AccueilPluridisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité

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Pluridisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité

Les enjeux de la polyvalence et de la spécialisation

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Publié le lundi 28 mars 2022

Résumé

Dans son cinquième numéro, la revue du RIRS s’arrête sur les frontières des disciplines d'un côté en tant que territoires souverains et de l'autre en tant que territoires mitoyens. En effet, si la pratique pluridisciplinaire d’autrefois était le reflet d’une curiosité travaillée en amalgame d’objets et de connaissances acquises et accumulées, elle ne permet certainement pas de combler les vides que l’on imagine entre les disciplines. Il en résulte donc la nécessité de porter un regard croisé sur le monde et de prendre en compte différentes démarches pour que la réalité puisse apparaître dans toute sa complexité et avec tous ses reliefs à la quête du sens par un « au-delà » des disciplines. Cet idéal est exprimé par l’émergence d’approches nouvelles, celles de l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité.

Annonce

Appel à contribution pour le 5e numéro de la revue du RIRS

Argumentaire

Depuis longtemps, l’approche multidisciplinaire a été familière pour le système éducatif, à l’école ou à l’université, elle a témoigné d’un découpage strict, entre les connaissances et les compétences et d’un manque de volonté identifiée de collaboration entre les disciplines. Cette pratique pluridisciplinaire d’autrefois était le reflet d’une curiosité travaillée en amalgame d’objets et de connaissances acquises et accumulées. Cette démarche ne permet certainement pas de combler les vides que l’on imagine entre les disciplines, elle sert à recueillir une série de données de différentes disciplines mais qui seront uniquement juxtaposées et resteront des informations au lieu d’être mises en tension. 

Elle a fait surgir petit à petit des problèmes parce qu’elle a découpé la complexité du monde en petits morceaux disparates et fragmentés, générant ce qu’on pourrait appeler les interstices, entre les disciplines. Il en résulte donc la nécessité de porter un regard croisé sur le monde et de prendre en compte différentes démarches pour que la réalité puisse apparaître dans toute sa complexité et avec tous ses reliefs à la quête du sens par un « au-delà » des disciplines. Cet idéal est exprimé par l’émergence d’approches nouvelles, celles de l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité. Les préoccupations interdisciplinaires datent du Moyen Age avec la création de l’université comme espace académique pour l’enseignement des savoirs disciplinaires avec tout ce qui s’ensuit comme recherche scientifique et réflexion sur le renouveau de l’université et de l’image publique de la science (Gusdorf, 1983)[1].

La genèse de l’interdisciplinarité s’étale entre deux pôles, l’un praxéologique où nous assistons à l’intégration sociale du savoir comme étant élément constitutif du pouvoir (Fidal, 1992)[2]. L’autre épistémologique, revendiqué par Bastide (1967)[3] qui le considère comme étant une préoccupation scientifique dont la visée est la dynamisation de la coopération entre chercheurs. Cette dernière développerait l’efficacité de l’activité scientifique et favoriserait ainsi le progrès des connaissances. L’intérêt pour l’interdisciplinarité naît aussi d’un besoin dans l’explication causale du développement même des sciences (Piaget, 1972)[4]. Elle est considérée aussi comme thématique permettant de faire face aux problèmes complexes de la société. Elle couvre essentiellement quatre types d’activités à savoir la recherche, l’enseignement /l’apprentissage, les pratiques professionnelles et les réflexions sur des problématiques globales.

Les types de relations d’interdisciplinarité bien qu’elles soient diverses (Heckhausen[5], 1972 ; Piaget, 1972), elles se regroupent en deux catégories à savoir l’interdisciplinarité résultant de l’inter-croisement des disciplines et celle de la hiérarchie, axée sur le degré d’intégration des interactions entre les disciplines. Cela expose, par ailleurs, l’interdisciplinarité à certains enjeux. De ce fait, il incombe à l’université de jouer un rôle dans la dynamisation de cette approche, à travers la mise en place de programmes de formation regroupant divers domaines d’enseignement afin de faire de l’apprenant un citoyen au profil épistémique doté de compétences adaptées aux mutations socio-éducatives et culturelles.

Les enjeux sont aussi intellectuels. Certes, le développement des connaissances spécialisées est nécessaire pour les avancées de la recherche disciplinaire et scientifique mais il l’est aussi essentiellement pour la résolution des problèmes aggravés par la complexité du monde et l’évolution incessante de l’humanité. L’interaction, dans ce sens, entre le savoir construit scientifiquement et les connaissances construites socialement suscite la curiosité de par la difficulté à garantir une symétrie entre les institutions qui formalisent la science et l’agora qui s’engage dans le sillage du savoir « transgressif » (Nowotny, 2003)[6].

Au XXIe siècle, le remodelage de la société actuelle qui s’était amorcée dans le dernier quart de ce siècle va de pair avec l’intérêt du capitalisme d’aujourd’hui pour la formation et la recherche. Dans ce contexte, la connaissance est analysée comme un facteur essentiel de production dans la sphère marchande actuelle et non seulement comme source de vérité. Par conséquent, la politique éducative dans l’enseignement supérieur est en faveur de la privatisation des données du savoir, de la machinisation de l’apprentissage ou du développement de l’expertise de formation des compétences. L’université au sein de ce système capitaliste actuel ne s’attend plus à ce que la science théorique des découvertes soit susceptible d’apporter le progrès via la technologie appropriée. En effet, le problème à résoudre n’est pas uniquement technologique mais aussi culturel, social, environnemental et même éthique. Ces impératifs socio-économiques ont fait émerger l’approche transdisciplinaire. Cette dernière devra trouver des solutions pratiques à des problèmes complexes en créant de nouveaux savoirs d’application en prenant compte des points de vue multiples sur la base de consensus entre producteurs de savoirs. Cette nouvelle vision est certes la plus éloignée des pratiques actuelles par rapport à la multi- ou l’interdisciplinarité mais elle se pratique le plus dans la recherche de pointe, au niveau des nouvelles technologies nécessaires au développement durable. 

Si les activités concrètes de pluridisciplinarité ou d’interdisciplinarité existent, elles nous encouragent à l’abandon des dogmatismes scientistes et des dictatures disciplinaires. Dans ce cas, il nous faut modestement revenir au mouvement revendiqué par Edgar Morin (1990)[7] « des parties au tout et du tout aux parties », qui nous permettra d’être au contact de l’autre, de retrouver les rivages disciplinaires, et d’être convaincu que la science ne pourrait tout expliquer à savoir les clés de son élucidation et les conditions de sa scientificité.

La pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité sont les trois flèches d’un seul et même arc, celui de la connaissance et de la compétence, ces démarches ne sont pas antagonistes mais bien complémentaires. Les réflexions sur ces trois approches pourraient s’inscrire dans diverses dimensions que nous évoquons ci-dessous :

Dimension (1) : Terminologique 

  • L’adoption des concepts pluridisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité serait-elle un simple jeu de mots ou reflète-elle toute une complexité autour d’une culture scientifique hiérarchique, complémentaire ou antagoniste ?

Dimension (2) : Politique 

  • En quoi les décideurs politiques pourraient-ils contribuer à la mise en place de stratégies éducatives axées sur les différentes approches disciplinaires dont la pertinence et le bien-fondé tiendraient à la pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité ?

Dimension (3) : L’éducation

  • En quoi la juxtaposition des disciplines dans le cadre de l’approche pluridisciplinaire pourrait-elle constituer un obstacle au développement de la collaboration interdisciplinaire dans les contextes éducatifs ou à le contourner ?
  • Les interstices entre les disciplines créées par la pluridisciplinarité constituent-elles un frein à la dynamisation des savoirs disciplinaires et à la résolution des problèmes liés aux faits éducatifs complexes ?
  • L’interdisciplinarité et la transdisciplinarité pourraient-elles contribuer à la satisfaction des besoins des apprenants et ceux des enseignants en termes de connaissances et compétences académiques ?
  • Dans quelles mesures le croisement des disciplines pourrait-il contribuer à la résolution des réalités éducatives complexes ?

Dimension (4) : Fonctionnement et administration universitaire

  • Quel pourrait être le rôle de l’université dans la dynamisation de la pluridisciplinarité, l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité à travers la mise en place de dispositifs conjoints de formation ?
  • Comment pourrait-on concevoir de nouveaux dispositifs d’entrechassement des enjeux résultant de la convergence des différentes orientations disciplinaires ?

Dimension (5) : La recherche scientifique

  • Quel est la place de l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité dans le développement de la recherche scientifique et les attentes des chercheurs en termes de collaboration et de coopération ?
  • Comment pourrait-on favoriser la formation de futurs chercheurs à l’interdisciplinarité par l’interdisciplinarité ?
  • Comment pourrait-on favoriser la formation de futurs chercheurs à la transdisciplinarité par la transdisciplinarité ?

 Dimension (6) : La pratique en milieu professionnel

  • Comment l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité pourraient-elles contribuer au développement des compétences professionnelles ?
  • Comment l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité pourraient-elles contribuer au développement de l’expertise des compétences professionnelles ?

Dimension (7) : Le développement social, économique, environnemental et humain

  • Quel pourrait-être l’effet de l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité sur le développement social, humain et environnemental ?
  • Comment l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité pourraient-elles contribuer à la résolution des problèmes économiques soulevés par la circulation des informations et des capitaux ?

Dimension (8) : Les technologies de l’information et de la communication

  • En quoi l’interdisciplinarité et la transdisciplinarité favorisent-elles le développement des recherches collaboratives en technologie de l’information et de la communication ?
  • Quelles contributions pourraient apporter les technologies de l’information et de la communication dans la dynamisation des recherches au profit de l’interdisciplinarité et de la transdisciplinarité ?

Modalités de contribution

Les propositions doivent être sous forme de résumés présentés suivant ces modalités :

 Les soumissions doivent se présenter sous forme de résumés en français n’excédant pas 700 mots avec 7 mots clés ; les soumissions en arabe ou en anglais doivent être doublées d’un résumé en français avec 7 mots-clés également. 

  • Les auteurs doivent s’identifier en mentionnant : leurs noms complets, leurs affiliations et leurs emails ; 
  • Elles doivent être envoyées sur l’adresse : dr.elassaadelharbaoui@gmail.com et en CC à : reseau.rirs.contact@gmail.com

 Dates importantes 

  • Lancement de l’appel : 23-03-2022

·       Dernier délai pour la réception des propositions de résumés : 08-06-2022

  • Réponses aux soumissionnaires et remise des évaluations préliminaires du comité : 15-06-2022
  • Dernier délai pour recevoir les textes intégraux : 22-06-2022
  • Remise des évaluations des textes intégraux : 01-07-2022
  • Dernier délai pour recevoir les textes intégraux définitifs : 08-07-2022
  • Publication en ligne du numéro 5 : 22-07-2022

Les modalités d’évaluation

Les propositions des soumissionnaires seront évaluées en double aveugle par un comité de lecture constitué d’enseignant-e-s chercheur-e-s publié-e-s à l’échelle nationale et internationale. Ces évaluations se feront sur la base d’une grille critériée remplie par chaque évaluateur. 

  • Les soumissions retenues doivent être développées en textes dont la longueur est comprise entre 2000 et 10000 signes (espaces compris) ; toutefois, dans le cas d’articles scientifiques présentés canoniquement suivant le plan [cadre théorique - méthodologie - résultats - discussion] la longueur seuil est fixée à 20000 signes (espaces compris) sous réserve de l’avis du comité évaluateur. 
  • Les textes intégraux des articles doivent être saisis en TimesNewRoman 12, sans interligne, justifié ; 
  • Format de page : A4, portrait ; marges 2,5 cm en bas, en haut, à droite, à gauche ; 
  • Les mots et expressions en langue étrangère doivent être saisis en italique ; 
  • Pour les références bibliographiques, les normes de l’APA seront de mise ; pour convertir ses références suivant ces normes, voici un site rapide d’accès : https://www.scribbr.fr/generateur-apa/

Coordination du numéro

  • Elassaad Elharbaoui, Université de Carthage de Tunis, Institut Supérieur des Cadres de l’Enfance, Carthage Dermech, E-mail : elassaad.elharbaoui@isce.ucar.tn
  • Sabrina Bannani, Université virtuelle de Tunis, Institut supérieur de l’éducation et la formation continue Bardo / Tunis, E-mail : sabrina.bannani@yahoo.fr

Comité de lecture

  • Pr. Abdelouahed Aïcha Université Mohammed Premier d'Oujda
  • Pr. Bahoum Samira Université Mohammed V de Rabat
  • Pr. Bannani Sabrina Université virtuelle de Tunis
  • Pr. Ben Salah Bessma Institut Supérieur des Études Technologiques de Sousse
  • Pr. Ben Taher Hafed Université de Carthage
  • Pr. Berger Dominique Université de Lyon I
  • Pr. Bouajila Ahmed Université de Carthage
  • Pr. Boudechiche Nawa lUniversité Chadli Bendjedid El Tarf
  • Pr. Bougrine Karim Université Hassan Ier de Settat
  • Pr. Chafiq Nadia Université Hassan II de Casablanca
  • Pr. Dawsser Zineddine Université virtuelle de Tunis
  • Pr. El Omari Driss Université Ibn Tofail
  • Pr. Elharbaoui Elassaad Université de Carthage
  • Pr. Fridi Adel Université de Carthage
  • Pr. Hraieri Sameh Université virtuelle de Tunis
  • Pr. Mohammed Kahkahy Université Hassan II de Casablanca
  • Pr. Kouki Rahim Université de Tunis Al Manar
  • Pr. Laaribi Rym Université de Carthage
  • Pr. Lang Jean Marc Université de Montpellier
  • Pr. Matoussi Fathi Université virtuelle de Tunis
  • Pr. Mejdoubi Sara Université Internationale de Rabat
  • Pr. Mrabet Lekmiti Farida Université de Constantine
  • Pr. Naceur Abdelmajid Université virtuelle de Tunis
  • Pr. Ntebutse Jean Gabin Université Sherbrooke
  • Pr. Rjab Abdessatar Université de Carthage

Bibliographie

[1] Gusdorf, G. (1983). « Passé, présent, avenir de : la recherche interdisciplinaire », in Unesco. Interdisciplinarité et sciences humaines, vol. 1.

[2] Fidal, V. (1992). « Quelques réflexions sur l’interdisciplinarité », in : Entre savoir, l’interdisciplinarité en acte : enjeux, obstacles, résultats. Toulouse : Erès.

[3] Bastide, R. (1967). « Approche interdisciplinaire de la maladie mentale », in Interdisciplinary research, Social Science Information, vol. 6(4).

[4] Piaget, J. (1972). « L’épistémologie des relations interdisciplinaires », in OCDE. L’interdisciplinarité problèmes d’enseignement et de recherche dans les universités.

[5] Heckhausen, H. (1972). « Discipline et interdisciplinarité », in OCDE. L’interdisciplinarité, problème d’enseignement et de recherche dans les universités.

[6] Nowotny, H. (2003). « Democratising expertise and socially robust knowledge », in : Science and Public Policy, vol. 30 (3), 2003, 151-156, https://doi.org/10.3152/147154303781780461

[7] Edgar, M. (1990). « Sur l’interdisciplinarité », in : Carrefour des sciences, Actes du Colloque du CNRS Interdisciplinarité, Paris : CNRS.

Format de l'événement

Événement uniquement en ligne


Dates

  • mercredi 08 juin 2022

Mots-clés

  • pluridisciplinarité, interdisciplinarité, transdisciplinarité, éducation, TICE, recherche, science, développement durable

Contacts

  • Hicham Jirari
    courriel : hicham [dot] jirari [at] fstm [dot] ac [dot] ma
  • Elassaad Elharbaoui
    courriel : dr [dot] elassaadelharbaoui [at] gmail [dot] com
  • Bannani Sabrina
    courriel : sabrina [dot] bannani [at] yahoo [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Hicham Jirari
    courriel : hicham [dot] jirari [at] fstm [dot] ac [dot] ma

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Pluridisciplinarité, interdisciplinarité et transdisciplinarité », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 28 mars 2022, https://doi.org/10.58079/18kq

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