HomeTechnologie et écologie : perspectives croisées, critiques et nouvelles articulations
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Published on Wednesday, April 20, 2022

Abstract

Les étudiantes et étudiants de deuxième et de troisième cycles, ainsi que les jeunes chercheures et chercheurs sont invitées et invités à soumettre un texte pour le prochain numéro thématique de COMMposite (Vol. 23, n. 1) intitulé « Technologie et écologie : perspectives croisées, critiques et nouvelles articulations ». Si la tâche d’une rencontre fructueuse entre technologie et écologie se présente aujourd’hui comme une nécessité, elle est en partie bien outillée, mais encore toute à faire. Le prochain numéro de COMMposite invite ainsi les jeunes chercheures et chercheurs à contribuer à la littérature scientifique francophone sur le rapport entre technologie et écologie dans un sens large et au moyen de méthodologies variées.

 

Announcement

Argumentaire

Les étudiantes et étudiants de 2e et de 3e cycles, ainsi que les jeunes chercheures et chercheurs sont invitées et invités à soumettre un texte pour le prochain numéro thématique de COMMposite (Vol. 23, n. 1) intitulé « Technologie et écologie : perspectives croisées, critiques et nouvelles articulations ». La revue accepte les articles originaux, les notes de recherche, les entrevues et les recensions d’ouvrages reflétant la recherche francophone en communication.

Longtemps considérée comme un simple outil au service de l’intentionnalité humaine (un simple instrument), la technologie se présente aujourd’hui comme un enjeu beaucoup plus complexe alors qu’elle s’inscrit dans une problématique écologique d’échelle globale, comme en témoignent le concept d’Anthropocène (Crutzen et Stoermer, 2000; Zalasiewicz et al., 2015; Lewis & Maslin, 2015) et ses multiples néologismes dérivés (Bonneuil et Fressoz, 2016; Moore, 2016). Or, à bien des égards nous assistons aujourd’hui à un paradoxe : si c’est par le biais du déploiement aveugle de nos productions technologiques que nous avons atteint le statut de force géologique disruptive, nous tentons aujourd’hui d’en atténuer les effets négatifs par le même « solutionnisme technologique » (Morozov, 2013; Baskin, 2015).

À la lueur des projets de géo-ingénierie, de terraformation ou de gestion automatisée des crises écologiques, l’innovation technologique semble s’imposer comme unique voie de sortie. Si pour certain.e.s cela doit mener à un découplage entre l’activité humaine et son impact écologique (Asafu-Adjaye et al., 2015), pour plusieurs cette logique apparaît contradictoire du fait de l’exploitation, la destruction et la pollution sur lesquelles elle repose (Neyrat, 2016; Crawford, 2021; Pitron, 2021), alimentant bien souvent une accélération des crises écologiques qu’il s’agit de freiner. Il apparaît ainsi pertinent de tenter de repenser le rapport entre technologie et écologie en dehors d’une perspective instrumentale qui souffre de sa propre myopie.

Certaines propositions en appellent à des bifurcations et des critiques culturelles majeures. Par exemple, le mouvement des « villes en transitions » (Hopkins, 2008) propose une approche communautaire et locale des technologies qui rappelle la notion de convivialité chez Ivan Illich (2014) et fait notamment écho au mouvement Low-Tech qui prône une orientation technologique en adéquation avec une économie réelle des ressources (Abrassart, Jarridge et Bourg, 2020). Dans cette optique, la technologie et l’écologie peuvent également se penser à travers la perspective de la décroissance (Abraham, 2019). L’écoféminisme propose pour sa part de faire le pont entre les inégalités de genres et les problématiques d’exploitation de la nature (Hache, 2016), ce qui s’étend notamment à leur inscription dans les technologies numériques contemporaines (Basset, Kember & O’Riordan, 2019). L’écologie décoloniale ouvre à la façon dont certains dispositifs sociotechniques s’inscrivent dans l’origine et la reproduction des logiques coloniales, lesquelles sont fondamentalement liées à l’exploitation et la destruction du vivant (Ferdinand, 2019).

Ces approches nous rappellent des lectures plus sociologiques de l’évolution de la technologie. Cette dernière est toujours portée par les rapports de pouvoir qui composent les dynamiques sociales (Gilles, 1978; Winner, 1980; Pinch et Bijker, 1984; Feenberg, 2014), par les représentations symboliques qui en infusent les usages (de Certeau, 1990, 1994) et par l’enchevêtrement de multiples agents humains et non humains (Akrich, Callon et Latour, 2006).

À un niveau plus épistémologique, plusieurs travaux mettent en doute le statut même des notions et concepts qui fondent l’étude de la technologie et de l’écologie. La philosophie du 20ième siècle a notamment mis à jour le statut ontologique de la technique (Heidegger, 1980; Simondon 2012; Ellul, 2012). Loin d’être un simple outil, elle possède une agentivité et cadre notre expérience du monde, et donc également notre rapport à l’environnement. Pour d’autres, elle agit plutôt comme une condition prothétique fondamentale de l’être humain, ouvrant à une perspective post-humaine qui interroge les dualismes issus de la modernité (Haraway, 2007; Braidotti. 2013; Stiegler 2018).

Le point de rupture entre l’humain et son environnement, entre les notions de nature et culture, de technique et de société se fait de plus en plus flou. Dans cet ordre d’idée, le récent courant du « nouveau matérialisme » (Latour, 2007, 2017; Bennett, 2010; Harman, 2018; Parrika, 2010) tente d’articuler cette problématique en nivelant la différence entre humains et non humains. Au sein de la pensée écologique, ces courants font notamment écho aux approches inspirées de l’écologie profonde qui partagent cette critique de l’anthropocentrisme moderne (Morton, 2019). Ces courants se heurtent toutefois à une critique relevant leur incapacité à répondre aux exigences sociopolitiques de l’Anthropocène en raison du constructivisme radical qu’ils défendent (Neyrat, 2017; Hayles, 2017; Malm, 2018; Andrejevic, 2019; Flisfeder, 2021).

Ainsi, si la tâche d’une rencontre fructueuse entre technologie et écologie se présente aujourd’hui comme une nécessité, elle est en partie bien outillée, mais encore toute à faire. Le prochain numéro de COMMposite invite ainsi les jeunes chercheures et chercheurs à contribuer à la littérature scientifique francophone sur le rapport entre technologie et écologie dans un sens large et au moyen de méthodologies variées. Parmi les thèmes encouragés, soulignons de manière non exhaustive :

  • L’analyse critique de courants théoriques actuels en lien avec la technologie ou l’écologie (post-phénoménologie, accélérationnisme, nouveau matérialisme, écoféminisme, décolonialisme, etc.).
  • La médiation de certaines technologies contemporaines (réseaux sociaux, intelligence artificielle, automatisation, cryptomonnaie, reconnaissance faciale, villes intelligentes, etc.).
  • L’analyse critique de grands projets de modernisation technologiques (géo-ingénierie, terraformation, gestion numérique automatisée, etc.).
  • Présentation de modèles alternatifs de mobilisation de la technologie dans une visée écologique (perspectives slow-tech; alternatives au GAFAM; villes en transitions; agriculture locale non mécanisée ou à mécanisation légère, etc.).
  • L’imaginaire et la rhétorique des idéologies dominantes en termes de technologies ou d’écologie.
  • Des projets citoyens liant l’utilisation ou la critique de la technologie et la sensibilisation environnementale et sociale.

Le mandat de COMMposite étant de permettre aux chercheures et chercheurs de la relève de faire l’expérience d’un premier processus de publication, seulement les étudiantes et les étudiants des cycles supérieurs (maitrise et doctorat) ainsi que les chercheures et chercheurs en début de carrière (moins de deux ans depuis la soutenance de la thèse de doctorat) sont invitées et invités à soumettre leurs textes.

Conditions de soumission

Le mandat de COMMposite est de permettre aux chercheures et chercheurs de la relève de faire l’expérience d’un premier processus de publication. Ainsi, seulement les étudiantes et les étudiants des cycles supérieurs (maitrise et doctorat) ainsi que les chercheures et chercheurs en début de carrière (moins de deux ans depuis la soutenance de la thèse de doctorat) sont invitées et invités à soumettre leurs textes.

La date limite de soumission sur le site Internet de la revue est le 31 août 2022

Les politiques éditoriales, les directives et les règles de mises en page à respecter avant soumission.

Nous invitons les personnes souhaitant proposer des articles pour Commposite à consulter le guide de féminisation et à s’y conformer.

COMMposite accepte les contributions sous forme d’articles, de notes de recherche et de notes de lecture (voir les distinctions entre chaque type de texte plus bas).

Articles

Les articles doivent comporter entre 30 000 et 40 000 caractères, espaces compris (approximativement entre 18 et 25 pages, interligne double, en Times New Roman 12 points, avec sauts de lignes entre les paragraphes).

Les articles peuvent emprunter différents styles, mais doivent répondre aux critères d’un texte scientifique, par exemple : poser clairement la problématique abordée ; situer le texte par rapport à la littérature ; présenter une définition adéquate des concepts mobilisés et, dans le cas de résultats de recherche, la méthodologie utilisée ; et proposer une discussion qui souligne la contribution du texte au développement des connaissances.

Notes de recherche

Les notes de recherche doivent comporter entre 20 000 et 30 000 caractères, espaces compris (soit approximativement entre 12 et 18 pages, interligne double, en Times New Roman 12 points, avec sauts de lignes entre les paragraphes).

Les notes de recherche sont des textes plus courts que les articles et présentent des travaux en cours. En ce sens, les notes doivent notamment : présenter l’objet de recherche, préciser la méthodologie utilisée (ou, par exemple, proposer une réflexion sur les différentes avenues méthodologiques envisageables), donner un aperçu des démarches en cours et, le cas échéant, des résultats attendus.

Notes de lecture

Les auteur.es qui souhaitent soumettre une note de lecture doivent s’adresser au comité éditorial afin d’obtenir la liste des titres suggérer et/ou de faire valider leur choix d’ouvrage. À moins d’un accord préalable de l’équipe de rédaction, les ouvrages doivent avoir été publiés dans l’année précédant la soumission.

Les notes de lecture doivent compter entre 10 000 et 20 000 caractères, espaces compris (soit approximativement entre 6 et 12 pages, interligne double, en Times New Roman 12 points, avec sauts de lignes entre les paragraphes).

Les notes de lecture font la recension et/ou la critique d’un ouvrage en donnant un aperçu des thèses et des principaux arguments qui y sont présentés et en soulignant, par exemple, les forces et les limites de l’ouvrage ou en ouvrant des pistes de réflexion à partir de ses principales conclusions.

Evaluation

Les textes soumis font l’objet d’une évaluation en double aveugle, effectuée par deux lecteurs ou lectrices externes en lien avec un.e membre de l’équipe éditoriale.

COMMposite évalue les textes qui lui sont soumis principalement en fonction de

  • la pertinence du sujet par rapport aux objectifs de la revue ;
  • la rigueur de l’argumentation ;
  • la clarté d’expression et le style d’écriture ;
  • la contribution à l’avancement des connaissances ;
  • le respect des normes bibliographiques et de présentation de la revue.

Coordination du numéro

  • Samuel Lamoureux, doctorant en communication à l’UQAM
  • Jacob Boivin, doctorant en communication à l’UQAM

Bibliographie

Abraham, Y-M. (2019). Guérrir du mal de l’infini : Produire moins partager plus, décider ensemble, Montréal : Écosociété.

Abrassart, C., Jarridge, F. et Bourg, D. (2020). Introduction : Low-Tech et enjeux écologiques – quels potentiels pour affronter les crises?, La Pensée écologique, vol. 5, no.1.

Andrejevic, M. (2019). Automated media, London : Routledge.

Akrich, M., Callon, M. et Latour, B. (2006). Sociologie de la traduction. Textes fondateurs, Paris : Presses des Mines.

Basset, C., Kember, S. & O’Riordan, K. (2020). Furious. Technological Feminism and Digital Futures, London: Pluto Press.

Baskin, J. (2015). Paradigm dressed as an epoch : The ideology of the Anthropocene, Environmental Values, 24(1), p.9-29.

Bennet, J. (2010). Vibrant matter : A political ecology of things, Durham and London : Duke University Press.

Bonneuil, C. et Fressoz, J. (2016). L’évènement Anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, Paris : Seuil.

de Certeau, M. (1990). L’invention du quotidien T.1. Arts de faire, Paris : Gallimard.

de Certeau, M. (1994). L’invention du quotidien T. 2. Habiter, cuisiner, Paris : Gallimard.

Crawford, K. (2021). Atlas of AI, New Haven : Yale University Press.

Crutzen, P. J. & Stoermer, E. F. (2000). « The Anthropocene », Global Change Newsletter, 41, 17-18.

Ellul, J. (2012). Le système technicien, Paris : Cherche-Midi.

Feenberg, A. (2014). Pour une théorie critique de la technique, Montréal : Lux.

Ferdinand, M. (2019). Une écologie décoloniale, Paris : Seuil.

Flisfeder, M. (2021). Algorithmic desire : Toward a new structuralist theory of social media, Evanston : Northwestern University Press

Gille, B. (1978). Histoire des techniques, Paris : Gallimard.

Haraway, D. J. (2007) Manifeste cyborg et autres essais : sciences, fictions, féminismes, Paris : Exils.

Haraway, D. J. (2016). Staying with the trouble : Making kin in the Chthulucene, Durham : Duke Univeristy Press.

Harman, G. (2018). Object-oriented ontology. A new theory of everything, London : Pelican Books.

Hayles, N. K. (2017). Untought : The power of the cognitive nonconscious, Chicago: Chicago University Press.

Heidegger, M. (1980). Essais et conférences, Paris : Gallimard.

Hopkins, R. (2010). Manuel de transition : De la dépendance au pétrole à la résilience locale, Montréal : Écosociété.

Idhe, D. (1998). Philosophy of technology : An introduction, London : Paragon House.

Illich, I. (2014). La convivialité, Paris : Seuil.

Latour, B. (2007). Changer de société, refaire de la sociologie, Paris : Gallimard.

Lewis, S. L. & Maslin, M.A. (2015). Defining the Anthropocene, Nature, 519 (7542), 171-180.

Malm, A. (2018). The progress of this storm : Nature and society in a warming world, London : Verso.

Moore, J. W. (ed) (2016). Anthropocene or Capitalocene? Nature, history, and the crisis of capitalism, Oakland : PM Press.

Morozov, E. (2013). Pour tout résoudre, cliquez ici : l’aberration du solutionnisme technologique, Limoges : FYP.

Morton T. (2019). La pensée écologique, Paris : Zulma.

Neyrat, F. (2016). La part inconstructible de la terre. Critique du géo-constructivisme, Paris : Seuil.

Parikka, J. (2010). Insect media. An archeology of animal and technology, Minneapolis : University of Minnesota Press.

Pinch, T. J. & Bijker, W. (1984). The social construction of facts and artefacts : or how the sociology of science and the sociology of technology might benefit each other, Social Studies of Science, 14, 399-441.

Pitron, G. (2021). L’enfer numérique : Voyage au bout d’un like, Paris : Les liens qui libèrent.

Simondon, G. (2012). Du mode d’existence des objets techniques, Paris : Aubier.

Stiegler, B. (2018). La technique et le temps, Paris : Fayard.

Verbeek, P.P. (2004). What things do : Philosophicals reflections on technology, agency, and design, University Park : Penn State University Press.

Winner, L. (1980). Do artefacts have politics?, Daedalus, 109(1), 121-136.

Zalasiewicz et al. (2015). When did the Anthropocene being? A mid-twentieth century boundary level is stratigraphically optimal, Quaternary International, 383, 196-203.


Date(s)

  • Wednesday, August 31, 2022

Keywords

  • technologie, écologie, Anthropocène, décroissance, écoféminisme, environnement, transition écologique.

Contact(s)

  • Samuel Lamoureux
    courriel : samuel [dot] lamoureux [at] teluq [dot] ca

Reference Urls

Information source

  • Samuel Lamoureux
    courriel : samuel [dot] lamoureux [at] teluq [dot] ca

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Technologie et écologie : perspectives croisées, critiques et nouvelles articulations », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, April 20, 2022, https://doi.org/10.58079/18pk

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