HomeFemmes, dominations, violences, institutions
Femmes, dominations, violences, institutions
Écrire, représenter, témoigner de son parcours universitaire et identitaire
Published on Thursday, March 17, 2022
Summary
Cette journée d’étude souhaite proposer aux doctorantes un espace de productions écrites, orales et d’expressions performatives autour des violences, rapports de force et/ou de dominations, tabous rencontrés tout au long de leur parcours au sein de l’université.
Announcement
Présentation
Cette journée d’études souhaite proposer aux doctorantes un espace de productions écrites, orales et d’expressions performatives autour des violences, rapports de force et/ou de dominations, tabous rencontrés tout au long de leur parcours au sein de l’université. Elle contribuera ainsi à approfondir un champ de recherche autour des violences faites aux femmes mené au sein du Laboratoire caribéen de sciences sociales (LC2S, CNRS, UMR8053) notamment mais non exclusivement, par un certain nombre de chercheur·e·s tels que Nadine Lefaucheur, Joëlle Kabile, Roger Cantacuzène, Stéphanie Mulot.
Enfin, il s’agira de créer un espace safe de réflexivité et d’échange, d’une part en veillant à ce que les dominations décrites par les participantes ne soient pas reproduites au sein de la journée et, d’autre part, en instautant des modalités de participation qui favorisent l’expression des femmes dans toutes ses dimensions dans un climat bienveillant et sororal.
Historique du projet
Cette journée d’études a pour origine deux séminaires de recherche-création de soi mis en place au sein du Laboratoire caribéen de sciences sociales (LC2S, CNRS, UMR 8053) en 2021 et 2022. Ces deux séminaires ont amené les doctorantes à investiguer des modes d’approche réflexifs, interactifs, créatifs de la recherche, de leur rapport à la production scientifique, à l’enseignement et à la relation aux autres chercheur·e·s, et à découvrir ce qu’une « recherche incarnée et située » pouvait apporter à leurs travaux comme à leur part intime. Ces projets se sont ainsi peu à peu constitués en véritable régulateur des rapports de force ordinaire dont les étudiantes ont pu témoigner tout au long des séances, notamment grâce aux bienfaits de cette pédagogie horizontale conçue comme « une pratique de désarmement » (Ingold, 2018), qui « nous rend vulnérables et non puissants, [valorisant en parallèle] la vérité et la sagesse plus que les connaissances ». Les résultats en seront publiés dans un dossier spécial de La revue juridique du bonheur, à paraître en 2022. Dans ce dossier intitulé « Recherche-création de soi : Bien-être des doctorant·e·s et intelligence créative », co-dirigé par Karine Bénac, Lise Gillot et Morgane Le Guyader, les contributrices ont mis l’accent sur leur sentiment de précarité, de vulnérabilité, d’invisibilité et sur leur sentiment fréquent de manquer de légitimité.
Parallèlement, la production de travaux tels que l’écriture d’une autobiographie, a aidé les doctorantes à témoigner de leur expérience en proposant un retour réflexif sur leur carrière (Hughes, 1996) institutionnelle. Des performances ont également été pensées pour accompagner les processus de témoignage par le corps et la mise en mouvement de soi (Gosselin, Le Coguiec, 2006). Très récemment, une proposition de communication a été adressée par les participant·e·s de ce projet aux organisateurs·trices d’un colloque intitulé « Violences ordinaires dans les organisations académiques », qui l’ont acceptée. Dans le sillage de ces séminaires, la journée d’étude s'inscrit donc dans une démarche inter/transdisciplinaire et performative.
Argumentaire
Tout au long de leur parcours, les doctorantes vivent des violences institutionnelles ordinaires (Combes, 2022). Plus nombreuses dans les filières Lettres et Sciences Humaines, elles subissent davantage la précarisation du statut de doctorant·e et abandonnent plus souvent leur thèse (Serre, 2015) que les doctorants. Elles sont davantage stressées (Gérard, Nagels, 2017) et sont plus victimes de harcèlement que leurs homologues masculins (CLASCHES, 2019). Elles rencontrent également des violences épistémologiques : les études féministes et décoloniales subissent des attaques en règle, aussi bien contre les cadres théoriques mobilisés, que contre les chercheur·e·s qui les développent (Eched et Ndengue, 2019). Au nom du mythe de la l’objectivité et de la neutralité des sciences et des scientifiques, les approches qui questionnent l’ordre genré et racialisé sont structurellement dévalorisées et réappropriées (Haraway, 1988).
La journée d’études vise ainsi à décrire les dominations et les violences ordinaires en milieu institutionnel, à étudier les ressorts institutionnels de domination et leurs formes de légitimation, les stratégies d’invisibilisation déployées par les acteur·rice·s - qu’il·elle·s soient dominant·e·s ou dominé·e·s - et leurs effets tant sur les individus que sur les collectifs. Ces travaux placent la focale à l’intersection des problématiques des rapports sociaux de sexe, classe et « race » qui restent largement impensés au sein de l’université française comme au sein d’autres institutions. Cette problématique mérité un intérêt particulier dans le creuset historique et culturel des outre-mers pour interroger les éventuels « régimes genrés » propres à certaines institutions (Connell, 1987) dans l’ordre genré qui caractérise nos sociétés. Cette journée d’études offre, comme deuxième axe de réflexion, celui des modalités de résistance développées par les actrices en prise avec des milieux institutionnels oppressifs. Un dernier axe de réflexion est celui, cette fois, de l’action collective. Comment, à partir des expériences individuelles, penser le changement organisationnel pour façonner des institutions plus inclusives et plus justes ?
Modalités de soumission
Les doctorantEs qui s’identifient femmes sont invitées à communiquer depuis leur propre point de vue situé et leurs appartenances multiples.
Les productions pourront se faire sous forme écrites, orales et/ou performatives.
Le public sera en mixité de genre.
Les communications doivent être envoyées à l’adresse communication : maac2022@gmail.com
au plus tard le 15 avril 2022.
Chaque proposition, scientifique ou performative, devra comprendre un titre (255 caractères espaces compris), un résumé (2000 caractères espaces compris), des mots clés (5 maximum) et une courte biobibliographie (5 références maximum).
La journée d'étude se tiendra les 18 et 19 mai 2022 à l'université des Antilles, pôle Martinique.
Comité d'organisation
- Lise Gillot (LC2S-FRACA, Université des Antilles)
- Morgane Le Guyader (LC2S-FRACA, Université des Antilles)
- Luisa Zanini-Vargas (LC2S-FRACA, Université des Antilles)
- Céline Baladine (LC2S-CAGI, Université des Antilles)
Comité scientifique
- Karine Bénac (MCF-HDR littérature française et arts du spectacle, Université des Antilles)
- Christine Chivallon (Directrice de recherche CNRS-HDR en anthropologie, Université des Antilles)
- Carine David (Professeure de droit public-HDR, Université des Antilles)
- Joëlle Kabile (Docteure en science politique, Université des Antilles)
- Hélène Marquié (Professeure en arts et Études de genre, Université de Paris 8)
- Magali Nachtergael (Professeure en littérature française XXe‑XXI, théories et arts visuels, Université de Bordeaux-Montaigne)
- Michel Tondellier (MCF en sociologie, Université des Antilles)
- Myriam Suchet (MCF en langues et littératures françaises et francophones, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3-IUF)
- Emily Sahakian (Université de Géorgie)
Bibliographie
Belinga M-E., Eched Y., Ndengue R., (2019). « Les féministes des marges peuvent-elles parler ? Retour sur un « échec » académique et ses implications épistémologiques et politiques », Genre, sexualité & société [En ligne], 22.
Boutet D., (2018). « La création de soi par soi dans la recherche-création : comment la réflexivité augmente la conscience et l’expérience de soi », in Jason Luckerhoff, François Guillemette et François Labelle (dir.), Approches inductives : La place de la mobilisation des résultats de la recherche dans les approches inductives, vol. 5, N. 1.
Clasches (Collectif de Lutte Anti-Sexiste Contre le Harcèlement Sexuel dans l’Enseignement Supérieur), (2019). « Retourner l’arme du droit. Contre le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur et la recherche », Travail, genre et sociétés, vol. 42, N. 2, pp. 191-194.
Combes A. B., (2022). Comment l’université broie les jeunes chercheurs : Précarité, harcèlement, loi du silence, Paris, Autrement.
Connell R. W., (1987). Gender & Power, Cambridge, Polity press.
Hughes E.C., (1996). Le regard sociologique. Essais choisis (J.M Chapoulie, Trans. 1971 ed.), Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Delvaux M., Lebrun V., Pelletier L. (dir.), (2015). Sexe, amour et pouvoir. Il était une fois... à l’université, Montréal, Les éditions du remue-ménage.
Gerard L., Nagels M., (2017). « Niveau de stress perçu par les doctorants et stratégies de coping dysfonctionnelles », Recherches en éducation, 29, pp. 134-148.
Haraway D., (1988), « Situated knowledges. The Science question in Feminism and the privilege of partial perspective », Feminist studies, 14, p. 575-599.
Mosconi N., (1994). Femmes et savoir. La société, l’école et la division sexuelle des savoirs, Paris, L’Harmattan.
Serre D., (2015). « Être doctorant·e. Socialisations, contextes, trajectoires », Socio-logos.
Suchet M., (2016). Indiscipline, Montréal, Nota Bene Éditions.
Suchet M., (2016). « De la recherche comme création permanente », Revue des sciences sociales, N. 56, pp. 14-21.
Subjects
- Political studies (Main subject)
- Society > Political studies > Political science
- Mind and language > Epistemology and methodology > Research and researchers
- Society > Sociology > Gender studies
- Mind and language > Representation > History of art
- Mind and language > Representation > Visual studies
- Mind and language > Epistemology and methodology > Epistemology
- Mind and language > Representation > Cultural identities
Places
- LC2S, UMR CNRS 8053, Faculté de droit et d'économie, B.P 7209
Schœlcher, Martinique (97233)
Event format
Full on-site event
Date(s)
- Friday, April 15, 2022
Attached files
Keywords
- violence, académique, femme, doctorante, recherche-création, domination, université
Contact(s)
- Lise Gillot
courriel : communication [dot] maac2022 [at] gmail [dot] com - Morgane Le Guyager
courriel : communication [dot] maac2022 [at] gmail [dot] com
Information source
- Lise Gillot Morgane Le Guyader
courriel : communication [dot] maac2022 [at] gmail [dot] com
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Femmes, dominations, violences, institutions », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, March 17, 2022, https://calenda.org/976699