AccueilLes écoles primaires supérieures (1833-1941)

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Publié le jeudi 17 mars 2022

Résumé

Créé par Guizot en 1833, l’enseignement primaire supérieur visait à offrir aux classes moyennes un enseignement plus approfondi que l’enseignement élémentaire et moins tourné vers les études classiques que le secondaire. Ce niveau d’enseignement a ainsi constitué un instrument de promotion sociale pour les milieux populaires et les fractions inférieures des classes moyennes, à l’écart de l’enseignement secondaire, et contribua au processus de démocratisation scolaire du XXe siècle. Cette journée d’étude vise à mieux comprendre son histoire, son évolution à s’interroger sur l’héritage laissé par les écoles primaires supérieures (EPS).

Annonce

Argumentaire

Créé par Guizot en 1833, l’enseignement primaire supérieur visait à offrir aux classes moyennes un enseignement plus approfondi que l’enseignement élémentaire et moins tourné vers les études classiques que le secondaire. Cet enseignement était dispensé dans les écoles primaires supérieures (EPS), implantées dans les villes de plus de six mille habitants, d’abord pour les garçons, puis pour les filles (1836). Il disparaît presque en 1850 avec la loi Falloux qui le passa sous silence et seulement quelques écoles subsistèrent. À partir des années 1870, une nouvelle impulsion lui fut donnée, et un cadre réglementaire était fixé en 1881 : il existait deux types d’établissements, les cours complémentaires, rattachés à des écoles primaires élémentaires et les écoles primaires supérieures, installées dans des locaux distincts de ceux des écoles élémentaires. Dans l’entre-deux-guerres, les programmes concentriques des EPS furent remplacés par des programmes progressifs (1920) puis ces établissements furent au cœur de l’expérience de « l’amalgame élargi » (1926)[0]. Il s’agissait d’une tentative de rapprochement des ordres primaire et secondaire, que poursuivit Jean Zay lorsqu’il donna, en 1938, à toutes les écoles primaires supérieures les mêmes programmes qu'à l'enseignement secondaire. Les EPS furent transformées en collèges modernes en 1941 puis en lycées au début des années 1960.

L’enseignement primaire supérieur préparait à des diplômes spécifiques (certificat puis brevet d’études primaires supérieures, brevet élémentaire, brevet supérieur, brevet commercial), qui permettaient de fournir des employés et des cadres moyens à l’administration (enseignement primaire, postes, contributions, métiers de bureau…etc). Au cursus d’enseignement général, certaines EPS ajoutèrent des sections pratiques : les métiers de techniciens et cadres moyens de l’industrie, du commerce ou de l’agriculture étaient ainsi d’autres débouchés. Un nouveau cadre réglementaire fut défini en 1892 pour les EPS à dominante professionnelle permettant la création d’écoles pratiques de commerce et d’industrie (EPCI), placées sous la tutelle du ministère du Commerce et de l’industrie (jusqu’en 1920)[1]. Ces établissements à orientation technique et professionnelle préparaient aux métiers de l’habillement, de l’hôtellerie, du bâtiment, du livre, des transports, des arts (bijouterie, orfèvrerie, gravure…etc), de secrétariat, des constructions mécaniques et électriques.

Ce niveau d’enseignement a ainsi constitué un instrument de promotion sociale pour les milieux populaires et les fractions inférieures des classes moyennes, à l’écart de l’enseignement secondaire, et contribua au processus de démocratisation scolaire du XXe siècle. Cependant, peu de recherches lui ont été consacrées.

En effet, le livre de Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie, publié en 1992 et intitulé Les collèges du peuple, constitue le seul ouvrage d’ensemble sur ce sujet[2]. Les deux auteurs privilégient une approche nationale et institutionnelle de l’histoire de l’enseignement primaire supérieur, de 1833 à 1941, démontrant méthodiquement que ce niveau d’enseignement a constitué un vecteur majeur des progrès des scolarisations prolongées sous la IIIe République[3]. Plusieurs thèses y ont consacré tout ou partie de leurs investigations, notamment à partir d’études de cas locaux. Par exemple, à partir de l’étude du développement des écoles primaires supérieures dans le département de la Somme, entre 1880 et 1914, Claude Lelièvre montre que cette offre scolaire constitue un enjeu politique et idéologique car les municipalités républicaines sont particulièrement actives pour leur création[4]. Anne Soutric a par ailleurs analysé la concurrence entre l’école publique et l’école privée à partir du développement de l’offre primaire supérieure dans la Haute-Loire, de 1881 aux années 1950[5]. Plus récemment, dans sa biographie d’Octave Gréard, Stéphanie Dauphin a montré l’œuvre déterminante de ce réformateur de l’enseignement, le primaire supérieur constituant l’un des fronts de son action dans le département de la Seine[6]. Maryse Cuvillier s’est quant à elle intéressée à l’enseignement mathématique à l’école primaire supérieure de filles d’Amiens entre 1879 à 1923[7]. D’autre part, il existe plusieurs monographies illustrées d’établissements, comme l’ouvrage de Nicole Visse consacré à l’école primaire supérieure de filles de Poitiers entre 1901 et 1941[8]. Ces deux dernières études contribuent également à l’histoire de la construction des identités féminines[9].

De nombreux domaines restent en définitive à explorer sur ce maillon important de l’enseignement encore mal connu, aussi bien au niveau local que national : l’organisation et le fonctionnement au quotidien dans les établissements publics ou privés, les acteurs, leurs parcours, leurs relations avec d’autres groupes d’acteurs (familles, administration, syndicats, pouvoirs locaux), les disciplines enseignées, la pédagogie, les sanctions des études. Cette journée d’études vise donc à mieux comprendre son histoire, son évolution à s’interroger sur l’héritage laissé par les EPS.

Quatre axes sont proposés :

  1. Politiques éducatives nationales, retour sur les moments de « rupture » : (re)créations, réformes, suppressions, transformations.
  2. Les territoires des EPS : offre scolaire, situations locales et coloniales.
  3. Les acteurs et actrices des établissements : directeurs et directrices, personnels, élèves, familles, autorités pédagogiques, associations, syndicats, collectivités locales
  4. Les conditions matérielles (constructions, équipements, financements) et l’organisation pédagogique (disciplines, contenus, diplômes, différentes sections).

Modalités de soumission

Les propositions de communication doivent être comprises entre 1000 et 1500 signes (espace compris). Elles comprendront un titre et un résumé précisant les sources mobilisées. Elles indiqueront l’un des quatre thèmes dans lequel elle s’inscrit et seront accompagnées du ou des nom(s), prénom(s), affiliation(s) scientifique(s) et institutionnelles(s) du ou des auteur(s).

Toutes les communications seront examinées anonymement par le comité scientifique. Le comité d’organisation vous adressera une réponse dans le mois qui suit cet examen.

La participation à la journée d’études sera gratuite. Les frais de transport et d’hébergement seront pris en charge pour les intervenants.

Limite d’envoi des propositions : 20 juin 2022

Adresse d’envoi : je.ecolesprimairessuperieures@gmail.com

Comité scientifique

  • Julien Cahon
  • Jean-François Condette
  • Maryse Cuvillier
  • Claude Lelièvre
  • Bruno Poucet

Comité d’organisation

  • Julien Cahon
  • Maryse Cuvillier
  • Bruno Poucet
  • Gaëlle Stéphan-Blanchard

Notes

[0]Jean-Yves Seguy, « Les classes « amalgamées » dans l’entre-deux-guerres : un moyen de réaliser l’école unique ? », Revue française de pédagogie, n°159, 2007, p. 47-58.

[1]Voir Thérèse Charmasson (dir.), Anne-Marie Lelorrain et Yannick Ripa, L’Enseignement technique de la Révolution à nos jours. Textes officiels avec introduction, notes et annexes. Tome 1. De la Révolution à 1926, Paris, Economica / INRP, 1987.

[2]Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie, Les collèges du peuple. L’enseignement primaire supérieur et le développement de la scolarisation prolongée sous la IIIe République, Paris, Éditions du CNRS / INRP, 1992. Une seconde édition a été publiée en 2012 aux Presses universitaires de Rennes.

[3]Voir également : Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie, « L’enseignement primaire supérieur des garçons en France, 1918-1942 », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 39, septembre 1981, p. 87-111 ; Jean-Pierre Briand, « L’action de l’État et des collectivités locales dans le développement de la scolarisation post-obligatoire sous la Troisième République », dans Agnès Henriot‑Van Zanten, Éric Plaisance et Régine Sirota (dir.), Les transformations du système éducatif. Acteurs et politiques, Paris, L’Haramattan, 1993, p. 297-307 ; Jean-Pierre Briand et Jean-Michel Chapoulie, « L’institution scolaire, les familles, les collectivités locales, la politique d’État : le développement de la scolarisation sous la IIIe République », Histoire de l’éducation, 1995, n° 66, p. 15-46 ; Jean-Michel Chapoulie, L’école d’État conquiert la France. Deux siècles de politique scolaire, Rennes, PUR, 2010.

[4]Claude Lelièvre, Développement et fonctionnement des enseignements post-élémentaires dans la Somme de 1850 à 1914 : mise à l’épreuve des théories relatives aux appareils idéologiques d’état concernant l’école, Université Paris Descartes, doctorat d’état en sciences de l’éducation (dir. G. Snyders), 1985.

[5]Anne Soutric, Écoles publiques-écoles privées : effets de la concurrence sur la création et le fonctionnement des écoles primaires supérieures et des cours complémentaires publics en Haute-Loire (1881-1951), Université de Picardie Jules Verne (Amiens), thèse de doctorat en sciences de l’éducation (dir. C. Carpentier), 2002.

[6]Stéphanie Dauphin, Octave Gréard, 1828-1904, Rennes, PUR, 2016.

[7]Maryse Cuvillier, Des mathématiques pour les filles ? L’exemple de l’enseignement primaire dans la Somme de 1881 à 1923, Villeneuve d’Ascq, PUS, 2019.

[8]Nicole Visse, Des filles de la République (1901-1964). De l’École primaire supérieure au collège moderne et technique de Poitiers (86), Chauvigny, Association des publications chauvinoises, 2009.

[9]Signalons une thèse en préparation : Amandine Charvet, Du primaire au secondaire : les enseignant·e·s des écoles primaires supérieures (années 1880-années 1960), Université de Paris, thèse de doctorat en sciences de l’éducation (dir. R. Rogers).

Lieux

  • Pôle Citadelle de l'Université de Picardie Jules Verne - 10 rue des Français Libres
    Amiens, France (80)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • lundi 20 juin 2022

Mots-clés

  • éducation, histoire, école primaire supérieure, démocratisation

Contacts

  • Julien Cahon
    courriel : julien [dot] cahon [at] u-picardie [dot] fr

Source de l'information

  • Julien Cahon
    courriel : julien [dot] cahon [at] u-picardie [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les écoles primaires supérieures (1833-1941) », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 17 mars 2022, https://doi.org/10.58079/18h0

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