InicioUrbaphobies (XVI-XXIe siècle)

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Publicado el viernes 11 de marzo de 2022

Resumen

Ce colloque s’intéresse aux sentiments hostiles à la ville, pour les époques moderne et contemporaine. L ’urbaphobie est la critique, voire la condamnation de la ville, en particulier lorsqu’elle est grande. Ce thème reste plutôt novateur dans le domaine des sciences historiques françaises. De fait, cet intérêt fut d’abord celui des géographes, avec une appropriation progressive par les historiens. Il y a donc une parfaite pertinence à mener ce sujet de l’époque moderne à nos jours, dans une perspective pluridisciplinaire, tant il est vrai que les peurs suscitées par la ville sont un phénomène sans doute aussi ancien que la ville elle-même.

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Colloque international et pluridisciplinaire, Bordeaux, 12-13 janvier 2023

Argumentaire

L’urbaphobie est la critique, voire la condamnation de la ville, en particulier lorsqu’elle est grande. Ce thème reste plutôt novateur dans le domaine des sciences historiques françaises. À l’échelle internationale, quelques chercheurs ont exploré le sujet. Morton et Lucia White[1] ont ainsi analysé l’hostilité des intellectuels américains à l’égard de la ville. Klaus Bergman a pour sa part travaillé sur les origines de l’urbaphobie en Allemagne et ses implications dans le régime nazi[2], une démarche qu’on retrouve chez Anna Trêves (1981) et Ricardo Mariani (1976) à propos du fascisme italien[3]. Citons enfin le travail d’Anton King[4] (1980) sur les caractéristiques de l’urbaphobie anglaise entre 1880 et 1939 et l’analyse du désamour de la ville en Suisse par Joëlle Salomon Cavin[5].

De fait, cet intérêt fut d’abord celui des géographes, avec une appropriation progressive par les historiens. Ainsi, l’année 2007 a été particulièrement fructueuse, avec le colloque de Cerisy Ville mal aimée, ville à aimer[6], dirigé par Bernard Marchand et Joëlle Salomon Cavin, tous deux géographes ; le colloque de Paris XII Val de Marne, qui conduit à l’ouvrage collectif dirigé par Arnaud Baubérot et Florence Bourillon, Urbaphobie, la détestation de la ville aux xixe et xxe siècles, avec des historiens, et une approche centrée sur les xixe et xxe siècles. Mais l’anthologie de Bernard Marchand, Les ennemis de Paris[7], prouve bien que dès le xviiie siècle, les détracteurs de la capitale sont nombreux. Il y a donc une parfaite pertinence à mener ce sujet de l’époque moderne à nos jours, dans une perspective pluridisciplinaire, tant il est vrai que les peurs suscitées par la ville sont un phénomène sans doute aussi ancien que la ville elle-même. En outre, cette thématique constitue une prolongation logique des deux grands colloques internationaux organisés par le CEMMC, l’un sur les urbicides, l’autre sur les peurs urbaines. Dès lors, la question de l’urbaphobie pourra être explorée de différentes manières. Les pistes proposées ne sont que quelques suggestions, en rien limitatives.

Urbaphobie et environnement, entre angoisse et réalité du risque

La ville, milieu délétère, est une image très ancrée autant qu’une réalité. Espace aux conditions sanitaires déplorables, il favorise les contagions et l’on sait que le tribut payé à la peste fut bien plus lourd dans les villes qu’à la campagne. Progressivement aussi, les populations prennent conscience de l’existence dans les villes d’une forte pollution environnementale. Si ce phénomène est généralement associé à la montée de l’industrialisation, il se manifeste déjà à l’époque moderne, avec la crainte des miasmes, le développement des théories aéristes etc. La ville du xixesiècle est de plus en plus considérée en Europe, particulièrement en France et au Royaume-Uni, comme un problème : sa taille croissante, ses conditions sanitaires, les industries qui s’y développent et introduisent des pollutions nouvelles, font craindre l’émergence d’une classe de barbares en son sein. De graves crises sanitaires (choléra) ou environnementales aggravent ces inquiétudes. La létalité des brouillards de Londres, particulièrement intenses à partir des années 1870, est ainsi enfin comprise, sans pour autant que des solutions efficaces soient trouvées pour les dissiper. Il s’agira moins, dans le cadre de ce colloque, d’analyser la réalité de ces phénomènes, que de comprendre en quoi ils nourrissent un rejet de la ville, qui s’exprime de différentes manières.

Urbaphobie et perditions morales

Depuis Babylone, Sodome et Gomorrhe, s’est développée à travers les âges l’image d’une ville destructrice des structures traditionnelles de la société. Si pour beaucoup, la ville incarne le rêve d’une vie meilleure, lorsque le projet tourne au cauchemar, la cité devient alors source de tous les maux sociaux : criminalité, misère, mauvaises mœurs, dégénérescence des individus, perte des liens sociaux, émeutes[8]… La ville, au cœur des passions et des violences, fait peur car elle concentre des lieux typiquement perçus comme subversifs, comme les maisons closes, ou encore l’hôtellerie, critiquée pour être un lieu de jeu et de prostitution. Il serait dès lors possible de proposer une géographie de l’urbaphobie. Certains quartiers sont plus mal famés que d’autres, de même que certains lieux, mais certains ont surtout la réputation d’être mal famés, et cristallisent l’urbaphobie ; c’est moins la ville en son ensemble que l’on craint, mais tel ou tel espace. Cette approche géographique peut se doubler d’une approche sociologique, tant il est vrai que ce sont certaines composantes de la population urbaine qui sont ciblées par les sentiments urbaphobes.

Exprimer l’urbaphobie

Les formes de l’urbaphobie sont multiples. La thématique alimente en effet tout un discours, que l’on trouve dans des pétitions, des pamphlets. Elle peut alimenter voire servir de socle à un programme politique. Cette urbaphobie peut aussi se traduire de manière très concrète, par des phénomènes de fuite, de l’ensemble de la population ou de certaines catégories de population. Une attention toute particulière sera portée à la manière dont l’urbaphobie s’exprime dans les arts. Cette peur de la ville a longuement inspiré les artistes, quel que soit leur domaine de spécialité. En littérature, les romans d’anticipation s’emparent de cet imaginaire sombre pour dresser le portrait terrifiant d’une ville malade et assassine, à laquelle répond soit l’idéal de la campagne soit celui d’une ville saine débarrassée de ses pollutions. On pensera aussi à la manière dont l’urbaphobie est mobilisée dans le roman graphique, le manga, ou encore au cinéma. On s’appliquera à décoder les modalités de la représentation et les codes de l’urbaphobie dans les arts, leur évolution à travers le temps.

Modalités de contribution

Les propositions de communication (résumé en 300 mots et CV) sont à adresser aux deux organisateurs :

  • Philippe Chassaigne, chassaigne@u-bordeaux-montaigne.fr
  • Caroline Le Mao, carolinelemao@yahoo.com

avant le 30 juin 2022.

L’accord sera transmis le 15 septembre au plus tard.

Langues du colloque : français, anglais.

Les organisateurs prendront à leur charge les frais d’hébergement, de restauration, voire une partie des frais de transport, mais les participants sont encouragés à solliciter un financement auprès de leurs laboratoires.

Conseil scientifique

  • Florence Bourillon, Professeur émérite d’histoire contemporaine, U. Paris Est Créteil.
  • Philippe Chassaigne, Professeur d’histoire contemporaine, U. Bordeaux-Montaigne.
  • Adèle Delaporte, doctorante sous contrat doctoral en histoire moderne, U. Bordeaux-Montaigne.
  • Michel Figeac, Professeur d’histoire moderne, U. Bordeaux-Montaigne.
  • Caroline Le Mao, Maître de conférences habilitée d’histoire moderne, U. Bordeaux-Montaigne.
  • Charles-François Mathis, Professeur d’histoire contemporaine, U. Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
  • Thibaut Tellier, Professeur d’histoire contemporaine, IEP de Rennes.

Références

[1] Morton and Lucia White, The intellectual versus the city: From Thomas Jefferson to Frank Lloyd Wright, Cambridge, Harvard University Press and MIT Press, 1962.

[2] Bergmann Klaus, Agrarromantik und Grossstadtfeindschaft, Meisenheim am Glan, Verlag Anton Hain, 1970.

[3] Anna Trêves, « La politique anti-urbaine fasciste et un siècle de résistance contre l’urbanisation en Italie », L’espace géographique, t. X, 1981, p. 115-124 ; Ricardo Mariani, Fascismo e « citta nuove », Milan, Feltrinelli, 1976.

[4] Anton King, « Historical patterns of reactions to urbanisme: the case of Britain, 1880-1939 », International Journal of Urban and Regional Research, 1980, p. 453-467.

[5] https ://serval.unil.ch/resource/serval:BIB_05BBD2FFD461.S001/REF

[6] Joëlle Salomon Cavin, Bernard Marchand (dir.), Antiurbain. Origines et conséquences de l’urbaphobie, Lausanne, PPUR, 2010. La mise au point historiographique est empruntée à Joëlle Salomon Cavin. Une prospection complémentaire sur les sites Cairn et Persée a montré un nombre limité de publications relatives à l’urbaphobie.

[7] Bernard Marchand, Les Ennemis de Paris. La haine de la grande ville des Lumières à nos jours, Rennes, PUR, 2009.

[8] À ce sujet, par exemple, voir Sebastian Roché, Le Frisson de l’émeute. Violences urbaines et banlieues, Paris, Seuil, 2006.

Lugares

  • Domaine universitaire
    Pessac, Francia (33600)

Formato del evento

Evento en presencial


Fecha(s)

  • jueves 30 de junio de 2022

Palabras claves

  • peur, ville, urbaphobie

Contactos

  • Philippe Chassaigne
    courriel : philippe [dot] chassaigne [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr
  • Caroline Le Mao
    courriel : Caroline [dot] Le-Mao [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr

URLs de referencia

Fuente de la información

  • Philippe Chassaigne
    courriel : philippe [dot] chassaigne [at] u-bordeaux-montaigne [dot] fr

Licencia

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Para citar este anuncio

« Urbaphobies (XVI-XXIe siècle) », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el viernes 11 de marzo de 2022, https://doi.org/10.58079/18cg

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