AccueilÉtats d’alerte. Responsabilité sociale et bouleversements écologiques

AccueilÉtats d’alerte. Responsabilité sociale et bouleversements écologiques

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Publié le mercredi 04 mai 2022

Résumé

Si les enjeux écologiques sont plus que jamais pressants, leur problématisation politique peine toujours à émerger. Discours et esthétique ont fait naître un imaginaire écologique dépolitisé. Cette journée d’étude interdisciplinaire jeune recherche et création s’interrogera sur la manière dont les arts mobilisent leurs méthodes et moyens pour donner à voir vies humaines et santé des écosystèmes entremêlées et comment ils contribuent à une problématisation de la justice environnementale. L’attention sera également portée sur les contextes de production, de diffusion et de réception, mais aussi sur la critique, littéraire ou artistique, et la manière dont ils peuvent influer sur la dimension politique des œuvres.

Annonce

Présentation

Si les enjeux écologiques sont plus que jamais pressants – chaque année apportant son lot d’évènements climatiques tragiquement spectaculaires et de limites écosystémiques atteintes–, leur problématisation politique peine toujours à émerger. Discours et esthétique ont fait naître un imaginaire écologique dépolitisé. Que ce soit dans la présentation médiatique des changements climatiques (Comby : 2015;Bonneuil et Fressoz : 2013) ou dans la problématisation de la notion d’Anthropocène et sa représentation dans les arts (De Jouvancourt, Bonneuil : 2014, Hyvrier : 2021), les atteintes à la biodiversité furent souvent données à voir comme étant de la responsabilité d’entités vagues telles que «le secteur automobile», «le secteur industriel», si ce n’est de «l’humanité». La volonté de constituer une « éthique universelle» en mobilisant la crainte d’une future catastrophe globale épuise sa capacité à faire réagir (Jeudy : 1990) et tient peu compte des singularités locales. Par ailleurs, il existe un réel problème quant à la médiatisation des victimes humaines de ces at-teintes, n’étant que récemment incluses dans les conséquences des bouleversements écologiques, tandis que les lanceur.s.e.s d’alerte sont régulièrement pris.e.s pour cibles et voient parfois jusqu’à leur vie menacée.

Le vague entretenu dans la sphère médiatique comme artistique au sujet des principaux responsables, des causes, des conséquences et des victimes humaines comme non-humaines, a placé dans un imaginaire commun l’écologie com-me un ensemble d’enjeux davantage individuels et moraux que sociaux. Cette orientation du débat rendait dès lors peu évidente la question de l’intervention et de la régulation politique (réparation, légifération...). Face à ce constat, une part des humanités environnementales ou des arts contemporains tend pourtant à donner à voir les problé-matiques écologiques comme étant systématiquement liées à des enjeux sociaux (Fressoz : 2012 ; Frazier : 2011). Nombre d’entre eux pointent l’ignorance délibérée devant les alertes données par les travailleur.se.s, artistes, scientifiques, représentant.e.s politiques qui aurait permis aux pollutions industrielles d’échapper au cadre juridique. Le travail documentaire d’Elisabeth Leuvrey sur les essais nucléaires français en Algérie (At(h)ome, 2013), d’installation de Sammy Baloji ou de Thu-Van Tran, autour des matières premières issues du Congo ou du Vietnam colonisé (Sans titre, 2018 ; The Red Rubber#2, 2017) ou littéraire d’Helon Habila à propos des conséquences humaines de l’industrie pétrolière au Niger (Du pétrole sur l’eau, 2014) dessinent quant à eux l’arrière-plan colonial de telles entreprises. De la sorte, ils et elles retracent les dynamiques de domination ayant permis aux industries d’extraire et transformer des ressources sans être inquiétées des conséquences de leurs procédés sur les humains ni les écosystèmes. C’est également la neutralité politique du choix de certaines techniques de production qui est remise en question par les écrits d’Armel Campagne, démontrant comment certaines ont été privilégiées pour la rentabilité qu’elles apportaient à quelques un.e.s au détriment des écosystèmes et de la qualité de vie des ouvrier.ère.s en dépit d’alternatives viables (Campagne : 2018). Citons encore le travail de Razmig Keucheyan sur le racisme environnemental (Keucheyan : 2014) ou les portraits de Mathieu Asselin des habitant.e.s d’Aniston, intoxiqué.e.s par les pollutions de l’usine Monsanto (Monsanto, 2017), qui permettent d’observer la façon dont les bouleversements écologiques accélèrent le creusement des inégalités sociales.

  • Comment les arts mobilisent-ils leurs méthodes et moyens pour donner à voir vies humaines et santé des écosystèmes ainsi entremêlées ? 
  • Comment contribuent-ils ou peuvent-ils contribuer à une problématisation de la justice environnementale ? 
  • En quoi les contextes de production, de diffusion et de réception, mais aussi la critique, littéraire ou artistique, influent-ils sur la dimension politique de ces œuvres ? 

Programme

9h00-9h30 : Introduction

Saisir la catastrophe, lire les bouleversements

Modération : Jade Herbert et Florent Barthe

  • 9h30-10h00 : Katia Kurceba (Université Aix-Marseille), Le spectacle de l’effondrement au service d’un désintérêt climatique.
  • 10h-10h30 : Jean Autard (EHESS - Marseille, Centre Norbert Elias), Les ambivalences de la critique écologique des technologies dans le cinéma grand public : une approche écocritique.
  • 10h30-11h00 : Marie Bouchereau (Université Jean Monnet, UQAM), Le miroir d’un « monstre » carbone : lecture de quelques pétrofictions francophones contemporaines.

11h-11h30 Pause café

Témoigner et lutter

Modération : Marie Bouchereau et Jonathan Tichit 

  • 11h30-12h00 : Delphine Hyvrier (Université Jean Monnet, ESADSE), « Sauvages et arriéré.e.s » : communautés paysannes autarciques et architectes modernes.
  • 12h00-12h30 : Emeline Baudet (Université Sorbonne Nouvelle, THALIM), L’expression artistique des militant.e.s pour le climat : responsabilité et catastrophe.

12h30-14h30 : Pause déjeuner

Vivre avec laccident

Modération : Pierre Dumas et Noémie Cursoux

  • 14h30-15h00 : Aya Motegi (Université Paris CitéLARCA), L’Art de vivre après la catastrophe : la pensée écocritique dans Trace of Breath (2015) de Haruka Komori.
  • 15h00-15h30 : Sophie Dulau et Marie BanâtreKlima, À la recherche de l’adaptation: esquisse d’une représentation alternative de l’adaptation aux changements climatiques
  • 15h30-16h00: Jean-Sébastien Poncet (Deep Design Lab), Présentation du projet de recherche « Renouer ».
  • 16h00-16h30 : Alexandre Melay (Université de Lyon/Saint-Etienne, ENSBA), Zéro déchet. Repenser l’articulation déchets /esthétique / éthique. Une démarche d'éco-création

Comité scientifique

  • Marie Bouchereau (organisatrice), doctorante en littérature comparée (Université Jean Monnet)
  • Delphine Hyvrier (organisatrice), doctorante en arts industriels (Université Jean Monnet) 
  • Jonathan Tichit (organisateur), doctorant en esthétique et sciences de l’art (Université Jean Monnet)
  • Sara Buekens, docteure en littérature française (University of Idaho, Ghent University)
  • Alice Desquilbet, docteure en littérature et civilisation française (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle)
  • Matthieu Duperrex, MCF en Sciences Humaines et Sociales (Inama, ENSA Marseille, ESADSE)
  • Pierre Suchet, Photographe

Manifestation organisée par alt.516, association de doctorant·e·s stéphanois·e·s.

Cette journée d’étude a bénéficié du soutien de l’ED3LA, du laboratoire ECLLA, du Deep Design Lab et de l’ESADSE.

Contact

alt516@protonmail.com

Information

Elle aura lieu au sein l’exposition « À l’intérieur de la production », (Bâtiment des Forces motrices, Cité du Design, Saint-Etienne) dont le commissariat est assuré par Ernesto Oroza avec la participation des étudiant·e·s du Cycle de Recherche en Design. « À l’intérieur de la Production » est une exposition d’un nouveau genre. En accès public, elle est conçue pour accueillir des débats, faciliter l’expression des points de vue, les conversations et leur mise en forme sur la production croissante d’objets.

Lieux

  • Exposition - Cité du Design, 3 rue Javelin Pagnon
    Saint-Étienne, France (42)

Format de l'événement

Événement hybride sur site et en ligne


Dates

  • mercredi 01 juin 2022

Mots-clés

  • art, art appliqué, littérature, philosophie, écologie

Contacts

  • Association alt.516
    courriel : alt516 [at] protonmail [dot] com

URLS de référence

Source de l'information

  • Jonathan Tichit
    courriel : j [dot] tichit [at] univ-st-etienne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« États d’alerte. Responsabilité sociale et bouleversements écologiques », Journée d'étude, Calenda, Publié le mercredi 04 mai 2022, https://doi.org/10.58079/18u7

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