modèle global de réduction des risques, émergence d’associations de consommateurs…) tend à médicaliser les pratiques autour des drogues, alors que les approches répressives continuent à confondre la consommation et le trafic. Or, les études ethnographiques sur les drogues, peu nombreuses, se sont rarement intéressées à l’axe « répression-soin » qui semble désormais essentiel pour rendre compte du rapport aux drogues, diversifié selon les produits, les sites, et la place des acteurs dans la « vie sociale des drogues ».

Cet atelier (panel) coordonné par Pr Alice Desclaux (IRD, TransVIHMI) et Dr Albert Gautier Ndione (Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Centre Régional de recherche et de formation de Fann) vise, dans la perspective du Réseau des scientifiques sur les drogues en Afrique Francophone (RESCIDAF, rescidaf.hypotheses.org), à documenter des pratiques sociales qui relèvent de la répression, du soin, ou d’une combinaison de ces deux champs. L’objectif est de montrer les formes et effets locaux du changement de paradigme (soigner au lieu de réprimer), les tensions ou les interprétations conciliantes qui découlent d’injonctions globales ou nationales dans des contextes locaux, concernant divers acteurs de la production, la transformation, la commercialisation, la consommation, la répression, le soin, la législation, les politiques publiques pour les produits psychotropes illicites. Sont attendues des communications en sciences sociales : anthropologie, sociologie, droit, sciences politiques, économie…

Coordination scientifique du panel

• Pr Alice Desclaux (IRD, TransVIHMI)
• Dr Albert Gautier Ndione (Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Centre Régional de recherche et de formation de Fann)

Modalités de soumission

Informations complètes sur le site des Rencontres des études africaines en France (Atelier A8)

Nous vous invitons à nous faire parvenir vos propositions de communication suivant l’argumentaire ci-dessus, comprenant le titre, un résumé (250-300 mots), 5 mots-clé, une bio de 3-4 lignes (incluant fonction, établissement, année doctorale, laboratoire de rattachement, projets de recherche, thèmes d’intérêt, etc.)

Merci de nous envoyer vos propositions avant le 18 mars 2022 aux adresses suivantes :

• alice.desclaux@ird.fr
• ndionealbert86@gmail.com

Informations diverses

Les REAF ne financent pas les frais de déplacement et d'hébergement pour les participants, qu'il s'agisse de responsable d'atelier ou de communicant.e.

Comité scientifique des 7^e REAF

• David Ambrosetti, LAM, Sciences Po Bordeaux, Sciences politiques
• Sarah Andrieu, IMAF, Université Nice Sophia Antipolis, Anthropologie
• Marie-Pierre Ballarin, URMIS, Université Côte d'Azur, Histoire
• Michel Barbaza, TRACES, Toulouse 2 Jean Jaurès, Archéologie
• Hourya Bentouhami, ERRAPHIS, Toulouse 2 Jean Jaurès, Philosophie
• Jean-Philippe Berrou, LAM, Sciences Po Bordeaux, Economie
• Pierre Boilley, IMAF-Aubervilliers, Histoire
• Giulia Bonacci, URMIS, Université Côte d'Azur, Histoire
• Gilles Boulet, CESB, UPS Toulouse, Télédétection et hydro-agronomie
• Marie Bridonneau, LAVUE, Université Paris Ouest, Géographie
• Sophie Dulucq, FRAMESPA, Toulouse 2 Jean Jaurès, GIS EAF, Histoire
• François-Seck Fall, LEREPS, IEP Toulouse, Économie
• Stéphanie Lima, INUC Albi, LISST-CERS, Toulouse 2 Jean Jaurès, GIS EAF, Géographie
• Corinne Galy-Lacaux, LAERO, UPS Toulouse, Physicochimie
• Daouda Gary-Tounkara, IMAF-Aubervilliers, Histoire
• Bénédicte Gastineau, LPED, AMU, Démographie
• Jean-Christophe Goddard, ERRAPHIS, Toulouse 2 Jean Jaurès, Philosophie
• Marc Gruas, CEIIBA, Toulouse 2 Jean Jaurès, Littérature lusophone
• Vincent Hiribarren, LAM, IFRA-Ibadan, Histoire
• Céline Lesourd, Centre Norbert Elias, Marseille, Anthropologie
• Jean-Luc Martineau, INALCO, CESSMA, Paris Diderot, Histoire
• Kevin Mary, ART-DEV, Université de Perpignan, Géographie
• Catherine Mazauric, CIELAM, AMU, Littérature comparée
• Marie-Hélène Moncel, Musée National d’Histoire Naturelle, Paris, Archéologie
• Marianne Morange, CESSMA, Paris Diderot, Géographie
• Didier Nativel, CESSMA, Paris Diderot, Histoire
• Marc-Antoine Pérouse de Montclos, CEPED, Université de Paris, Sciences politiques
• Alain Piveteau, PRODIG, Université de Bordeaux, GREThA, Économie
• Hervé Pennec, Directeur du GIS "Etudes africaines en France", IMAF-AIx-en-Provence- Histoire
• Florence Renucci, IMAF-Aix-en-Provence, Histoire du droit
• Ophélie Rillon, IMAF-Aubervilliers, Sciences politiques, histoire
• Samuel Sanchez, IMAF-Aubervilliers, Histoire
• Céline Thiriot, LAM, Sciences Po Bordeaux, Sciences politiques
• Cécile Van den Avenne, IMAF-Aix-en-Provence, Sociolinguistique