AccueilConflits de mémoire, enseignement de l’histoire et forme de l’État au Cameroun
Conflits de mémoire, enseignement de l’histoire et forme de l’État au Cameroun
Conflicts of memories, teaching of history and the form of the state in Cameroon Memories
Constructions mémorielles dans le Cameroun postcolonial
Constructions in Postcolonial Cameroon
Publié le lundi 14 mars 2022
Résumé
Dans le but de promouvoir les travaux en sciences sociales de chercheurs africains, le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA) a sélectionné en 2018, le projet de recherche formulé par le groupe de travail « Conflits de mémoire, enseignement de l’Histoire et forme de l’État du Cameroun ». Ce groupe s’est intéressé aux confrontations entre les narrations officielles de l’histoire nationale et les remémorations communautaires de certains aspects du passé du Cameroun ainsi que la manière dont elles affectent la transmission de la mémoire collective. Dans le prolongement de cette réflexion, le présent projet appelle les candidatures de chercheurs africains en général et camerounais en particulier, à l’occasion des journées d’études prévues en novembre 2022 à Douala au Cameroun. Le but poursuivi par ces journées est de confronter, à partir de quatre axes d’analyse, les regards des universitaires de différentes générations et spécialités sur la problématique de la construction mémorielle dans une société camerounaise post coloniale.
Annonce
Argumentaire
Dans le but de promouvoir les travaux en sciences sociales de chercheurs africains, le CODESRIA, à travers l’Initiative de Recherche pour la Construction de Sens (MRI) qui est son principal outil d’appui à la recherche, a sélectionné en 2018, le projet formulé par un groupe de travail constitué de chercheurs camerounais locaux et de la diaspora sur le thème : « Conflits de mémoire, enseignement de l’histoire et forme de l’État au Cameroun ».
Cette étude s’est intéressée aux confrontations entre les narrations officielles de l’histoire nationale et les remémorations communautaires de certains aspects du passé du Cameroun ainsi que la manière dont elles affectent la transmission de la mémoire collective. Dans cette perspective, l’école a été appréhendée comme le lieu de construction et de diffusion des mémoires divergentes par l’existence de versions contrastées, parfois contradictoires, du processus ayant donné naissance à la forme actuelle de l’État du Cameroun et à l’origine du conflit opposant, depuis 2016, les groupes séparatistes ou sécessionnistes des régions Nord-Ouest et Sud-Ouest aux forces militaires gouvernementales.
De tels enjeux de mémoires, articulées à des problématiques citoyennes d’envergure, sont loin d’être une exception camerounaise. De fait, en raison de processus historiques partagés, (traite négrière, colonisation), nombre de requêtes mémorielles formulées dans d’autres contextes africains révèlent des préoccupations analogues. Ainsi, dans une tentative de reprise en main de l’initiative du discours sur leur passé longtemps occulté et fantasmé dans les récits exogènes, les mémoires ayant surgi de l’Afrique ou de l’espace noir se sont principalement soucié de corriger les distorsions, de dénoncer les amnésies, de clarifier des omissions dont sont émaillées les narrations coloniales de leur passé. (E. Bertho, C. van den Avenne, C. Mazauric 2019).
A ces opérations pionnières de constructions mémorielles concernant l’Afrique ont succédé, au lendemain de la décolonisation, « des écritures africaines de soi ». (A. Mbembe 2007). En effet, dans leur majorité, les États africains post coloniaux, à l’instar des administrations coloniales qu’ils ont remplacées, se sont préoccupés de garder une emprise sur le souvenir. (A. Mbembe 1986 ; 2000). Reproduisant les procédures coloniales de contrôle de la mémoire collective, certains états ont mis en place des politiques de censure et d’amnésie collective (A. Mbembe 2010) ; ils ont imposé des récits historiques reconstruits, en vue de la maîtrise des représentations et usages de la mémoire de leurs populations. (Dima de Clerk 2014).
Dans d’autres espaces, dénonçant des procédures de falsification dans les narrations coloniales du passé, des omissions et surtout des occultations, des états ont fait émerger une contre mémoire coloniale dépeignant un souvenir de l’altérité occidentale oppressive, abusive et brutale (J. Ki-Zerbo 1978). De telles mémoires entreprennent également de remplacer la mémoire du vaincu que leur a assignée l’historiographie dominante par la réactivation de haut faits et gloires d’antan. (B. Diop 1947 ; C. A. Diop 1954). En ce qu’elle était une mémoire de la défense d’une humanité niée, un geste de reconquête de la capacité perdue de se souvenir, la contre mémoire coloniale fut une mémoire de la résistance (R. Um Nyobé ; A. Mbembe 2004). En tant que telle, elle servit de ferment aux idéologies nationalistes qui ont puisé dans ses narrations les arguments théoriques de la dénonciation de la domination coloniale, et plus tard, ceux de la critique du système néolibéral.
Ainsi qu’on le voit, l’État post-colonial, soit qu’il la sublime ou qu’il la réprouve, constitue le repère à partir duquel peuvent et doivent s’analyser les constructions mémorielles à l’œuvre sur le continent africain, et notamment, sur le Cameroun. Aussi, le thème choisi pour encadrer les journées d’études s’intitule-t-il : « Constructions mémorielles dans le Cameroun postcolonial ». Le but poursuivi par ces journées est de confronter, à partir de quatre axes précis, les regards d’universitaires de différentes générations et spécialités sur la problématique de la construction mémorielle dans une société camerounaise post coloniale.
Axes théamatiques
Axe 1. Constructions mémorielles au Cameroun : entre élaboration étatique et productions communautaires
Au Cameroun, comme dans nombres d’États en Afrique, les narrations officielles du passé se trouvent de plus en plus confrontées aux remémorations communautaires. Ces sursauts mémoriels des populations ont souvent pris diverses formes et mobilisé une variété de supports. Ainsi, la musique, l’art, la littérature, le cinéma, le théâtre, les médias se sont transformés en lieux de réactivation de souvenirs et de déconstruction du « roman national ».
Dans des contextes politiques africains postcoloniaux souvent marqués par la censure étatique et l’amnésie artificielle, les élaborations de mémoires parallèles, voire contradictoires, se sont avérées fondamentales pour extraire de l’oubli, rétablir les faits tronqués et corriger les falsifications historiques. Les organisateurs des présentes journées encouragent les participants à explorer de tels processus alternatifs de constructions mémorielles.
Axe 2. La mémoire par les symboles
Ainsi que cela a été souligné plus haut, la question mémorielle soulève la problématique des reprises endogènes des initiatives du souvenir sur soi. Il convient d’ajouter à cela que très souvent, ces narrations de soi entrent en tension avec les politiques de mémoire mises en place par les États. En effet, dans les espaces où la capacité à se souvenir a souvent été occultée, le travail de mémoire a souvent généré des confrontations, voire des conflits dont certains se sont récemment traduits par des destructions de lieux de mémoire (en Afrique du Sud, au Cameroun). A l’opposé, certains États soucieux de s’acquitter du devoir de mémoire, ont éprouvé le besoin de mettre à l’œuvre ce qu’il conviendrait d’appeler l’entrepreneuriat du souvenir : musées, lieux de pèlerinage, journées de commémoratives, festivals, etc… Le Cameroun ne déroge pas à cette pratique qu’il conviendrait de revisiter.
Axe 3. Enseignement l’histoire en temps de conflits de mémoires
Dans un contexte de conflits de mémoires, l’enseignant d’histoire est confronté à un certain nombre de défis que les contributeurs mettre exergue dans cet axe. Ces défis peuvent être liés à la sélection des sources, au traitement des thèmes litigieux, à l’interaction avec les élèves, aux contraintes institutionnelles, etc. Quelles stratégies les enseignants utilisent-ils pour relever ces défis ? Comment concilient-ils la tension entre les récits officiels et les versions communautaires ? Les contributeurs pourraient aborder les enjeux pédagogiques et politiques du choix des programmes et des manuels d’histoire. Quels sont les cadres historiques et institutionnels de ces choix ?
Axe 4. Hors axe
Cette partie regroupe les propositions qui, sans se retrouver dans un des axes susmentionnés, abordent les processus alternatifs de constructions mémorielles au Cameroun ou ailleurs en Afrique, et dans des sociétés postcoloniales.
Modalités de soumission
Les personnes désireuses de participer aux journées sont invitées à soumettre leur(s) résumé(s) d’une longueur de 300 mots au maximum, au plus tard le 31 mars 2022 et de manière simultanée, à l’adresse email suivante : nanlend01@yahoo.fr
Les propositions de communication, rédigées en anglais ou en français (caractère : Times New Roman et taille de police 12) devront préciser les éléments suivants : l’axe choisi, le cadre théorique de la recherche, la problématique soulevée, la méthode de travail mobilisée et les résultats obtenus.
Les candidats dont les projets auront été retenus disposeront de six mois (avril-septembre) pour faire parvenir aux organisateurs leurs propositions entièrement développées.
Les journées se tiendront en novembre 2022.
Les organisateurs des journées prendront en charge les frais de transport et d’hébergement des participants durant le déroulement des journées.
Pour toute information complémentaire, nous contacter au numéro de téléphone :
(237) 698073082 ou à l’adresse Email suivante : nanlend01@yahoo.fr
Comité d’organisation
Le Laboratoire Histoire et sciences du patrimoine (LABHISPA) de l’Université de Douala au Cameroun ;
Le Centre de Recherche sur les Dynamiques des Mondes contemporains (CERDYM) de l’Université de Douala ;
L’Université de Buea, (Cameroun).
- Ludovic Lado, Centre d’Etudes et de Formation pour le Développement (CEFOD), Ndjamena, Tchad
- Nadeige Laure Ngo Nlend, Laboratoire Histoire et Sciences du patrimoine, (LABHISPA) Université de Douala, Cameroun
- Ewane Fidelis Etah, Karlshochschule International University, Karksruhe, Germany/Regional Advisory and Coordination Cell of the European Union in the Sahel
- Eric Acha, Executive Director, Africa Policy Forum
- Ghisleine Okuomi, University of Ottawa, Canada
Comité scientifique
- Robert Kpwang Kpwang, Doyen de la FLSH, Université de Douala, Cameroun
- Ernest Messina Mvogo, Centre de Recherche sur les Dynamiques des Mondes Contemporains, (CERDYM), Douala, Cameroun
- Apisay Eveline Ayafor, Epouse Ndong, Université de Yaoundé I, Cameroun
- Anafack Lemofak Antoine Japhet, Université de Yaoundé I, Cameroun
- Moussa II, Université de Yaoudé I, (Cameroun)
- Jean-Baptiste Nzogue, Université de Douala, Cameroun
- Isidore Pascal Ndjock, Université de Douala, Cameroun
- Nadeige Laure Ngo Nlend, LABHISPA/Université de Douala, Cameroun
- Ludovic Lado, Centre d’Etudes et de Formation pour le Développement, Ndjamena, Tchad
- Ewane Etah Fidelis, Ewane Fidelis Etah, Karlshochschule International University, Karksruhe, Germany
- Ghisleine Okuomi, Université d’Ottawa, Canada
- Eric Acha, Executive Director, Africa Policy Forum
- Francis B. Nyamnjoh, University of Cape Town, South Africa
- Roland Ndile, Université de Buea, Cameroun
- Andrew Ngeh Tatat, University of Buea
- Elisabeth Ayuketang, University of Buea, Cameroun
Catégories
- Représentations (Catégorie principale)
Lieux
- Douala, Cameroun (3234)
Format de l'événement
Événement hybride sur site et en ligne
Dates
- jeudi 31 mars 2022
Fichiers attachés
Mots-clés
- construction mémorielle, histoire nationale, narrations communautaires, Cameroun post colonial, memory construction, national history, collective memory, post colonial Cameroon
Contacts
- Nadeige Laure Ngo Nlend
courriel : nanlend01 [at] yahoo [dot] fr - Ludovic Lado
courriel : ladoludo [at] yahoo [dot] fr
Source de l'information
- Nadeige Laure Ngo Nlend
courriel : nanlend01 [at] yahoo [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Conflits de mémoire, enseignement de l’histoire et forme de l’État au Cameroun », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 14 mars 2022, https://calenda.org/976934